La
transfiguration n'est pas un événement mineur dans le parcours de
Jésus. Le texte est proposé deux fois dans l'année liturgique,
pendant le carême et à la fête de la transfiguration le 6 août,
au cœur de l'été.
Puisqu'une
fête est dédiée à cet événement, pourquoi l'Eglise nous
propose-t'elle, en "avant-première" la lecture de ce texte
de l'Evangile ? Qu'est-ce qui justifie sa lecture aujourd'hui, ce
dimanche ?
Si,
comme nous l'avons médité lors de la messe des Cendres, le Carême
est un temps de conversion à laquelle nous nous exerçons par la
charité, la prière et l'aumône, alors ce dimanche nous invite plus
particulièrement à creuser en nous le besoin de prier Notre
Seigneur pour que nous nous convertissions.
L'Evangile
de ce dimanche nous relate l'histoire extraordinaire de la
transfiguration. Jésus emmène avec lui trois apôtres, Pierre, Jean
et Jacques pour prier sur la montagne.
"Pendant
qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre"
la prière quand elle est profonde et vraie elle vous transforme,
elle vous porte au-delà de vous-même.
Dans
le texte d'aujourd'hui, les protagonistes, Jésus et les trois
apôtres plongent aussi véritablement dans la prière.
Jésus
d'abord est transformé, on dit qu'il est transfiguré, il revêt
déjà son corps glorieux, il prend l'aspect du ressuscité avant la
croix.
Les
apôtres, eux, le voient tel qu'il sera et non pas tel qu'ils
aimeraient qu'il soit, un chef de guerre, un leader politique, un
chef religieux.
C'est là un effet de la vraie prière. Quand notre prière est
authentique, nous ne prions plus pour que soit faite notre volonté
mais pour que la volonté du Seigneur s'accomplisse en nous
J'aime
à penser que les trois apôtres prient avec Jésus. Et la prière
des apôtres est en cela authentique que la vraie nature de Jésus se
dévoile devant leurs yeux. Non seulement, ils touchent de leurs yeux
la réalité du corps glorieux du Christ, ils ont une annonce claire
et distincte de sa résurrection mais, en plus, les hommes de la
première alliance apparaissent. Tout est cohérent aux yeux des
trois apôtres, Jésus est bien celui que l'écriture annonçait
depuis des siècles. Jésus n'est pas venu renverser mais accomplir
les écritures.
Imaginons
donc que les trois apôtres prient à côté de leur maître. Ce
n'est pas spécifiquement écrit mais ce n'est pas non plus étrange
comme idée. C'est tellement naturel de penser cela alors que toutes
nos prières au Père se terminent par cette phrase : "nous te
le demandons par ton Fils Jésus Christ qui vit et règne avec toi et
l'Esprit-Saint pour les siècles des siècles".
Ainsi
quand nous nous adressons à Dieu dans la liturgie, nous nous
adressons au Père par la médiation de son Fils Jésus Christ. Quand
nous prions ainsi, nous reconnaissons que le Christ prie à nos
côtés. Quand nous prions le "Notre Père", les mêmes
mots naissent sur les lèvres du Christ. A chaque fois que nous
joignons nos mains pour prier, il a déjà joint les siennes dans une
même attitude. Jésus ne nous imite pas mais il nous accompagne et
mieux il devance nos prières.
C'est
pour cela que j'évoquais plus haut la vraie prière, cette prière
qui consiste à ce que la volonté du Père s'accomplisse en nous.
Un
autre détail est à souligner. La prière des apôtres est
communautaire. Les trois apôtres sont en communion, ils ressentent
les mêmes choses, ils sont pris ensemble dans ce même sommeil
mystérieux que nous interprétons aujourd'hui comme leur état de
prière.
La
prière communautaire est plus forte et plus stimulante. Elle a un
effet entrainant. Nous n'apprenons rien nous qui assistons à la
messe. Il y a toujours un moment où nous avons la sensation d'être
transportés dans la prière dans un élan de communion.
Ces
moments nous comblent et ils sont d'une telle joie que cela peut être
un danger pour la vérité de notre prière. C'est d'ailleurs ce qui
se produit pour les trois apôtres.
" Maître,
il est bon que nous soyons ici ! Faisons trois tentes : une
pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie."
Pierre
n'est plus dans la vraie prière celle qui accomplit en lui la
volonté du Seigneur mais il s'abandonne dans une joie un peu égoïste
dans laquelle il veut garder tout cela pour lui et y demeurer. Il
oublie que la vraie prière est pour la gloire de Dieu et le salut du
monde.
Et
le charme est rompu, les yeux des apôtres perçoivent désormais les
réalités de la terre mais il reste tout de même quelques traces de
ce qu'ils ont vécu. Il résonne encore à leurs oreilles une voix
qui dit : "Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai
choisi : écoutez-le !"
J'ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche :
habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie, *
pour admirer le Seigneur dans sa beauté
et m'attacher à son temple.
habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie, *
pour admirer le Seigneur dans sa beauté
et m'attacher à son temple.
Amen
!
Dominique Bourgoin, diacre.
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