Confiance, Je suis / Mt 14 22-33 / Une homélie

(...)
En le voyant s’approcher, les disciples qui ont peiné toute la nuit contre les éléments contraires, sont terrifiés : « c’est un fantôme », en grec, « phantasma »
C’est un fantôme, c’est à dire, c’est une image.
Ce n’est pas un corps, les corps ne peuvent se tenir sur l’eau de cette manière.

Alors Jésus répond : « Confiance, c’est moi, - dans le texte : je suis - n’ayez pas peur »

Nous sommes tellement démunis devant ce que recouvre le mot « Dieu », nous avons tellement de mal à entrer dans sa présence, que nous ne cessons d’appeler notre imagination à l’aide, notre imaginaire… nos images… difficile de faire autrement.

Mais si Jésus marche sur l’eau, ce n’est pas pour faire un tour de force, pour faire le super-héros, pour montrer je ne sais quelle puissance, encore moins pour faire de l’image !

S’il marche sur l’eau, c’est semble-t-il pour questionner notre foi.
Quand il dit « confiance », c’est bien la foi qu’il interroge.
« confiance » et « foi », c’est le même mot.

A quoi croyons-nous ?

En quoi mettons-nous notre foi ?
Dans une image ?
Dans une idée ?
Dans un fantasme ?

Ces questions sont redoutables et croyez bien que je me les pose à moi-même en vous les posant.

...

Celui qui marche sur l’eau, celui dont les pieds se posent sur l’abîme de la mort, c’est un corps, un corps réel. « Confiance, Je suis, n’ayez pas peur »

« Je suis »

Il y a là une réalité, ce n’est plus de l’imaginaire, ce n’est plus du fantasme « je suis »

Et Pierre va quitter l’imaginaire pour rejoindre le réel, en passant par-dessus bord, en osant ce geste de pure folie, il fait le pas : il va rejoindre le corps.

(...)

Nous ne savons pas ce qu’est réellement le corps.

Et nous sommes ici bien placés pour le savoir, puisque nous nous entraînons à chaque eucharistie à entrer dans le réel d’un corps qui nous dépasse : on nous présente un morceau de pain rompu et on nous dit « le corps du Christ »

et on répond « oui … c’est vrai… j’y crois… ce n’est pas de l’image...».

Et ce corps, redisons-le avec force, n’est pas seulement présent dans l’eucharistie, mais aussi réellement présent dans bien d’autres lieux : dans l’Église sacramentelle, partout où un corps s’approche d’un corps meurtri, présent dans l’Ecriture quand elle est Parole, présent aussi dans le murmure d’une brise légère…

En ne quittant pas le Christ des yeux, nous marcherons nous aussi sur l’abîme, nos pieds marcheront sur la mort sans en être éclaboussés…

Gardons-nous simplement de ne pas nous mettre à regarder le vent… de ne pas prendre l’image pour la réalité.

Il se pourrait que ce qui nous fait si peur ne soit que du vent…

« Confiance

Je suis
n’ayez pas peur »

Amen

Sylvain diacre

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