Le bon grain et l'Ivraie / Mt 13 24-43 / Une homélie



Dans les paraboles que nous venons d’entendre, Jésus une fois encore cherche à nous faire entrevoir le Royaume de Dieu. Dans la première nous retrouvons la figure du semeur comme dimanche dernier. Jésus le désigne clairement, « c’est le fils de l’homme, une façon de parler de lui même, le Fils de Dieu.

Dans le récit d’aujourd’hui nous rencontrons deux semailles, deux semeurs
L’homme qui a semé du bon grain (belle semence) dans son champ, et celui qui est désigné comme l’ennemi. Celui-ci, pendant que les hommes dorment, et ne peuvent exercer aucune vigilance, il sème dans le même champs, sur la même terre, de l’ivraie. Dans le texte en grec l’ivraie se dit « zizanion ». (zizanie, discorde)
Les grains de la discorde se mêlent à la belle semence. Il faudra la croissance des deux semences pour que devienne visible que dans le champs du fils de l’homme croissent et se mêlent ensemble deux semences.
L’ivraie de l’ennemi a la capacité lorsqu’elle survient dans le champ de faire apparaître une différence. (Tout ne sera pas à mettre dans le même sac) Sous les yeux du maître du champs et de ses serviteurs grandissent deux avenirs, deux projets. Celui du fils de l’homme et celui de l’ennemi.
Alors bien sûr les serviteurs ne voient qu’une attitude, et de bonne foi, celle d’agir sans tarder et je suppose avec énergie et détermination ; pour éradiquer et supprimer le projet ennemi.
Mais ce n’est pas la volonté du propriétaire du semeur. A la proposition des serviteurs il répond :
« Non, en enlevant « la zizanie » vous risquez d ‘arracher le blé en même temps. Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson. » Là nous venons d’entendre dans la bouche de Jésus que la belle semence donnera du blé (pas de l’orge, ni de l’avoine) du blé il faudra s’en souvenir.

Finalement l’attitude du semeur nous fait découvrir la façon de faire de Dieu que Dieu est, tendresse, douceur, patience. La puissance de Dieu n’est pas tapageuse, elle est celle du véritable amour.
« Toi Seigneur qui dispose de la force, tu juges avec indulgence, tu gouvernes avec beaucoup de ménagement...Tu as enseigné à ton peuple que le juste doit être humain. ( première lecture livre de la Sagesse)
Mais le jour viendra où le maître de moisson dira que l’heure a sonné de faire le tri. C’est a lui que ce tri revient. Les termes de Jésus peuvent nous orienter au thème traditionnel du jugement dernier présenté comme une division des hommes en deux camps, les bons et le mauvais.

Le Pape François à propos de cette parabole décrit la coexistence en nous comme dans le monde et même dans l’Église, à la fois de l’esprit « mondain » qui souvent domine et de l’Esprit de Dieu : A la fois la belle semence et ivraie. Personne ne d’y trompe. Personne n’oserait se vanter d’être entièrement bon, personne non plus ne peut être accusé d’être entièrement mauvais. La frontière qui sépare les bons des méchants passe en réalité en chacun de nous. Nous sommes tous des êtres partagés et Jésus nous invite à reconnaître, comme notre condition de créature, ce mélange permanent entre ce qui est du projet de Dieu et ce qui est du projet du diviseur. Il ne nous demande pas cependant de nous en contenter ;

*Dans l’Evangile de ce dimanche il est largement question de germination : la belle semence, la graine de moutarde, le levain dans la pâte, enfouis germent pour que naisse une œuvre nouvelle. En nous est semé, le jour de notre baptême quelque chose de petit destiné à grandir Cette germination porte du fruit...et c’est au fruit que l’on pourra vérifier et découvrir ce que du projet de Dieu accomplit en nous et parmi nous.
Invitation au discernement… discerner comment en nous et au milieu de nous, entre nous et au-delà même de nous, germe le blé de la belle semence… étant entendu que c’est ce blé qui est destiné au grenier du Seigneur, c’est la part du Royaume. La zizanie est bonne à jeter.
Il nous faut donc sans cesse nous poser la question « Est ce que ma prière, mes actes, mes décisions, mes engagements mes relations portent le bon fruit. Selon le plan de Dieu. Suis-je enfermé dans mes certitudes, fier et satisfait de tout je je pense réussir…

Si ce que nous entreprenons individuellement ou collectivement y compris sur le plan pastoral produit comme fruit la communion ou au contraire le résultat entraîne t-il de la division, une sorte de zizanie ou de discorde. C’est important de le savoir pour être fidèle, à la volonté , au projet du Dieu.

Ne craignons pas de soumettre nos engagements, nos choix, nos projets, nos plans, à l’épreuve de la Parole, de la prière, du souffle de l’Esprit.
Ne craignons pas ! « St Paul nous rappelle aujourd’hui combien l’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse. Laissons-nous travailler par l’Esprit et non par le monde. Préservons la grâce reçue a notre baptême.

La belle semence semée en nous deviendra du blé… qui est aussi fruit de la terre et qui par le travail des hommes deviendra le pain.
Quand à l’Eucharistie nous déposons le pain à l’autel c’est toute notre vie qui est offerte, pour être scrutée par le Père et pour être élevée de terre.
L’Eglise nous a donné ce sacrement par lequel nous recevons la grâce de participer…. à la germination du Royaume dès aujourd’hui et en vue de l’éternité.

Robert Zimmermann
diacre

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