Pour le dimanche de la sainte famille, j'ai le sentiment que l'Evangile d'aujourd'hui nous invite à élargir la famille. Et elle est bien discrète la sainte famille dans le texte, elle se fait voler la vedette par un papy et une mamie.
Plusieurs fois Jésus
se rendra au temple de Jérusalem, là c'est la première fois. Ces
parents accomplissent une démarche de gratitude envers le créateur.
Cet enfant, qui emplit leur vie, est un don, un don de Dieu. C'est
vrai pour toute famille, ça l'est encore plus pour cette famille si
particulière. Dans l'Evangile, les parents font une démarche
religieuse, qui semble codée, ritualisée, puisque qu'on précise
même le nombre et la nature des animaux à offrir en sacrifice.
Mais dans un
déroulement, apparemment précis et organisé, se glisse un
personnage étonnant. Syméon reçoit l'enfant dans ses bras. Syméon,
n'est pas un prêtre, ce n'est pas un scribe ou un docteur de la loi.
Syméon, on dit de lui qu'il est juste et religieux. Il est soumis à
plus grand que la loi, il se laisse conduire par l'Esprit, par trois
fois le texte précise sa relation avec l'Esprit Saint. Il croit à
ce qui lui a été annoncé, qu'il verrait le messie avant de mourir.
Et, curieusement, je
dirai bizarrement, Syméon dont je doute qu'il fut acteur de la
liturgie de l'époque se retrouve avec l'enfant dans les bras.
Je peux dire qu'on a
tous pris à un moment ou à un autre un nouveau-né dans les bras.
On a tous le souvenir des sentiments confus qui se bousculent sur
l'instant. C'est si petit, c'est si plein de vie, ça gigote tant
qu'il va tomber. On tient la vie dans ses bras.
Et bien chez Syméon,
rien de cela, il ne fait pas gouzi-gouzi. Syméon quand il reçoit
l'enfant, ça lui inspire une prière.
Je ne sais pas par
quel enchaînement liturgique, il se trouve que Syméon reçoit
l'enfant dans ses bras, mais cela semble naturel, cela semble aller
de soi.
Peut-être
prenait-il tous les nouveau-nés dans ses bras pour voir si l'un
d'entre eux était le Christ ? Mais cela veut dire que l'Esprit Saint
avait précisé l'âge du messie quand il le rencontrerait. En fait,
le texte précise bien que Syméon, ce jour, a été poussé par
l'Esprit : "Sous l’action de l’Esprit, Syméon vint au
Temple."
Il y a comme une
action de la providence, il y a comme un scénario organisé par
l'Esprit-Saint. Des personnages éloignés les uns des autres, des
inconnus se rejoignent au temple.
Et là, l'un d'entre
eux reçoit l'enfant-Dieu dans ses bras. Un scénario, somme toute à
la fois extraordinaire et fréquent.
Aujourd'hui, nous
tous, sous l'action de l'Esprit Saint, nous nous sommes levés. Nous
avons entendus que nous recevrons une consolation, que nous recevrons
le Christ dans nos mains.
Nous nous sommes
rassemblés, nous qui venons d'horizons différents, nous qui avons
des métiers différents, certains sont inspecteurs des impôts ou
restaurateur de tableaux, d'autre charpentiers-menuisiers, certaines
infirmières ou institutrices. Et comme dirait mon frère Sylvain, je
n'ai rien contre ces professions.
Et qu'est ce qui va
se passer, ici, à cet autel ? Qu'est-ce qui va se passer dans cette
liturgie organisée ? Et bien chacun de nous va recevoir dans ces
mains le corps du Christ.
C'est
fou !
C'est aussi
surprenant que l'histoire de Syméon, le papy de la Sainte Famille.
Il y a de quoi s'émerveillé quand on prend un peu de recul.
Moi
aujourd'hui je partage un repas en frère avec le Christ.
Moi
aujourd'hui je tiens dans mes bras le Christ.
Mes
yeux voient le salut.
Mes
yeux contemplent la lumière du monde.
Dans la confiance,
la saine Famille confie l'enfant-Dieu au creux de nos mains, pour
nous inviter à les rejoindre.
Nous sommes
incorporés à la sainte Famille. C'est ce qui arrive à Syméon, le
papy, il est adopté. Et en grand-père, avec la sagesse qui vient
avec l'âge, il prodigue ses conseils aux parents: "Voici
que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en
Israël. Il sera un signe de contradiction – et toi, ton âme sera
traversée d’un glaive – : ainsi seront dévoilées les pensées
qui viennent du cœur d’un grand nombre."
Comment Marie et
Joseph ont accueilli ces paroles ? On ne sait pas, on sait juste
qu'ils rentrent chez eux dans le calme et la sérénité d'une
famille qui a accompli son devoir. Pourtant, ils ont entendu comme
nous, cette prière que beaucoup de chrétiens récitent le soir
avant de se coucher :
" Maintenant,
ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en
paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais
à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et
donne gloire à ton peuple Israël. "
Dominique
Bourgoin, diacre.
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