Epiphanie / Mt 2 1-12 / Une homélie
Les
mages nous apprennent que cette étoile s’est levée à l’orient.
Les
mages qui eux-même viennent d’orient.
Cette
étoile s’est donc levée chez eux… pas au-dessus de Bethléem.
Elle
ne les a pas guidé jusqu’à Jérusalem. Elle a simplement fait
signe chez eux que quelque chose de nouveau a surgi.
Un
roi est né.
Un
roi lié à une étoile.
Un
roi de la terre qui modifie l’organisation du ciel.
Un
roi qui a à voir avec le ciel.
Cette
étoile a une autre fonction. Elle dit le lieu, mais elle dit aussi
le temps.
Son
apparition à l’orient va permettre à Hérode de déduire l’âge
de l’enfant. C’est bien la question du « Quand »
qu’il se fait préciser par les mages.
Cette
étoile est donc un signe, mais c’est aussi un signal…
Elle
dit que quelque chose a commencé, comme un voyant qui s’allume.
Etrange
étoile décidément.
(...)
Elle
est témoin muet d’une présence.
C’est
cette présence qui conditionne sa lumière…. Rien d’autre.
C’est
de ce roi qu’elle tire son éclat.
C’est
de ce tout petit enfant qu’elle tire son mouvement.
Cette
étoile, c’est avant tout une lumière.
Aujourd’hui
nous célébrons l’épiphanie.
Ça
veut dire quoi « épiphanie » ?
Ça
vient d’un mot qui veut dire, « faire briller »,
« faire voir », « paraître ».
L’Epiphanie,
c’est « l’action de se montrer, la manifestation de la
puissance divine ».
Mais
qu’est-ce qui se manifeste aujourd’hui ?
Qu’est-ce
qui se donne à voir ?
Ce
n’est pas d’abord le petit enfant, mais c’est une lumière.
C’est,
par son étoile, la lumière de cet enfant.
La
liturgie, si vous tendez l’oreille va nous parler de lumière
pendant toute la messe :
« Tu
as révélé ton Fils aux nations grâce à l’étoile qui les
guidait »
« Que
la clarté d’en haut nous dirige en tout temps et en tous lieux »
Et
toute la bénédiction solennelle que nous recevrons à la fin de la
messe est construite sur cette histoire de lumière.
Ne
perdons pas de vue cette étoile.
Elle
brille de la lumière de celui qui est encore caché, tout petit dans
les bras de sa mère.
Aujourd’hui,
ce n’est pas sa royauté qui se manifeste, sa royauté, il en sera
question autour de la croix.
Aujourd’hui,
c’est son éclat qui se manifeste.
Par
cette étoile, il ne fait pas qu’indiquer son adresse et sa date de
naissance, il se dit lui-même !
Au
dernier chapitre de l’apocalypse, une dernière parole est
rapportée, et voici ce qu’elle dit :
«
Moi, Jésus (…), je suis le rejeton et la race de David,
l’étoile resplendissante du matin ».
Cette
étoile ne cesse donc jamais de briller pour nous.
A
nous d’en scruter les éclats qui peuvent surgir dans nos vies.
Les
timides scintillements qui nous disent que le Christ se tient là,
dans le secret de nos vies, qu’il y fasse jour ou nuit.
Elle
nous indique le matin qui fait toutes choses nouvelles.
╬ Amen
Sylvain
Diacre
Et le Verbe s'est fait chair / Jn 1 / Une Homélie
« Et
le Verbe s’est fait chair ».
Qu’est-ce
que ça peut bien vouloir dire ?
Dieu
s’est fait chair, Dieu a pris chair de la Vierge Marie, dit-on.
Mais
ce n’est pas n’importe quoi de Dieu qui s’est fait chair, c’est
le Verbe.
Le
Verbe, pour faire simple, disons que c’est la parole agissante de
Dieu.
Vous
vous souvenez dans la genèse : « Dieu dit « que
la lumière soit » et la lumière fut ».
Quand
dieu parle, ça fait.
Sa
Parole est action. Son Verbe est efficace.
Et
le Verbe s’est fait chair.
C’est
donc que cette parole qui fait, cette parole puissante,
vivante, créatrice, se fait chair.
Pas
qu’elle entre dans un corps comme on entre dans un taxi, pour se
promener un moment parmi les hommes et repartir au bout d’un
moment.
Non,
le Verbe de Dieu n’est pas en visite dans la chair, il n’est pas
passager clandestin du corps de Jésus.
Si
le Verbe se fait chair, ça
ne concerne d’ailleurs pas seulement Jésus, mais bien toute
chair...
A
partir de maintenant, à partir de cette nuit, le Verbe et la chair
sont intimement liés.
Intimement
et pour toujours.
Cela
signifie donc, qu’à partir de cette nuit de Noël, dès qu’il
s’agira de chair, il faudra entendre qu’il s’agit aussi
de Verbe… de Dieu qui parle.
Et
dès qu’on essaiera d’entendre Dieu qui parle, il faudra se
tourner du côté de la chair.
Vous
mesurez la révolution que cela signifie ?! Le bouleversement
dont je parlais au début ?
Dans
ces temps où la chair n’est comprise que comme une mécanique plus
ou moins en bon état, plus ou moins réparable, modifiable,
bricolable…
Dans
ces temps où la chair n’est plus bonne à rien passé quarante
ans…
Où
la chair est, au mieux assignée au silence, au pire condamnée.
Mais
aussi dans ces temps où l’on croit que seul l’Esprit nous parle
dans les hautes sphères de nos spiritualités éthérées….
Maladie
de nos spiritualités qui pensent qu’il faut écarter la chair pour
mieux entendre l’Esprit… comme si l’Esprit n’avait rien à
voir avec la chair !
Le
Verbe s’est fait chair
(...)
Pas
étonnant que nous ayons vécu un déferlement d’anges cette
nuit…. Eux qui n’ont pas de chair mesurent cette grâce infinie
qui nous est faite !!
Toute
chair est désormais habitée !
Toute
chair porte la Parole créatrice de Dieu !
Et
donc, il n’y a plus de chair condamnée
La
chair souffrante, la chair malade, la chair vieillissante,
douloureuse, méprisée, diminuée… cette chair est le lieu de
Dieu.
Dieu
s’y tient
Dieu
y parle
Il
n’y a rien de plus divin que nos chairs
Car
Dieu a choisi d’y descendre
Car
Dieu a voulu tout en assumer… jusqu’à la souffrance et la mort.
(...)
Joyeux
Noël
╬ Amen
Sylvain
diacre
Noël 2018 / L'homélie de la messe de la nuit
Mais le signe de quoi ?
Le signe c'est que dans la ville de David est né le Christ.
Heureusement qu'il y avait des trompettes et des chants pour
réveiller les bergers. Car recevoir autant d'informations au réveil,
il faut de l'agilité dans la matière grise et du jus de cerveau
plutôt frais pour percuter.
Je ne sais pas si vous vous êtes déjà mis dans la peau des
bergers. Mais cela doit faire drôle de se faire réveiller en
sursaut par une soudaine clarté. Il faut être d'une bonne
composition pour accepter de se faire secouer de la sorte et qu'on
vous souffle de la trompette dans les oreilles comme ce qui vient
d'être énoncé dans l'Evangile.
Je vous propose d'enquêter ensemble sur le message avec le même
cerveau ensommeillé que les bergers.
"Aujourd’hui, dans la ville de David," Pas
de problème, c'est clair, on situe bien, il s'agit de Jérusalem.
Nous sommes à Bethléem, les villes sont proches. De nos jours,
elles forment une seule et même agglomération.
"Vous est né un Sauveur", c'est déjà plus
mystérieux. En tant que berger, je ne comprends pas tout mais bon.
Il faut reconnaître que nous les bergers, nous sommes occupés et
que ce recensement, ça nous gâche bien la vie.
"Qui est le Christ, le Seigneur." Là, tout
s'éclaire, il vient celui que les écritures annoncent depuis si
longtemps. De ce qu'on en a lu, il va faire le ménage. Car il en
porte des titres, tenez voici comment le prophète Isaïe l'annonce :
"Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais,
Prince-de-la-Paix. "
Et le début du message : "Ne craignez pas, car voici que
je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour
tout le peuple." Il faut bien être berger pour accepter
sans contester, sans réfléchir, l'annonce de l'ange.
Le message de l'ange entre en résonnance avec des choses entendues
par les bergers. Car il faut dire que les bergers sont préparés à
cette annonce. Ils ont entendu parler d'Isaïe. Et depuis très
longtemps, depuis que Dieu a fait alliance avec Abraham, on se
raconte qu'un Messie doit venir. Les prophètes l'ont annoncé. Pour
eux, le temps est venu alors ils se lèvent.
Et de fait, les bergers vont se rendre à la crèche et adorer
l'enfant. Ils vont accepter de voir Dieu s'incarné dans ce petit
enfant. L'enfant est déjà comme en position de sacrifice,
emmailloté. Il est comme empêché de ses mouvements. Et déjà,
l'enfant préfigure son don. Il déjà prêt à se donner en
nourriture, lui qui est couché dans une mangeoire.
Ce jour-là tout est bouleversé. Ce sauveur, qu'on imagine armé, à
la tête d'une armée, il se présente sous la forme d'un enfant sans
défense.
Ce jour-là, tout est renversé. Ce Dieu qu'on craint d'Amour mais
aussi un peu de peur prend chair dans le corps d'un enfant né d'une
vierge. Ce Dieu d'amour ne condescend plus son regard vers sa
créature. Il partage la condition des hommes et il lève les yeux
sur eux. Ainsi plus tard, Jésus lèvera-t'il les yeux sur Zachée.
Il lèvera les yeux sur la femme adultère.
Mes amis, rendez-vous compte, c'est fou. Notre Dieu n'est pas un Dieu
stratosphérique. Notre Dieu s'est fait homme. Notre Dieu vient
partager nos peines et nos joies. Il connaît nos faiblesses et nos
péchés. Il vient nous dire en levant les yeux sur nous tous l'Amour
et la miséricorde du Père.
Cette réalité, cette vérité sur notre Dieu, saint François a
voulu la rendre tangible.
C'est pour cela qu'en 1223,
François qui se trouvait à Greccio, une ville
de l’Italie, il a voulu célébrer la messe dans la grotte que lui
a prêté son ami. Il lui dit qu'il veut célébrer Noël dans la
grotte. On y installera une mangeoire pleine de foin. On fera venir
un bœuf et un âne. Tout pour que cela ressemble à la crèche où
est né Jésus. Tout pour que l'incarnation se fasse vérité.
François, qui assiste le prêtre à l’autel en qualité de diacre,
parle si bien à la foule de la naissance de Jésus et de ce que veut
dire Noël que tous sont remplis d’une grande joie.
Cette joie vient de ce que François parle d'un Dieu qui s'incarne.
François parle d'un Dieu qui se fait proche de nous.
Alors si Dieu se fait si proche de nous, faisons-nous proche de Lui.
Ne nous éloignons pas de lui en le plaçant si loin et si haut.
Jésus nous veut pour ami. Il nous veut dans un compagnonnage
quotidien, dans la prière et le partage de sa parole.
Acceptons mes amis, ce Dieu, ce Christ qui vient à notre rencontre
dans l'Eucharistie, à cet autel.
Soyons reconnaissant pour son sacrifice en notre faveur, en faveur de
la multitude.
Notre Dieu s´est fait homme pour que l´homme soit Dieu,
Mystère inépuisable, fontaine du Salut.
Quand Dieu dresse la table, Il convie ses amis,
Pour que sa vie divine soit aussi notre vie !
Mystère inépuisable, fontaine du Salut.
Quand Dieu dresse la table, Il convie ses amis,
Pour que sa vie divine soit aussi notre vie !
Amen
!
Dominique Bourgoin, diacre.
L'enfant tressaillit en elle / Luc 1 39-45 / Une homélie
Pas le temps de souffler pour Marie. A peine a-t'elle reçu l'annonce
extraordinaire de l'ange, qu'elle prend la route pour rendre visite à
sa cousine Elisabeth.
C'est peut-être le désir de partager l'expérience de la maternité
avec sa cousine qui pousse Marie sur le chemin.
C'est peut-être aussi pour prendre de la distance avec ses proches
car Marie n'est pas mariée et elle attend un enfant. L'explication
n'est pas si facile à donner.
C'est aussi plus mystérieusement parce que déjà, le Christ prend
les chemins ouverts par le précurseur.
Dans ce désir de visitation, il y a du mouvement. Je ne sais pas
pourquoi mais dans ces quelques versets de l'Evangile de ce dimanche,
il se perçoit du mouvement.
C'est la vie qui veut cela. La vie c'est du mouvement, surtout la vie
qui naît. Les mamans, plus que les papas, font l'expérience de la
vie, qui grandit, par le mouvement. Mais, je garde gravé dans ma
mémoire la sensation de l'enfant qui bouge dans le ventre de mon
épouse. C'est bouleversant de sentir un enfant tressaillir dans le
ventre d'une femme.
C'est bouleversant de poser sa main sur le côté gauche et de sentir
l'enfant s'approcher en rampant, en nageant vers la chaleur de la
main.
C'est étrange de sentir la vie qui grandit sans nous. Une vie qui
grandit sans que, nous les papas, nous tenions la main. Une vie qui
grandit alors que nous ne sommes que spectateurs.
Alors, c'est le temps de l'attente, le temps de la préparation de la
venue de l'enfant. On prépare sa chambre. On choisit un prénom de
fille et un prénom de garçon. On se prépare au changement de vie.
Rien ne sera plus pareil quand l'enfant paraîtra. Les habitudes, le
train-train dans lequel nous nous sommes installés, tout cela va
être perturbé.
En fait, la gestation et la naissance de Jésus décrites dans les
Evangiles sont tout-à-fait banales par certains aspects.
Et tout comme les parents de Jésus, nous aussi nous sommes dans
l'attente. Mais nous sommes dans l'attente de celui qui est lui-même
à l'origine de la vie.
Nous sommes dans l'attente de notre Dieu qui s'incarne. Nous sommes
dans l'attente du Christ qui se fait proche, qui lève les yeux vers
nous, celui dont le nom est "Dieu avec nous"
Et ce "Dieu avec nous", Emmanuel, il rejoint nos vies, il
passe chez nous, dans nos demeures. Il touche notre chair semblable à
la sienne.
Et quand le Seigneur passe, comme pour Elisabeth, ça tressaille en
nous. Ca nous prend à l'improviste, comme pour Elisabeth qui
pourtant ne savait pas que Marie était enceinte.
Ça nous prend à l'improviste, car nous ne sommes pas toujours
disponibles à écouter la voix du Seigneur.
Ça peut nous prendre en montagne devant la beauté de la création.
Nous pouvons être émus par l'immensité de l'océan. Ça nous
saisit dans la prière, à l'Eucharistie.
Nous ne savons pas pourquoi mais cette fois-ci c'est différent,
c'est différent parce que le Seigneur passe et en ce temps-là nous
sommes disponibles à sa venue.
Être disponible, tout est là ! Se tenir prêt, une lampe allumée !
Veiller et prier pour la venue du Seigneur ! Voilà la disposition à
laquelle nous invite l'Eglise pour ce temps de l'avent. Être
disponible pour la visite du Seigneur, une visite concrète, une
visite réelle.
Le synode, inspiré par l'Esprit-Saint, nous invite à renouveler
l'expérience de la visitation dans la dimension d'une paroisse.
Durant le synode, nous sommes allés à Coutras dans le Libournais et
à Saint André de Cubzac dans le Blayais.
Il ne s'agit pas seulement de partager des pratiques pastorales, de
comparer nos manières de faire du catéchisme ou de préparer les
mariages. C'est bien plus que cela, ce sont des chrétiens qui
migrent vers d'autres chrétiens le temps d'un dimanche. Et là, ça
tressaille. Nous sommes témoins des fruits de la rencontre lors de
ces visitations.
Pour l'année qui vient, souhaitons que des paroisses veuillent nous
visiter. Préparons-nous à accueillir, comme le fit Elisabeth, des
femmes et des hommes d'une autre paroisse pour que grandisse en nous
la joie de recevoir.
Mes amis, Noël est proche, préparons-nous dans la joie à cette
fête. Et pourquoi ne pas méditer l'attitude d'Elisabeth qui a
ressenti la joie de son fils dans son ventre :
"Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à
mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi."
Elisabeth qui est disponible à la venue du Seigneur, lui qui
s'incarne dans le ventre d'une femme.
Que ta main soutienne ton protégé,
le fils de l’homme qui te doit sa force.
Jamais plus nous n’irons loin de toi :
fais-nous vivre et invoquer ton nom !
le fils de l’homme qui te doit sa force.
Jamais plus nous n’irons loin de toi :
fais-nous vivre et invoquer ton nom !
Amen
!
Dominique Bourgoin, diacre.
"Gaudete !" / Luc 3 10-18 / Une homélie
Nous sommes le 3e dimanche de l'avent, celui que l’on
appelle gaudete « réjouissez vous » Pendant le carême nous
avons le même, il s’appelle « laetare »
Ce dispositif liturgique est il fait pour nous reposer un dimanche de
la pénitence, du manque et du deuil que le temps de l'avent est
censé nous proposer dans l’attente
En tout cas les textes choisis et entendus aujourd’hui insistent,
on dirait la méthode Coué, qui sert à se persuader de quelque
chose qui ne paraît pas évident :
« Pousse de cris de joie, fille de Sion ! Réjouis toi
de tout ton cœur bondis de joie » ( Sophonie)
« Jubilez, criez de joie habitants de Sion »
cantique d'Isaïe
« frères soyez tous dans la joie du Seigneur »
On se sent un peu forcé. Avons-nous vraiment envie d'être dans la
joie, au milieu des tribulations ordinaires et extraordinaires de nos
vies, de notre actualité ?!!!
La liturgie s'obstine à nous vouloir aujourd'hui dans la joie,
malgré tout ce qui a l’air parfois de contredire une jubilation
spontanée en nous et autour de nous.
S'agit-il simplement d'être joyeux, de jubiler ou s' agit il d’autre
chose ?
Les textes que j’ai cité heureusement nous donnent aussi la raison
de la joie
Sophonie précise : « Le Seigneur a levé les
sentences qui pesaient sur toi, il a écarté tes ennemis. Le
Seigneur est en toi »
Dans le cantique d’Isaïe nous entendons « Voici le Dieu
qui nous sauve : j ai confiance je n ai plus de crainte »
«Le Seigneur est proche » Paul y voit la cause profonde
de notre sérénité ;
Bientôt dans la nuit de Noël nous entendrons le cri de l'ange : «
Ne craignez pas, voici que je vous annonce une bonne nouvelle, une
grande joie pour tout le peuple, aujourd'hui vous est né un
sauveur ».
Étonnement la tonalité joyeuse n’apparaît clairement pas dans
l’Evangile de ce dimanche qui semble un peu austère… alors que
le Sauveur y est annoncé
Un peuple en attente s'est regroupé autour de Jean pour recevoir de
lui un baptême de conversion. Ce peuple est assez hétérogène. Luc
nomme explicitement trois catégories de gens ; Les foules, gens
du pays, les publicains collecteurs d'impôts, assez mal vus, les
soldats, militaires de l'occupation romaine et mercenaires d'Hérode.
Chaque groupe pose à Jean cette question inattendue « Que
devons nous faire ? » sous-entendu sans doute pour
nous convertir.
On ne demande pas à Jean ce qu'il faut croire, mais ce qu'il faut
faire. Ce peuple touché par la voix de Jean dans le désert se rend
disponible il ne sait pas encore à quoi ou à qui.
La réponse de Jean renvoie chaque fois à des aspects concrets de la
vie des uns et des autres. A la foule il conseille le partage, aux
collecteurs, la justice, aux soldats la modération. Jean ne propose
pas une nouvelle discipline morale. Simplement il marque quelques
limites au service de l'attente.
C'est par le partage, ( qui ne se réduit pas au matériel) par la
recherche de la justice et la modération que nous aplanirons
aujourd'hui le chemin de Celui qui vient. Chacun d'entre nous est
invité là où il agit à sortir de ses habitudes pour porter un
regard nouveau sur l autre, celui qui est à côté de moi.
Nous sentons au cœur des questions et encore plus au cœur des
réponses de Jean-Baptiste comment la relation aux autres est touchée
et interrogée par cette annonce : « Il
vient celui qui est plus puissant que moi ». - « Et je n
ai pas la force de délier la courroie de ses sandales. »
car cette venue n est pas l’œuvre des hommes, je n’y suis pour
rien.
Et de plus alors que nous pensons qu'il vient chez nous, nous sommes
déjà chez lui.
Nous croyions être entre nous mais nous sommes dans son aire.
C'est lui qui va nettoyer son aire et y faire un tri.
« Le Seigneur est en toi », c'est
donc en nous qu’il vient faire le tri et non pas entre nous.
Et que devons nous faire ??
je pense que nous devons LE laisser faire.
Il vient nous délester de ce qui alourdit nos relations, Il vient
nous libérer de l'égocentrisme, voire de l'orgueil qui empêche que
nos partages soient sans arrières pensées et sans calculs, et
empêche une véritable fraternité humaine où chacun se tourne en
vérité vers l’autre pour le servir. Il nous donne la grâce de
nous ajuster à sa justice pour le bien de tous.
Si nous laissons la paille brûler, ( et il ne s'agit à l'évidence
pas ici de l enfer, mais peut-être le feu permanent de l'Esprit) il
restera le grain, le blé …..le meilleur.
Le Seigneur remet la joie dans nos vies au-delà,de ce qui peut nous
attrister
Pour accueillir Celui qui vient il faut une démarche
volontaire comme un combat pour cultiver non la tristesse, non
la morosité, le défaitisme un combat, pour arrêter d'alimenter
entre nous de fausses peurs, mais un combat pour cultiver
l’allégresse car « les démons ne peuvent rien contre
l'allégresse » St François d’Assise
La joie dont nous parle la liturgie et que nous annonce Jean Le
Baptiste en Celui qui vient c'est l'expérience d'être sauvé
Jubilons, soyons dans la joie, nous sommes sauvés
Amen
Robert Z.
Se tenir debout devant le Fils de l'homme / Luc 21 25-36/ Une homélie
Les
nations affolées, désemparées… les hommes qui meurent de peur….
Et
tout ça pourquoi ?
A
cause du bruit de la mer et des flots, à cause de ce qui doit
arriver au monde…
De
quoi s’agit-il ?
Le
fracas de la mer et des flots : de l’écume et
du vent !
Rien
qui tienne, rien de réel
Ce
qui doit arriver au monde : ce que personne ne sait !
du
fantasme, du cauchemar, rien de réel.
Nous
y sommes, c’est notre temps aujourd’hui ! c’est toujours
l’aujourd’hui des hommes.
Les
hommes aiment se faire peur, les nations tremblent devant le bruit et
le vent.
Il
suffit d’écouter un peu la radio, d’ouvrir quelques journaux, de
tendre l’oreille au café du coin : le monde va mal, la maison
brûle, la guerre est pour demain, la planète est foutue, les
ennemis nous cernent, nous sommes nos propres ennemis, l’Église
est en crise, l’humanité vit ses derniers feux, tout s’effondre,
le pire est pour demain…
Du
bruit et du vent.
Alors
chanter que tout irait très bien et que le monde est en pleine santé
serait aussi dangereux et absurde que de dire qu’il est à sa fin.
Il
y a bien des choses à faire pour tenter d’améliorer les choses.
Mais
ce n’est pas la question ici.
(...)
Que
faire de ce temps de l’avent ?
Faire
maigrir nos cœurs !
Alléger
nos cœurs… les mettre au régime.
Je
vous propose un régime sans peur, un régime allégé en soucis du
monde.
Je
vous fais une ordonnance de quatre semaines pour un régime sans
fracas, une abstinence de trouille, de panique et de regards affolés
sur le monde.
Faisons
le vide de tout ce rien du tout de la mort qui prend toute la
place dans nos vies et dans nos cœurs.
Mais
faisons-le sérieusement.
Quand
vous verrez le violet sur nos vêtements, rappelez-vous que nous
sommes en cure… en deuil de la grande peur.
Alors,
comme le dit Paul, nos cœurs s’affermiront, alors, nous serons
plus légers pour pouvoir nous mettre debout, pour nous tenir debout
devant le fils de l’homme qui vient.
Car
il nous veut debout devant lui ! Ni assis, ni à genoux !
Le
monde va faire de ces semaines avant Noël, un temps d’accumulation,
faisons
de ce temps un temps de vide.
Alors,
peut-être la nuit de Noël nous trouvera debout
Debout
devant l’enfant,
L’enfant
couché dans la mangeoire.
« Redressez-vous,
relevez la tête, car votre délivrance approche »
╬ Amen
Sylvain
diacre
Inscription à :
Articles (Atom)