Pas le temps de souffler pour Marie. A peine a-t'elle reçu l'annonce
extraordinaire de l'ange, qu'elle prend la route pour rendre visite à
sa cousine Elisabeth.
C'est peut-être le désir de partager l'expérience de la maternité
avec sa cousine qui pousse Marie sur le chemin.
C'est peut-être aussi pour prendre de la distance avec ses proches
car Marie n'est pas mariée et elle attend un enfant. L'explication
n'est pas si facile à donner.
C'est aussi plus mystérieusement parce que déjà, le Christ prend
les chemins ouverts par le précurseur.
Dans ce désir de visitation, il y a du mouvement. Je ne sais pas
pourquoi mais dans ces quelques versets de l'Evangile de ce dimanche,
il se perçoit du mouvement.
C'est la vie qui veut cela. La vie c'est du mouvement, surtout la vie
qui naît. Les mamans, plus que les papas, font l'expérience de la
vie, qui grandit, par le mouvement. Mais, je garde gravé dans ma
mémoire la sensation de l'enfant qui bouge dans le ventre de mon
épouse. C'est bouleversant de sentir un enfant tressaillir dans le
ventre d'une femme.
C'est bouleversant de poser sa main sur le côté gauche et de sentir
l'enfant s'approcher en rampant, en nageant vers la chaleur de la
main.
C'est étrange de sentir la vie qui grandit sans nous. Une vie qui
grandit sans que, nous les papas, nous tenions la main. Une vie qui
grandit alors que nous ne sommes que spectateurs.
Alors, c'est le temps de l'attente, le temps de la préparation de la
venue de l'enfant. On prépare sa chambre. On choisit un prénom de
fille et un prénom de garçon. On se prépare au changement de vie.
Rien ne sera plus pareil quand l'enfant paraîtra. Les habitudes, le
train-train dans lequel nous nous sommes installés, tout cela va
être perturbé.
En fait, la gestation et la naissance de Jésus décrites dans les
Evangiles sont tout-à-fait banales par certains aspects.
Et tout comme les parents de Jésus, nous aussi nous sommes dans
l'attente. Mais nous sommes dans l'attente de celui qui est lui-même
à l'origine de la vie.
Nous sommes dans l'attente de notre Dieu qui s'incarne. Nous sommes
dans l'attente du Christ qui se fait proche, qui lève les yeux vers
nous, celui dont le nom est "Dieu avec nous"
Et ce "Dieu avec nous", Emmanuel, il rejoint nos vies, il
passe chez nous, dans nos demeures. Il touche notre chair semblable à
la sienne.
Et quand le Seigneur passe, comme pour Elisabeth, ça tressaille en
nous. Ca nous prend à l'improviste, comme pour Elisabeth qui
pourtant ne savait pas que Marie était enceinte.
Ça nous prend à l'improviste, car nous ne sommes pas toujours
disponibles à écouter la voix du Seigneur.
Ça peut nous prendre en montagne devant la beauté de la création.
Nous pouvons être émus par l'immensité de l'océan. Ça nous
saisit dans la prière, à l'Eucharistie.
Nous ne savons pas pourquoi mais cette fois-ci c'est différent,
c'est différent parce que le Seigneur passe et en ce temps-là nous
sommes disponibles à sa venue.
Être disponible, tout est là ! Se tenir prêt, une lampe allumée !
Veiller et prier pour la venue du Seigneur ! Voilà la disposition à
laquelle nous invite l'Eglise pour ce temps de l'avent. Être
disponible pour la visite du Seigneur, une visite concrète, une
visite réelle.
Le synode, inspiré par l'Esprit-Saint, nous invite à renouveler
l'expérience de la visitation dans la dimension d'une paroisse.
Durant le synode, nous sommes allés à Coutras dans le Libournais et
à Saint André de Cubzac dans le Blayais.
Il ne s'agit pas seulement de partager des pratiques pastorales, de
comparer nos manières de faire du catéchisme ou de préparer les
mariages. C'est bien plus que cela, ce sont des chrétiens qui
migrent vers d'autres chrétiens le temps d'un dimanche. Et là, ça
tressaille. Nous sommes témoins des fruits de la rencontre lors de
ces visitations.
Pour l'année qui vient, souhaitons que des paroisses veuillent nous
visiter. Préparons-nous à accueillir, comme le fit Elisabeth, des
femmes et des hommes d'une autre paroisse pour que grandisse en nous
la joie de recevoir.
Mes amis, Noël est proche, préparons-nous dans la joie à cette
fête. Et pourquoi ne pas méditer l'attitude d'Elisabeth qui a
ressenti la joie de son fils dans son ventre :
"Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à
mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi."
Elisabeth qui est disponible à la venue du Seigneur, lui qui
s'incarne dans le ventre d'une femme.
Que ta main soutienne ton protégé,
le fils de l’homme qui te doit sa force.
Jamais plus nous n’irons loin de toi :
fais-nous vivre et invoquer ton nom !
le fils de l’homme qui te doit sa force.
Jamais plus nous n’irons loin de toi :
fais-nous vivre et invoquer ton nom !
Amen
!
Dominique Bourgoin, diacre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire