Visitation - Musée d'Aquitaine |
Il y a comme de la joie qui sourde de cet Evangile. Comme une eau qui coule silencieuse et calme, claire et rafraîchissante au cœur de l'été. La joie envahit doucement notre cœur.
Cela est-il dû à l'annonce de deux naissances ? A l'annonce d'une bonne nouvelle ? Au rôle de Marie qui se dessine pour nous ?
L'annonce de deux naissances.
Je suis frappé chaque année par cet Evangile. Par la construction autour de la rencontre de deux femmes. Je suis un peu gêné de le commenter alors qu'une femme serait mieux placée que moi pour exprimer la joie de la maternité. Une femme dirait mieux qu'un homme ce qui se joue dans son corps. Une femme révèlerait mieux ce qui se partage entre deux femmes qui vont mettre au monde un enfant. C'est pour cela, que des voix de femmes ont proclamé aujourd'hui l'Evangile.
L'annonce de ces deux naissances est la promesse d'un avenir nouveau.
Le fils d'Elisabeth, Jean, rassemblera de grandes foules sur les rives du Jourdain pour inviter à la conversion. Il désignera Celui qui est le sauveur.
Le fils de Marie est celui qui nous rassemble aujourd'hui. Il est celui qui nous invite. Il est celui qu'on s'efforce de suivre. Il est celui qui change nos vies.
Une naissance est toujours un bouleversement. Elle change la vie des parents. Elle change la vie des frères et sœurs. Elle contribue à sa mesure à changer le monde. C'est ce qui nous réjouit à l'écoute de ce texte pour cette fête de l'assomption.
L'annonce d'une bonne nouvelle.
" D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? " Qu'elle est belle la question d'Elisabeth ! D'où cela vient ce qui m'arrive ? Qu'ai-je fait pour recevoir cette joie ? Il y a quelque semaine, Agnès Mélis et moi, nous recevions une femme qui demandait le baptême. Nous lui avons demandé d'où lui venait cette idée de demander le baptême. Elle a eu une réponse équivalente à Elisabeth : "je ne sais pas d'où cela vient. Ce que je sais c'est que je veux être baptisée."
La bonne nouvelle, cela ne s'explique pas. Cela se reçoit tout simplement. Cela tressaille en nous. Il s'agit juste d'accueillir et de se réjouir du passage du Seigneur dans nos vies.
" Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse." Marie exprime tout simplement ce qui lui arrive. Elle n'a pas eu le choix. Le Seigneur s'est penché sur elle. Elle n'a pas dit : "tout bien réfléchi, en ayant pesé le pour et le contre, je dis OK." Elle n'a pas dit oui. C'est un raccourci que nous faisons. Elle a seulement dit à l'ange : "Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole." Marie a été choisie, elle n'a pas choisi. Et c'est dans la discrétion que Marie va tenir son rôle.
Ce qui est arrivé à Marie c'est ce qui nous arrive quand le Christ lève les yeux sur nous. Qui peut résister ? Je sais que parfois cela résiste, mais cela finit toujours par céder. Le Seigneur est le vainqueur. Et la victoire du Seigneur nous comble de joie.
Le rôle de Marie qui se dessine.
Marie, c'est un pont, c'est l'arche d'un pont. Marie nous donne à contempler le lien qui s'établit entre le temps des prophètes et la nouvelle alliance. Entre Dieu et les hommes. Entre le ciel et la terre.
La sagesse populaire traduit bien cela.
La première lecture de la messe de la veille de l'assomption nous donne à entendre : "David rassembla tout Israël à Jérusalem pour faire monter l’arche du Seigneur jusqu’à l’emplacement préparé pour elle. Il réunit les fils d’Aaron et les Lévites. Les Lévites transportèrent l’arche de Dieu, au moyen de barres placées sur leurs épaules. "
Nous le savons, l'arche du Seigneur est perdue. Mais ce que les hommes portent désormais avec des barres sur leurs épaules à travers la ville, ce sont des représentations de Marie. La nouvelle arche d'alliance. Ils célèbrent ainsi à leur manière le lien qui unit le ciel et la terre. A savoir le Christ. Et cela à travers celle qui l'a mis au monde pour son salut.
Marie est la servante de Dieu, dont l'image est l'arche d'un pont. Le pont c'est le Christ et l'arche c'est Marie. Voilà qui peut susciter de la joie.
Mon âme exalte le
Seigneur,
exulte mon esprit en Dieu, mon
Sauveur !
Il s’est penché sur son
humble servante ;
désormais tous les âges me diront
bienheureuse.
Amen !
Dominique Bourgoin, diacre.
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