Le plus
clair de notre prière à Marie est la confiance que les enfants ont pour leur
mère. Les appels lancés à Marie et les remerciements, qui sont exposés dans les
innombrables chapelles qui lui sont dédiées, viennent autant des hommes que des
femmes. Chez les marins, les mineurs de fond, les montagnards, aux carrefours
des chemins ordinaires, au cœur des villes frappées par une épidémie ou des
combats meurtriers, tous nous prions Marie lorsque nous sommes désemparés
devant ce qui bouleverse notre vie, ou nous met en péril, tous nous remercions
Marie pour le secours qu’elle nous a apporté. Elle est la mère de miséricorde.
Mais aujourd’hui
nous ne la célébrons pas seulement pour ce qu’elle nous apporte, mais d’abord pour
ce qu’elle a reçu de Dieu, pour ce que l’ange lui a dit : « sois
heureuse, toi qui as la faveur de Dieu », pour la naissance de Jésus en
elle, pour son assomption auprès de lui.
Lorsque Elisabeth a entendu la salutation de Marie, c’est ce qu’elle a
vu. Et cela a fait bondir son enfant dans son ventre. Et l’Esprit saint a
rempli le grand vide qui était en elle : « Heureuse celle qui a cru à
l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du
Seigneur »
Pour
Elisabeth, c’est la révélation. Dans le langage de la Bible, on appelle cela
l’apocalypse : une femme superbe, habillée de la lumière et de la force
des étoiles ; une femme enceinte, dans le temps des douleurs, par laquelle
vient Celui qui relève les hommes, Celui qui prend en main la cause des
humains, le Fils bien aimé qui affronte le malheur qui sévit dans les peuples
de la terre, et qui met sous ses pieds le dragon qui dévore les enfants.
L’apocalypse
est devenue chez nous un mot qui désigne la catastrophe. Devant Marie, ce
matin, laissons y venir la révélation heureuse. C’est elle, Marie, qui nous visite,
qui nous salue. Que sa voix réveille dans nos corps la lumière que Dieu a semé
en nous depuis le commencement, la vie qui attend d’émerger enfin dans notre
chair malade, déformée, esclave des forces de la mort.
Personne ne sait ce que Marie a dit à Elisabeth ce matin-là. Ce qui
nous est raconté, ce sont les effets de sa voix sur elle. Des effets physiques,
somatiques comme on dit aujourd’hui. Elisabeth somatise, elle crie et son
enfant bondit en elle. Leur joie, c’est la vie qui vient dans l’enfant et sa
mère. Voilà ce que nous avons à offrir à Marie. Pour qu’elle voie, que ce
qu’elle a reçue de Dieu, que ce qu’elle a porté en elle, continue à nous
enfanter, à nous réveiller, à nous faire chanter comme je le faisais dans ma
jeunesse avec Jean Jacques Goldmann et que je le chante encore :
« enlève-moi, enlève-moi, loin de cette fatalité qui colle à ma peau.
Montre-moi cette autre vie que je ne sais pas encore. »
Donne-nous
Marie de nous ouvrir les yeux sur cette rébellion qui a grandi en nous, sur ce
dragon qui dévore l’enfant de Dieu que nous sommes. Donne-nous de nous
abandonner à ton Fils Jésus, le Christ. Qu’il sème en nous l’amour et la
justice. Qu’il sème en nous son pardon et sa paix.
Voilà ce que
nous t’offrons pour ta fête : la chanson, le cri que ton Fils, le Fils de
Dieu, fait émerger de notre chair, encore et encore. Merci mille fois d’avoir
cru à l’accomplissement des paroles qui te furent dites de la part du
Seigneur »
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