Comme je vous ai aimé / Jeudi Saint / Une homélie

@J Kirk Richards

Ce soir, alors que nous célébrons le dernier repas de Jésus avec ses amis, tentons de mesurer l’étendu de l’amour que Jésus a pour ses disciples. Essayons de mesure l’amour qu’il a pour nous qui sommes ses disciples depuis notre baptême.

Alors peut-être comprendrons-nous mieux ce que cela change dans nos vies, à quelle conversion nous ne pouvons échapper.

« Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout. » Pour témoigner de l’amour qu’il a pour ses disciples, Jésus lave les pieds de ses disciples. Il s’abaisse devant eux car quand on aime il n’y a pas de dominant et de dominés. Il n’y a que des êtres consentants à l’amour.

Jésus les aime tous d’un même amour absolu. Un amour qui d’avance comprend et pardonne. Il s’agit d’un amour qui ne connait pas les reproches ni la rancœur.

Jésus lave les pieds de son ami le plus proche, Pierre le rebelle, celui qui ne peut pas encore s’abandonner à l’amour sans condition de son maître. Pierre est celui qui veut maîtriser sa vie. Mais c’est aussi le plus sensible, celui qui cède à ses émotions. Pierre c’est celui qui va pleurer après ses trois reniements.

Jésus lave les pieds de Judas. Il lave les pieds de celui qui va le vendre aux ennemis de l’amour. Jésus ne stigmatise pas Judas. Il a droit au même amour que les autres. Jésus comme pour les autres s’agenouille devant Judas et lui lave les pieds. Pour Jésus, tout homme est créé à l’image de Dieu. Judas porte en lui l’image du Père. Cela est difficile à entendre pour nous ; le mal n’efface pas l’image du Père. Juste, il la masque.

Imaginons un instant que nous soyons transportés sur les lieux de ce dernier repas. Imaginons Jésus à genou devant nous. Il nous lave les pieds. Ses gestes sont doux. Il lève les yeux sur nous. Il sourit. Dans l’échange des regards, nous sentons que nous sommes amis. Il le dira explicitement dans le discours qui suit (Jn 15, 14) : « Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. »

Lors de ce dernier repas, le lavement des pieds n’a pas été le seul geste d’amour de Jésus pour ses disciples. Il leur donne, il nous donne, les gestes qui révèlent sa présence parmi nous jusqu’à la fin des temps.

Il nous fait don de ses gestes qu’il nous invite à renouveler chaque fois nous nous y sentons appelés par Lui.

« Le Seigneur Jésus prit du pain, puis, ayant rendu grâce, il le rompit, et dit : « Ceci est mon corps, qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi. » Après le repas, il fit de même avec la coupe, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang. Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi. »

Ainsi, Jésus nous invite à faire converger nos regards vers lui. Il fait de nous un peuple d’amis. Les amis ne sont pas ceux qui se regardent l’un l’autre mais ceux qui regardent dans la même direction.

Le baptême fait de nous des frères en se reconnaissant fils d’un même Père. Le sacrement de l’Eucharistie fait de nous des amis quand d’un seul mouvement nous nous tournons vers le Christ.

Au début de cette homélie je proposais de comprendre ce que cela changeait pour nous de mesurer l’amour de Jésus pour nous. Pour cela reprenons l’antienne de l’Evangile, les mots que Jésus prononce tout de suite après l’Evangile de ce jeudi (Jn 13, 34) :

« Je vous donne un commandement nouveau, dit le Seigneur : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »

En fait c’est assez simple. Prendre conscience de l’amour du Christ pour nous, cela nous invite à aimer. Pourtant il est plus difficile d’aimer sans condition que d’élever sans cesse des reproches comme des digues empêchant l’amour de nous atteindre.

Seigneur Christ, toi qui pars ce soir prier au jardin des oliviers, accorde-moi d’être de ceux qui t’accompagnent.

Seigneur Christ, tu sais combien je suis distrait dans ma prière, accorde-moi un temps de veille avec toi.

Seigneur Christ, tu connais mes reniements, accorde-moi les larmes de la consolation.

Amen !

Dominique Bourgoin, diacre.

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