@J Kirk Richards |
Qu’est-ce qui peut sauver le monde ?
C’est
une question terrible et qui semble bien légitime aujourd’hui. Une
question que nous sommes nombreux à nous poser… En regardant le
spectacle du monde, il peut nous arriver de céder à la tentation du
désespoir car l’image du monde qui se lève devant nos yeux
est profondément désespérante. L’Evangile semble vouloir nous
attirer vers une autre manière de voir, une autre logique.
Car
Dieu, lui, a aimé le monde,
« Dieu
a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique »
il a « envoyé
son fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que,
par lui, le monde soit sauvé »
Ce
monde que je n’aime pas, Dieu l’a tant aimé qu’il a donné son
fils. Ce monde que je juge, le Fils ne le juge pas. Ce monde qui me
désespère et que je condamne, il est déjà sauvé par le Fils
Pourtant
il y a bien un jugement. Un jugement qui semble fondé sur la
question de la foi « celui qui croit » « celui
qui ne croit pas », et sur une histoire de lumière et de
ténèbres. Alors en lisant un peu vite, nous sommes rassurés, car
il nous semble reconnaître des mécanismes que nous connaissons bien
et que nous aimons bien : il y aurait deux camps : - Ceux
qui croient et qui seraient sauvés, et ceux qui ne croient pas et
qui passeraient au tribunal - Ceux qui font des bonnes choses et qui
vivraient dans la lumière, et ceux qui feraient de mauvaises choses
et qui vivraient donc dans les ténèbres, bref, des gentils et des
méchants… et évidemment, nous serions plutôt dans le camp des
gentils !
Mais
ce n’est pas du tout ce que dit le texte !
« la
lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les
ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient
mauvaises »
Tous
les hommes ont préféré les ténèbres ! Nous avons tous
préféré les ténèbres ! Voilà qui simplifie les affaires.
Et face aux œuvres mauvaises, le texte ne pose pas les œuvres
bonnes, mais « celui qui fait la Vérité », il
n’y a pas de lutte entre le bien et le mal, il y a confrontation
entre tous qui-font-du-mauvais, et un
qui-fait-la-vérité !
Si
nous voulions faire de ce texte de la morale, si nous voulions
dresser deux camps, c’est impossible.
Qu’est-ce
qui peut sauver le monde ?
Le
Fils unique de Dieu
Comment
peut-il sauver le monde ?
En
étant Fils et en étant unique.
C’est
à dire en devenant, dans le monde, ce qui nous sortira de notre
préférence collective pour les ténèbres. Parce qu’il est Fils
et parce qu’il est Unique, et si nous croyons qu’il est Fils et
qu’il est Unique, il vient détruire notre fantasme d’une
humanité comme une masse indistincte où nous serions tous pareils,
les humains en paquet, les hommes comme un bloc homogène. La
différence ne se joue plus sur la question du bien et du mal, mais
sur la confiance que nous mettons ou pas dans cet unique qui fait la
Vérité.
J’ai
trouvé cette phrase dans un livre :
« Toute
la surface du monde n’est que sang, larme et crachat.
Mais sous
cette surface, et sans qu’aucune région ne puisse être exceptée
ni soustraite de son étendue, il y a la face de Jésus-Christ.
Le
monde est la sur-face de Jésus-Christ et cela suffit pour qu’il
s’attire notre considération, notre contemplation et notre
amour »*
Comment
peut-on aimer le monde ?
En
y reconnaissant la face du Christ
Dans
deux semaines, nous entrerons dans la semaine sainte, nous
traverserons à nouveau la Passion. Ce n’est pas le serpent de
bronze de Moïse qui sera dressé devant nous, ce sera la face de
Jésus. En levant nos yeux vers cette face de sang, de larme et de
crachat, c’est la face du monde que nous contemplerons. Et si nous
aimons celui qui donne sa vie pour sauver le monde, et si nous y
croyons, nous pourrons peut-être aimer le monde… et en l’aimant,
nous libérer du désespoir.
Que
le matin de Pâques nous trouve éblouis devant la face du ressuscité.
Eblouis
de la grâce d’être sauvés.
╬ Amen
Sylvain
diacre
*
François Cassignena-Treverdy Etincelles IV p 170
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