Le grain de blé / Jn 12 20-33 / Une homélie

A l'approche de la nuit de Pâques, l'Église nous fait entendre aujourd'hui le prophète Jérémie qui proclame avec force et solennité le plein accomplissement de l'Alliance : « Je mettrai ma loi au plus profond d'eux-mêmes ; je l'inscrirai dans leur coeur. Je serai leur Dieu , ils seront mon peuple. »
C'est sans doute la Parole la plus forte de l'ancien testament. J'aime penser que c'est quasiment la seule à retenir à tout prix. Et l'amour de Dieu est tel que son pardon est sans limites : « Je ne me rappellerai plus leurs péchés. » La loi de Dieu, la loi de l'amour et de la miséricorde est inscrite au fond de nos coeurs.
Dans le secret de la rencontre intime, ce coeur à coeur avec Dieu par laquelle nous sommes entrés en Carême le mercredi des cendres. « votre Père voit dans le secret »
C est important que l'Alliance nous soit rappelé une fois encore non pas comme un simple événement de l'histoire, mais comme un élément premier et constitutif de notre condition de Fils. Car il s'agit maintenant pour nous et pour l' humanité d'une nouvelle alliance qui se révèle à nous en Jésus Christ.Par son humanité le Christ nous rend dépositaire, avec, lui de cette loi que le Père a inscrit dans nos coeurs.

L'Evangile nous présente quelques grecs à Jérusalem qui veulent voir Jésus.
Nous ne savons rien du désir véritable et profond de ces grecs. Veulent-ils voir un homme au sommet de sa gloire, Jésus super star. S'ils suivent Jésus durant sa passion et s'ils le voient crucifié, puis mort ils seront plutôt témoins, à leur point de vue, d'un échec.
Jésus annonce vraiment le temps de la glorification du Fils de l'homme, mais dans sa réponse nous entendons bien qu'elle est liée à sa mort prochaine. Avec les grecs nous somme invités à voir Jésus là où nous ne pensions pas le trouver. Dans tous les souffrants, dans toutes les victimes, les désespérés, les oubliés, les exilés ; Avec le Christ l'humiliation devient grandeur, l'échec devient triomphe.
Quand ,tel un grain de blé destiné à pourrir le Fils de l'homme sera déposé dans la terre , c'est pour que le germe fasse son apparition et donne naissance à la nouvelle plante qui portera beaucoup de fruits. Cela se manifestera la nuit de Pâques par le tombeau vide.
Jésus va mourir et porter du fruit.

Il semblerait qu'un nombre conséquent de chrétien ne croit pas à la résurrection. ( donc une part de notre assemblée sans doute!!! ou une part de moi même...)
Alors qu'en est-il de la loi de Dieu inscrite dans notre coeur ? Pourquoi Jésus nous invite t il aujourd’hui à porter du fruit à notre tour. ? C'est à chacun d'entendre cette parole qui peut paraître dure et qui peut nous faire fuir : « Qui aime sa vie la perd (c'est au présent) qui s'en détache en ce monde la gardera ( au futur) pour la vie éternelle ». Cela dépasse notre intelligence et nos perceptions.
Aimer sa vie c'est envisager le corps pour lui-même ; c'est comme si le grain de blé, dans un grenier, qui se contente d'être grain pour rester en l'état, et ne jamais donner de fruit.
Par opposition la vie éternelle c'est un corps nouveau qui se lève à condition que soit perdu ce qui se prend pour la vie mais n'est que mort, un point c'est tout. Tout ce qui dans ce monde brille de sa propre lumière destinée à s éteindre.

Aujourd’hui nous entendons une promesse que Paul nous rappelle : « Il est devenu pour ceux qui lui obéissent cause du salut éternel. » Une promesse qui doit nous réjouir et fortifier notre foi. Jésus le confirme et en donne le mode « Si quelqu'un me sert qu'il me suive ; » - « Et là,où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu'un me sert mon Père l'honorera » ; Jésus nous attire dans son être de Fils. Au terme, et c'est la notre glorification et notre joie, le maître et le serviteur sont au même lieu, partagent la même condition de Fils, honoré par le Père.

La résurrection concerne toute l 'humanité. Sans elle notre foi est vaine ( St Paul). Mais ne partez pas d ici avec l'idée, qu'il nous faut d'abord mourir pour être fécond et être des germes de paix, de fraternité et de solidarité., Ce n'est pas une question de chronologie, mais une question de choix « Celui qui aime sa vie la perd. » cela paraît clair.

Le grain de blé qui meurt est devenu pain de vie. Que chaque Eucharistie ravive en nous la loi éternelle d'amour et de pardon inscrite dans notre coeur.
« Nous voulons voir Jésus » Contemplons le grain enfoui d'où jaillit la vie éternelle.
Suivons-le pour mieux comprendre qu'une vie donnée est féconde.

Amen
Robert Z.

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