Tu es Pierre / Mt 16 13-20 / Une homélie

(...) « Qui dites-nous que je suis ? »
Simon prend la parole et affirme « Tu es le Christ, le fils du Dieu vivant ».
Cette réponse déclenche pour lui une série de transformations en cascade : il change de nom, devient Pierre, apprend que sur cette Pierre l’Église du Christ sera bâtie, reçoit la promesse des clefs du royaume et l’étrange capacité de lier et délier des choses sur la terre et dans le ciel.
Et si l’expérience de Simon-Pierre nous concernait nous aussi ?
Il me semble, qu’il peut arriver dans notre vie qu’à la question de Jésus « Qui dis-tu que je suis ? », nous nous entendions répondre « Tu es le Christ, le fils du Dieu Vivant ».
Dans la foi, il nous arrive d’affirmer :
« Oui, Seigneur, je crois intimement que tu es le Christ ».
Et bien, au moment où nous disons cela, il nous arrive peut-être exactement ce qui arrive à Simon. C’est un effet de cette profession de foi.
 
A chaque foi que ce n’est pas simplement notre chair et notre sang qui parlent mais que c’est le Père qui parle en nous, nous devenons Pierre, notre nom s’efface sous le jeu de mot, sous le jeu de langage, nous voilà Pierre et sur cette pierre se bâtie l’Église.
Prenons la mesure de ce qui nous arrive alors : quand dans l’affirmation de notre foi, nous discernons le Christ je ne suis pas certain que ça nous arrive si souvent – nous sommes soudainement fondation pour l’Église.
C’est sur chacun de nous que se bâtie l’Église !
(...)
Si l’expression de notre foi ressemble à la sienne, alors son expérience devient la notre,
alors, nous sommes Pierre, pierres de l’Église sacramentelle,
et nous recevrons les clefs du Royaume.
Posséder les clefs du Royaume, ça ne veut pas dire forcément décider qui y entre et qui n’y entre pas – là encore, méfions-nous de nos images traditionnelles qui font bêtement de saint Pierre le portier du Paradis… il n’est jamais question de ça dans l’Ecriture.
Posséder les clefs du Royaume, c’est peut-être avoir la liberté d’y entrer à tout moment,
    comme quand on a les clefs de chez soi.
C’est peut-être avoir ce qu’il faut pour le comprendre, pour l’entendre,
    comme quand on a les clefs d’une énigme….
(...)
Alors, nos voix se mêleront pour dire ensemble « Je crois »
N’ayons pas peur de dire ces mots qui nous dépassent absolument, ces mots qui nous échappent, cessons de vouloir faire parler notre chair et notre sang pour laisser parler, à travers nous, la voix du Père.
Alors nous serons « renommés » par le Christ, chacun ici s’appellera Pierre, l’Église se bâtira sur chacun de nous et nous travaillerons dés maintenant au Royaume.
 
« Seigneur, éternel est ton amour
N’arrête pas l’œuvre de tes mains »
Amen
Sylvain diacre

Tous les âges me diront bienheureuse / 15 Août / Une homélie


Visitation - Musée d'Aquitaine

Il y a comme de la joie qui sourde de cet Evangile. Comme une eau qui coule silencieuse et calme, claire et rafraîchissante au cœur de l'été. La joie envahit doucement notre cœur.

Cela est-il dû à l'annonce de deux naissances ? A l'annonce d'une bonne nouvelle ? Au rôle de Marie qui se dessine pour nous ?

L'annonce de deux naissances.

Je suis frappé chaque année par cet Evangile. Par la construction autour de la rencontre de deux femmes. Je suis un peu gêné de le commenter alors qu'une femme serait mieux placée que moi pour exprimer la joie de la maternité. Une femme dirait mieux qu'un homme ce qui se joue dans son corps. Une femme révèlerait mieux ce qui se partage entre deux femmes qui vont mettre au monde un enfant. C'est pour cela, que des voix de femmes ont proclamé aujourd'hui l'Evangile.

L'annonce de ces deux naissances est la promesse d'un avenir nouveau.

Le fils d'Elisabeth, Jean, rassemblera de grandes foules sur les rives du Jourdain pour inviter à la conversion. Il désignera Celui qui est le sauveur.

Le fils de Marie est celui qui nous rassemble aujourd'hui. Il est celui qui nous invite. Il est celui qu'on s'efforce de suivre. Il est celui qui change nos vies.

Une naissance est toujours un bouleversement. Elle change la vie des parents. Elle change la vie des frères et sœurs. Elle contribue à sa mesure à changer le monde. C'est ce qui nous réjouit à l'écoute de ce texte pour cette fête de l'assomption.

L'annonce d'une bonne nouvelle.

D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? " Qu'elle est belle la question d'Elisabeth ! D'où cela vient ce qui m'arrive ? Qu'ai-je fait pour recevoir cette joie ? Il y a quelque semaine, Agnès Mélis et moi, nous recevions une femme qui demandait le baptême. Nous lui avons demandé d'où lui venait cette idée de demander le baptême. Elle a eu une réponse équivalente à Elisabeth : "je ne sais pas d'où cela vient. Ce que je sais c'est que je veux être baptisée."

La bonne nouvelle, cela ne s'explique pas. Cela se reçoit tout simplement. Cela tressaille en nous. Il s'agit juste d'accueillir et de se réjouir du passage du Seigneur dans nos vies.

Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse." Marie exprime tout simplement ce qui lui arrive. Elle n'a pas eu le choix. Le Seigneur s'est penché sur elle. Elle n'a pas dit : "tout bien réfléchi, en ayant pesé le pour et le contre, je dis OK." Elle n'a pas dit oui. C'est un raccourci que nous faisons. Elle a seulement dit à l'ange : "Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole." Marie a été choisie, elle n'a pas choisi. Et c'est dans la discrétion que Marie va tenir son rôle.

Ce qui est arrivé à Marie c'est ce qui nous arrive quand le Christ lève les yeux sur nous. Qui peut résister ? Je sais que parfois cela résiste, mais cela finit toujours par céder. Le Seigneur est le vainqueur. Et la victoire du Seigneur nous comble de joie.

Le rôle de Marie qui se dessine.

Marie, c'est un pont, c'est l'arche d'un pont. Marie nous donne à contempler le lien qui s'établit entre le temps des prophètes et la nouvelle alliance. Entre Dieu et les hommes. Entre le ciel et la terre.

La sagesse populaire traduit bien cela.

La première lecture de la messe de la veille de l'assomption nous donne à entendre : "David rassembla tout Israël à Jérusalem pour faire monter l’arche du Seigneur jusqu’à l’emplacement préparé pour elle.  Il réunit les fils d’Aaron et les Lévites. Les Lévites transportèrent l’arche de Dieu, au moyen de barres placées sur leurs épaules. "

Nous le savons, l'arche du Seigneur est perdue. Mais ce que les hommes portent désormais avec des barres sur leurs épaules à travers la ville, ce sont des représentations de Marie. La nouvelle arche d'alliance. Ils célèbrent ainsi à leur manière le lien qui unit le ciel et la terre. A savoir le Christ. Et cela à travers celle qui l'a mis au monde pour son salut.

Marie est la servante de Dieu, dont l'image est l'arche d'un pont. Le pont c'est le Christ et l'arche c'est Marie. Voilà qui peut susciter de la joie.



Mon âme exalte le Seigneur,
    exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !
    Il s’est penché sur son humble servante ;
désormais tous les âges me diront bienheureuse.



Amen !

Dominique Bourgoin, diacre.

 

Confiance, Je suis / Mt 14 22-33 / Une homélie

(...)
En le voyant s’approcher, les disciples qui ont peiné toute la nuit contre les éléments contraires, sont terrifiés : « c’est un fantôme », en grec, « phantasma »
C’est un fantôme, c’est à dire, c’est une image.
Ce n’est pas un corps, les corps ne peuvent se tenir sur l’eau de cette manière.

Alors Jésus répond : « Confiance, c’est moi, - dans le texte : je suis - n’ayez pas peur »

Nous sommes tellement démunis devant ce que recouvre le mot « Dieu », nous avons tellement de mal à entrer dans sa présence, que nous ne cessons d’appeler notre imagination à l’aide, notre imaginaire… nos images… difficile de faire autrement.

Mais si Jésus marche sur l’eau, ce n’est pas pour faire un tour de force, pour faire le super-héros, pour montrer je ne sais quelle puissance, encore moins pour faire de l’image !

S’il marche sur l’eau, c’est semble-t-il pour questionner notre foi.
Quand il dit « confiance », c’est bien la foi qu’il interroge.
« confiance » et « foi », c’est le même mot.

A quoi croyons-nous ?

En quoi mettons-nous notre foi ?
Dans une image ?
Dans une idée ?
Dans un fantasme ?

Ces questions sont redoutables et croyez bien que je me les pose à moi-même en vous les posant.

...

Celui qui marche sur l’eau, celui dont les pieds se posent sur l’abîme de la mort, c’est un corps, un corps réel. « Confiance, Je suis, n’ayez pas peur »

« Je suis »

Il y a là une réalité, ce n’est plus de l’imaginaire, ce n’est plus du fantasme « je suis »

Et Pierre va quitter l’imaginaire pour rejoindre le réel, en passant par-dessus bord, en osant ce geste de pure folie, il fait le pas : il va rejoindre le corps.

(...)

Nous ne savons pas ce qu’est réellement le corps.

Et nous sommes ici bien placés pour le savoir, puisque nous nous entraînons à chaque eucharistie à entrer dans le réel d’un corps qui nous dépasse : on nous présente un morceau de pain rompu et on nous dit « le corps du Christ »

et on répond « oui … c’est vrai… j’y crois… ce n’est pas de l’image...».

Et ce corps, redisons-le avec force, n’est pas seulement présent dans l’eucharistie, mais aussi réellement présent dans bien d’autres lieux : dans l’Église sacramentelle, partout où un corps s’approche d’un corps meurtri, présent dans l’Ecriture quand elle est Parole, présent aussi dans le murmure d’une brise légère…

En ne quittant pas le Christ des yeux, nous marcherons nous aussi sur l’abîme, nos pieds marcheront sur la mort sans en être éclaboussés…

Gardons-nous simplement de ne pas nous mettre à regarder le vent… de ne pas prendre l’image pour la réalité.

Il se pourrait que ce qui nous fait si peur ne soit que du vent…

« Confiance

Je suis
n’ayez pas peur »

Amen

Sylvain diacre

Paraboles du Royaume / Mt 13 44-52 / l'homélie


Comment parler du royaume des cieux ?
C’est quoi le royaume des cieux ?
Jésus passe son temps à essayer de nous donner des pistes, à tenter de nous décrire ce royaume. Mais il faut croire que pour dire le royaume des cieux, nos mots, notre langage n’est pas équipé, du moins il est trop étroit, trop étriqué.
Le royaume des cieux ne rentre pas dans notre langage terrestre.
Alors, pour en parler malgré tout, Jésus est obligé de parler en paraboles. C’est à dire de prendre ce que nous connaissons : des champs, des trésors, des perles, des poissons (la semaine dernière c’était des graines et de la moutarde), et de tordre tout ça pour faire miroiter de l’inconnu dans notre langage connu.
(...)
 
Le tri c’est aussi évidemment la grande affaire de cette pêche : « on s’assied, on ramasse dans des paniers ce qui est bon, et on rejette ce qui ne vaut rien. »
Le texte original dit plutôt « on rejette ce qui est pourri ».

S’ouvre alors pour nous le grand dossier du jugement !
Il semblerait que le royaume des cieux ait à voir avec le jugement… mais qu’est-ce que le jugement si ce n’est du tri ?
Juger une affaire, juger quelqu’un, c’est bien d’abord faire du tri : faire la part des choses, séparer le vrai du faux, peser le bon et le mauvais.
(...)

Le tri est nécessaire, le tri est Bonne Nouvelle
Nous portons en nous le meilleur et le pire.
Chacun de nous est le terrain du combat incessant du bon et du mauvais, de la vie et de la mort.

Sous la surface du visible, que nous soyons un océan agité ou un lac calme et serein, sous la surface, dans nos profondeurs cachées, le royaume ramasse large, il rassemble, il regroupe, il prend tout, sans exception et là-dedans …. il fait du tri.
Il rassemble ce qui est bon, et il rejette ce qui est pourri, ce qui est déjà mort !
Il extirpe le méchant du milieu des justes.
Mais les justes, c’est nous ! c’est chacun de nous, puisque le Christ nous a justifié ! Par sa croix !
Il est bon, il est merveilleusement bon que le méchant qui se tient au milieu de chacun de nous, le méchant qui siège au milieu de moi, le déjà mort, le pourri, soit extirpé !
Extirpé et jeté dans son lieu à lui, le lieu où brûle le pleur et le grincement de dents !
Le lieu où le pleur et le grincement de dents sont détruits.
(...)

Un chant a malheureusement beaucoup de succès dans les paroisses (pas à Gradignan) et sur internet dans lequel on entend « Si devant la gravité de tes fautes, la pensée du Jugement te tourmente : regarde etc... »
Quelle bêtise !
Si la pensée du jugement te tourmente, c’est que tu n’as rien compris à ce qu’est le jugement !
Le jugement ne peut pas, ne doit pas nous tourmenter, c’est la plus heureuse des nouvelles pour nous ! Enfin !! enfin nous seront restaurés, nettoyés, unifiés ! Enfin nous serons ce que nous sommes !! vivement le jugement !!

Si la gravité de tes fautes te tourmente…. prends rendez-vous avec ton curé et viens te réconcilier avec ton Seigneur ! Il y a un sacrement exprès pour ça.
Si la pensée du jugement te tourmente…. plonge dans la Parole, laisse faire les anges qui sauront faire le tri. Laisse faire le royaume qui ramasse large !

Seigneur que le temps du jugement ne tarde plus !
L’Esprit et l’épouse disent « Viens » !
Celui qui entend qu’il dise « Viens » !(Ap.22 17)
Amen
Sylvain diacre

Le bon grain et l'Ivraie / Mt 13 24-43 / Une homélie



Dans les paraboles que nous venons d’entendre, Jésus une fois encore cherche à nous faire entrevoir le Royaume de Dieu. Dans la première nous retrouvons la figure du semeur comme dimanche dernier. Jésus le désigne clairement, « c’est le fils de l’homme, une façon de parler de lui même, le Fils de Dieu.

Dans le récit d’aujourd’hui nous rencontrons deux semailles, deux semeurs
L’homme qui a semé du bon grain (belle semence) dans son champ, et celui qui est désigné comme l’ennemi. Celui-ci, pendant que les hommes dorment, et ne peuvent exercer aucune vigilance, il sème dans le même champs, sur la même terre, de l’ivraie. Dans le texte en grec l’ivraie se dit « zizanion ». (zizanie, discorde)
Les grains de la discorde se mêlent à la belle semence. Il faudra la croissance des deux semences pour que devienne visible que dans le champs du fils de l’homme croissent et se mêlent ensemble deux semences.
L’ivraie de l’ennemi a la capacité lorsqu’elle survient dans le champ de faire apparaître une différence. (Tout ne sera pas à mettre dans le même sac) Sous les yeux du maître du champs et de ses serviteurs grandissent deux avenirs, deux projets. Celui du fils de l’homme et celui de l’ennemi.
Alors bien sûr les serviteurs ne voient qu’une attitude, et de bonne foi, celle d’agir sans tarder et je suppose avec énergie et détermination ; pour éradiquer et supprimer le projet ennemi.
Mais ce n’est pas la volonté du propriétaire du semeur. A la proposition des serviteurs il répond :
« Non, en enlevant « la zizanie » vous risquez d ‘arracher le blé en même temps. Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson. » Là nous venons d’entendre dans la bouche de Jésus que la belle semence donnera du blé (pas de l’orge, ni de l’avoine) du blé il faudra s’en souvenir.

Finalement l’attitude du semeur nous fait découvrir la façon de faire de Dieu que Dieu est, tendresse, douceur, patience. La puissance de Dieu n’est pas tapageuse, elle est celle du véritable amour.
« Toi Seigneur qui dispose de la force, tu juges avec indulgence, tu gouvernes avec beaucoup de ménagement...Tu as enseigné à ton peuple que le juste doit être humain. ( première lecture livre de la Sagesse)
Mais le jour viendra où le maître de moisson dira que l’heure a sonné de faire le tri. C’est a lui que ce tri revient. Les termes de Jésus peuvent nous orienter au thème traditionnel du jugement dernier présenté comme une division des hommes en deux camps, les bons et le mauvais.

Le Pape François à propos de cette parabole décrit la coexistence en nous comme dans le monde et même dans l’Église, à la fois de l’esprit « mondain » qui souvent domine et de l’Esprit de Dieu : A la fois la belle semence et ivraie. Personne ne d’y trompe. Personne n’oserait se vanter d’être entièrement bon, personne non plus ne peut être accusé d’être entièrement mauvais. La frontière qui sépare les bons des méchants passe en réalité en chacun de nous. Nous sommes tous des êtres partagés et Jésus nous invite à reconnaître, comme notre condition de créature, ce mélange permanent entre ce qui est du projet de Dieu et ce qui est du projet du diviseur. Il ne nous demande pas cependant de nous en contenter ;

*Dans l’Evangile de ce dimanche il est largement question de germination : la belle semence, la graine de moutarde, le levain dans la pâte, enfouis germent pour que naisse une œuvre nouvelle. En nous est semé, le jour de notre baptême quelque chose de petit destiné à grandir Cette germination porte du fruit...et c’est au fruit que l’on pourra vérifier et découvrir ce que du projet de Dieu accomplit en nous et parmi nous.
Invitation au discernement… discerner comment en nous et au milieu de nous, entre nous et au-delà même de nous, germe le blé de la belle semence… étant entendu que c’est ce blé qui est destiné au grenier du Seigneur, c’est la part du Royaume. La zizanie est bonne à jeter.
Il nous faut donc sans cesse nous poser la question « Est ce que ma prière, mes actes, mes décisions, mes engagements mes relations portent le bon fruit. Selon le plan de Dieu. Suis-je enfermé dans mes certitudes, fier et satisfait de tout je je pense réussir…

Si ce que nous entreprenons individuellement ou collectivement y compris sur le plan pastoral produit comme fruit la communion ou au contraire le résultat entraîne t-il de la division, une sorte de zizanie ou de discorde. C’est important de le savoir pour être fidèle, à la volonté , au projet du Dieu.

Ne craignons pas de soumettre nos engagements, nos choix, nos projets, nos plans, à l’épreuve de la Parole, de la prière, du souffle de l’Esprit.
Ne craignons pas ! « St Paul nous rappelle aujourd’hui combien l’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse. Laissons-nous travailler par l’Esprit et non par le monde. Préservons la grâce reçue a notre baptême.

La belle semence semée en nous deviendra du blé… qui est aussi fruit de la terre et qui par le travail des hommes deviendra le pain.
Quand à l’Eucharistie nous déposons le pain à l’autel c’est toute notre vie qui est offerte, pour être scrutée par le Père et pour être élevée de terre.
L’Eglise nous a donné ce sacrement par lequel nous recevons la grâce de participer…. à la germination du Royaume dès aujourd’hui et en vue de l’éternité.

Robert Zimmermann
diacre

C'est à vous qu'est donné le mystère du Royaume des Cieux / Mt 13 1-23 / Une homélie


" À vous il est donné de connaître les mystères du royaume des Cieux." C'est à vous, vous qui êtes là ce dimanche, qu'est donné le mystère du royaume des Cieux. Laissons cette parole nous toucher. "C’est à vous qu’est donné le mystère du royaume des Cieux" Laissons cette parole cheminer jusqu'à notre cœur. Acceptons-la. Goûtons comme elle nourrit notre foi, comme elle nous porte.

L'Evangile d'aujourd'hui est un enseignement pour nous. Il nous enseigne comment lire la parole de Dieu. Il nous invite surtout à ne pas nous décourager.
La première fois qu'on lit un texte de la Bible, ou qu'on partage un texte, ça peut nous passer par-dessus la tête, ça peut rentrer par une oreille, sortir par l'autre et ne rien déposer au milieu. Un peu comme le grain qui tombe au bord du chemin et que les oiseaux ont mangé. Mais on était au bord du chemin, si on persévère on prend le chemin.

Un peu plus loin, à la lecture d'un passage d'un Evangile par exemple, on est un peu plus attentif mais pas assez, la lecture nous bouscule un peu mais tout cela reste un peu obscur. C'est un peu comme ces grains qui sont tombés sur un sol pierreux. Mais il y a des pierres et avec des pierres on peut construire quelque chose si on persévère.

Encore plus tard, la lecture ou le partage entre amis d'un texte nous touche, il peut même nous enflammer mais ça ne va pas se faire si facilement. Ça résiste, le malin comprend vite que le Dieu d'amour gagne un disciple à sa cause alors il essaye d'étouffer tout cela.

Mais reste en nous le souvenir de quelque chose qui ressemble à un royaume alors on reprend un second souffle et on persévère, on est étouffé et on recommence jusqu'à goûter pleinement le mystère du royaume de Dieu.
Mais ça ce n'est pas pour tout de suite, c'est un long travail. Et pourtant comme j'aimerai acquérir ce niveau. Être en possession de la ceinture noire de la lecture de la parole, être toujours vainqueur du mal, mais ce n'est pas pour tout de suite, il faut persévérer.

Cependant grâce à vous, moi, j'ai la chance de me perfectionner. Lorsque je prépare une homélie comme celle que je vous dis aujourd'hui, je reçois dans le terreau de mon corps le grain de la parole, j'essaie de le laisser pousser pour qu'il grandisse et donne du fruit. Et ce fruit c'est ce que la parole m'invite à vous dire. Et c'est chaque fois une grande joie, le royaume est proche.

"C’est à vous qu’est donné le mystère du royaume des Cieux" Lisez la parole de Dieu. Goûtez la parole de Dieu. Mangez la parole de Dieu. Mâchouillez-la. Laissez-la grandir en vous. Car cette parole nous est donnée, c'est un don, c'est gratuit.
En plus c'est si simple, l'Eglise nous offre tous les jours les textes de la messe. Il suffit d'en prendre un, de le lire. De se laisser étonner, amuser, révolter ou interroger par un mot ou une phrase. Et dans la journée, le relire ou seulement y repenser, creuser ce passage qui nous pose question.
L'étonnement, le questionnement, l'amusement, la révolte, ce sont les clés que le Seigneur donne à notre intelligence pour nous éveiller à sa parole alors ne les laissons pas se rouiller.

"C’est à vous qu’est donné le mystère du royaume de Dieu" En fait, le mot mystère vient du grec musterion, dérivé de muein, "être fermé" (j'ai récupéré ça sur internet, je dis cela car on a un diacre helléniste à Gradignan et il va s'étonner de mes progrès).
Le sens biblique de ce mot désigne ce qui est caché, mais que Dieu veut partager, veut révéler aux hommes. Sachant que tout en étant révélé par Dieu, le mystère est ce que l'homme n'a jamais fini de comprendre, mais que cela ne nous décourage pas car tout se dévoile et se voile par couche.

Et ce soir, j'ai envie de traduire "C’est à vous qu’est donné le mystère du royaume des Cieux" par : "c'est à vous qu'est donné la révélation du royaume des Cieux."
Nous sommes invités dans le royaume des Cieux quand ce qui est écrit dans la Bible devient parole et que cette parole nous touche durablement et profondément.

Ainsi ma parole, qui sort de ma bouche,
ne me reviendra pas sans résultat,
sans avoir fait ce qui me plaît,
sans avoir accompli sa mission. "

Amen !
Dominique Bourgoin, diacre.

Digne de moi / Mt 10 37- 42 / Une homélie


« Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi
celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi »
Nous ne sommes pas dignes de Jésus.

Nous ne sommes pas dignes de lui parce que nous aimerons toujours nos parents et nos enfants plus que lui.
Ce n’est pas une critique dans la bouche de Jésus, c’est simplement un constat. C’est comme ça, nous ne l’aimerons jamais comme il nous aime.
En fait ce n’est pas un scoop ni une révélation, nous le savons bien et nous ne cessons de le répéter, à chaque eucharistie :
« Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri »

(...)
« Seigneur, je ne suis pas digne... »
Et pourtant « qui vous accueille m’accueille »
N’est-ce pas sidérant ? Vertigineux ?
Est-ce que l’on mesure bien ce qui se dit ici ? Est-ce que l’on se rend compte de ce que Jésus est en train de nous dire ?
« Qui vous accueille m’accueille ».

(...) Il nous faut absolument entrer dans la logique de Jésus : « Qui vous accueille m’accueille », il ne nous demande pas d’accueillir les autres pour l’accueillir Lui,
il nous demande de nous laisser accueillir par les autres pour leur permettre à eux, en nous accueillant, de l’accueillir, Lui !
Ce n’est probablement qu’en nous laissant accueillir que nous pourrons « donner un verre d’eau fraîche au petit »
(...)

Et si nous quittions nos habits d’accueillants pour revêtir ceux d’accueillis ?
Et si nous apprenions à accueillir en nous laissant accueillir ?
Et si le véritable accueil n’était possible qu’à ce prix-là ?

(...)
La parole qui nous guérit, qui nous relève, qui nous sauve, c’est le Verbe fait chair, c’est la Parole incarnée, c’est le Christ tout entier !
Nous ne sommes pas dignes de le recevoir, la belle affaire ! mais la parole de la croix est dite pour nous ! Une fois pour toutes…
Le problème n’est pas du côté de l’émetteur, mais du récepteur !
Serons-nous capables d’avoir les oreilles pour entendre cette parole ?

Comme nous sommes lents à nous laisser aimer !
Comme nous sommes durs à nous laisser fléchir pour entrer enfin dans sa joie !

« Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir », je ne suis pas digne de t’accueillir,
mais dis seulement une parole et c’est moi qui serai accueilli,
dis seulement une parole et je serai… cueilli.
Amen
Sylvain diacre