L'aspect de son visage devint autre / Luc 9, 28-36, la transfiguration / Une homélie

La transfiguration n'est pas un événement mineur dans le parcours de Jésus. Le texte est proposé deux fois dans l'année liturgique, pendant le carême et à la fête de la transfiguration le 6 août, au cœur de l'été.
Puisqu'une fête est dédiée à cet événement, pourquoi l'Eglise nous propose-t'elle, en "avant-première" la lecture de ce texte de l'Evangile ? Qu'est-ce qui justifie sa lecture aujourd'hui, ce dimanche ?
Si, comme nous l'avons médité lors de la messe des Cendres, le Carême est un temps de conversion à laquelle nous nous exerçons par la charité, la prière et l'aumône, alors ce dimanche nous invite plus particulièrement à creuser en nous le besoin de prier Notre Seigneur pour que nous nous convertissions.
L'Evangile de ce dimanche nous relate l'histoire extraordinaire de la transfiguration. Jésus emmène avec lui trois apôtres, Pierre, Jean et Jacques pour prier sur la montagne.
"Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre" la prière quand elle est profonde et vraie elle vous transforme, elle vous porte au-delà de vous-même.
Dans le texte d'aujourd'hui, les protagonistes, Jésus et les trois apôtres plongent aussi véritablement dans la prière.
Jésus d'abord est transformé, on dit qu'il est transfiguré, il revêt déjà son corps glorieux, il prend l'aspect du ressuscité avant la croix.
Les apôtres, eux, le voient tel qu'il sera et non pas tel qu'ils aimeraient qu'il soit, un chef de guerre, un leader politique, un chef religieux.
C'est là un effet de la vraie prière. Quand notre prière est authentique, nous ne prions plus pour que soit faite notre volonté mais pour que la volonté du Seigneur s'accomplisse en nous
J'aime à penser que les trois apôtres prient avec Jésus. Et la prière des apôtres est en cela authentique que la vraie nature de Jésus se dévoile devant leurs yeux. Non seulement, ils touchent de leurs yeux la réalité du corps glorieux du Christ, ils ont une annonce claire et distincte de sa résurrection mais, en plus, les hommes de la première alliance apparaissent. Tout est cohérent aux yeux des trois apôtres, Jésus est bien celui que l'écriture annonçait depuis des siècles. Jésus n'est pas venu renverser mais accomplir les écritures.
Imaginons donc que les trois apôtres prient à côté de leur maître. Ce n'est pas spécifiquement écrit mais ce n'est pas non plus étrange comme idée. C'est tellement naturel de penser cela alors que toutes nos prières au Père se terminent par cette phrase : "nous te le demandons par ton Fils Jésus Christ qui vit et règne avec toi et l'Esprit-Saint pour les siècles des siècles".
Ainsi quand nous nous adressons à Dieu dans la liturgie, nous nous adressons au Père par la médiation de son Fils Jésus Christ. Quand nous prions ainsi, nous reconnaissons que le Christ prie à nos côtés. Quand nous prions le "Notre Père", les mêmes mots naissent sur les lèvres du Christ. A chaque fois que nous joignons nos mains pour prier, il a déjà joint les siennes dans une même attitude. Jésus ne nous imite pas mais il nous accompagne et mieux il devance nos prières.
C'est pour cela que j'évoquais plus haut la vraie prière, cette prière qui consiste à ce que la volonté du Père s'accomplisse en nous.
Un autre détail est à souligner. La prière des apôtres est communautaire. Les trois apôtres sont en communion, ils ressentent les mêmes choses, ils sont pris ensemble dans ce même sommeil mystérieux que nous interprétons aujourd'hui comme leur état de prière.
La prière communautaire est plus forte et plus stimulante. Elle a un effet entrainant. Nous n'apprenons rien nous qui assistons à la messe. Il y a toujours un moment où nous avons la sensation d'être transportés dans la prière dans un élan de communion.
Ces moments nous comblent et ils sont d'une telle joie que cela peut être un danger pour la vérité de notre prière. C'est d'ailleurs ce qui se produit pour les trois apôtres.
Maître, il est bon que nous soyons ici ! Faisons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie."
Pierre n'est plus dans la vraie prière celle qui accomplit en lui la volonté du Seigneur mais il s'abandonne dans une joie un peu égoïste dans laquelle il veut garder tout cela pour lui et y demeurer. Il oublie que la vraie prière est pour la gloire de Dieu et le salut du monde.
Et le charme est rompu, les yeux des apôtres perçoivent désormais les réalités de la terre mais il reste tout de même quelques traces de ce qu'ils ont vécu. Il résonne encore à leurs oreilles une voix qui dit : "Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le !"


J'ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche :
habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie, *
pour admirer le Seigneur dans sa beauté
et m'attacher à son temple.


Amen !
Dominique Bourgoin, diacre.

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