Homélie du 15 Août 2014 / Une homélie de JP Duplantier

  « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur »
Le plus clair de notre prière à Marie est la confiance que les enfants ont pour leur mère. Les appels lancés à Marie et les remerciements, qui sont exposés dans les innombrables chapelles qui lui sont dédiées, viennent autant des hommes que des femmes. Chez les marins, les mineurs de fond, les montagnards, aux carrefours des chemins ordinaires, au cœur des villes frappées par une épidémie ou des combats meurtriers, tous nous prions Marie lorsque nous sommes désemparés devant ce qui bouleverse notre vie, ou nous met en péril, tous nous remercions Marie pour le secours qu’elle nous a apporté. Elle est la mère de miséricorde.
Mais aujourd’hui nous ne la célébrons pas seulement pour ce qu’elle nous apporte, mais d’abord pour ce qu’elle a reçu de Dieu, pour ce que l’ange lui a dit : « sois heureuse, toi qui as la faveur de Dieu », pour la naissance de Jésus en elle, pour son assomption auprès de lui.
Lorsque Elisabeth a entendu la salutation de Marie, c’est ce qu’elle a vu. Et cela a fait bondir son enfant dans son ventre. Et l’Esprit saint a rempli le grand vide qui était en elle : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur »
Pour Elisabeth, c’est la révélation. Dans le langage de la Bible, on appelle cela l’apocalypse : une femme superbe, habillée de la lumière et de la force des étoiles ; une femme enceinte, dans le temps des douleurs, par laquelle vient Celui qui relève les hommes, Celui qui prend en main la cause des humains, le Fils bien aimé qui affronte le malheur qui sévit dans les peuples de la terre, et qui met sous ses pieds le dragon qui dévore les enfants.
L’apocalypse est devenue chez nous un mot qui désigne la catastrophe. Devant Marie, ce matin, laissons y venir la révélation heureuse. C’est elle, Marie, qui nous visite, qui nous salue. Que sa voix réveille dans nos corps la lumière que Dieu a semé en nous depuis le commencement, la vie qui attend d’émerger enfin dans notre chair malade, déformée, esclave des forces de la mort.
Personne ne sait ce que Marie a dit à Elisabeth ce matin-là. Ce qui nous est raconté, ce sont les effets de sa voix sur elle. Des effets physiques, somatiques comme on dit aujourd’hui. Elisabeth somatise, elle crie et son enfant bondit en elle. Leur joie, c’est la vie qui vient dans l’enfant et sa mère. Voilà ce que nous avons à offrir à Marie. Pour qu’elle voie, que ce qu’elle a reçue de Dieu, que ce qu’elle a porté en elle, continue à nous enfanter, à nous réveiller, à nous faire chanter comme je le faisais dans ma jeunesse avec Jean Jacques Goldmann et que je le chante encore : « enlève-moi, enlève-moi, loin de cette fatalité qui colle à ma peau. Montre-moi cette autre vie que je ne sais pas encore. »
Donne-nous Marie de nous ouvrir les yeux sur cette rébellion qui a grandi en nous, sur ce dragon qui dévore l’enfant de Dieu que nous sommes. Donne-nous de nous abandonner à ton Fils Jésus, le Christ. Qu’il sème en nous l’amour et la justice. Qu’il sème en nous son pardon et sa paix.

Voilà ce que nous t’offrons pour ta fête : la chanson, le cri que ton Fils, le Fils de Dieu, fait émerger de notre chair, encore et encore. Merci mille fois d’avoir cru à l’accomplissement des paroles qui te furent dites de la part du Seigneur »

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