À lui la gloire pour les siècles des siècles. / Luc 18 9-14 / Une homélie

C'est ainsi que se termine le texte de Paul. "À lui la gloire pour les siècles des siècles." Pourtant dans le début du texte, Paul semble se jeter des fleurs, "je me suis bien battu, j'ai tenu jusqu'au bout de la course, je suis resté fidèle. Je n'ai plus qu'à recevoir la récompense du vainqueur" mais la première impression s'efface peu-à-peu, Paul est certain de recevoir la récompense. Il est de ceux qui veulent manifester la Gloire du Seigneur. Il n'est pas de ceux qui étalent leurs propres gloires.
Il n'a pas non plus d'amertume envers ceux qui, au début de son ministère, étaient sceptiques de le voir partir annoncer l'Évangile dans le monde, de le voir parcourir le pourtour méditerranéen pour annoncer la venue du Royaume.
Il a rempli sa mission de baptisé grâce à la force du Seigneur. Il a échappé à de nombreuses situations périlleuses grâce à Dieu. Et dans la dernière situation, la plus difficile à passer, Paul reste dans l'Espérance, le Seigneur est avec lui, il la traversera sans danger.
La disposition dans laquelle se tient Paul, au soir de sa vie, éclaire la lecture de l'Évangile.
L'attitude de l'homme qui se dit juste est en fait à l'opposé de celle de Paul. Il commence par rendre grâce Dieu. Bien, très bien même, cette attitude est louable. Mais à l'inverse du parcours de Paul, cette bonne impression s'efface peu-à-peu. Sa prière finit par se centrer sur lui-même. Je, je, moi je, "je verse ce que moi je gagne"
Alors Dieu, tu vas bien être avec MOI. Tu ne vas pas être avec ces voleurs, ceux qui sont injustes, ceux qui sont adultères, ou encore avec ce publicain, cet homme d'affaire véreux.
L'homme qui se dit juste semble s'adresser à Dieu pour lui dire : "tu es pour moi seul et pas pour les autres" parce que tu peux voir combien je suis droit et juste. Mais comme le dit l'antienne avant l'Évangile : "Dieu ne regarde pas l'apparence, comme font les hommes : il sonde les reins et les cœurs".
Percevons-nous bien qu'un appel, plus fort que nous, nous pousse à venir rendre gloire à Dieu comme le samaritain lépreux ?
La célébration de ce dimanche à laquelle nous invite le Seigneur ne se tient pas pour notre propre satisfaction.
Le Seigneur nous rassemble aujourd'hui pour lui rendre Gloire.
Unis à lui autour de cet autel, il nous invite à venir boire à la source pour étancher notre soif du désir de le rencontrer. Mais, surtout, il veut renforcer la foi, pour nous envoyer en mission dans le monde.
Et cette mission elle commence là, aujourd'hui, dans l'église saint-Pierre.
Tout d'abord, pour remplir cette mission, la liturgie nous propose de prendre la place du publicain. Nous avons pris son attitude en chantant au début de cette messe, "Kyrie eleison". La phrase" Kyrie eleison" signifie en Grec "Seigneur, prends pitié". "Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis !"
La prière de pardon nous restaure dans notre condition d'homme pécheur qui a besoin de la force du Seigneur. Nous avons besoin du regard miséricordieux du Seigneur pour que sa Bonne Nouvelle soit annoncée en vérité et en son nom.
Nous avons besoin du pardon du Père pour nous débarrasser de ce qui nous encombre, pour nous laver de tout ce qui nous empêche de laisser percer sa lumière à travers nous.
Il est nécessaire à cette heure de déposer au pied de cet autel notre orgueil, toutes nos images de nous-même et nous laisser pénétrer de la Parole, de sa parole.
Alors, l'instant présent, nous pouvons être envoyés en mission. Nous ne sommes pas là pour nous mais pour Lui. C'est dans cette attitude que nous sommes justifiés. C'est dans cette attitude que nous sommes ajustés à Lui.
Alors, chacun d'entre nous, avec nos différences, avec nos parcours différents, avec nos histoires plus ou moins cabossées, nous sommes orientés dans la même direction, nous sommes orientés vers la lumière.
Si nous nous tournons les uns vers les autres pour le geste de paix ce n'est pas pour nous juger, les uns les autres, mais bien pour reconnaître en chacun de nous l'appel du Seigneur à prendre sa suite.
Le Seigneur nous convoque aujourd'hui pour que brille dans le monde sa lumière, pour que sa lumière brille au cœur de Gradignan. Il nous convoque pour l'annonce de sa parole au milieu de la communauté urbaine de Bordeaux. Cette lumière rejoint les autres lumières qui brillent en Gironde, en France, en Europe et dans le monde entier. Elle fait naître l'Espérance du salut dans le monde. "À lui la gloire pour les siècles des siècles."
Je bénirai le Seigneur en tout temps,
sa louange sans cesse à mes lèvres.
Je me glorifierai dans le Seigneur :
que les pauvres m'entendent et soient en fête !
AMEN !
Dominique Bourgoin.
Dimanche 27 octobre 2013 – Année A
Si 35,12-14 ; Ps 33 ; 2 Tm 4,6-8,16-18 ; Lc 18, 9-14


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