Noël 2018 / L'homélie de la messe de la nuit

"Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire."
Mais le signe de quoi ?
Le signe c'est que dans la ville de David est né le Christ.
Heureusement qu'il y avait des trompettes et des chants pour réveiller les bergers. Car recevoir autant d'informations au réveil, il faut de l'agilité dans la matière grise et du jus de cerveau plutôt frais pour percuter.
Je ne sais pas si vous vous êtes déjà mis dans la peau des bergers. Mais cela doit faire drôle de se faire réveiller en sursaut par une soudaine clarté. Il faut être d'une bonne composition pour accepter de se faire secouer de la sorte et qu'on vous souffle de la trompette dans les oreilles comme ce qui vient d'être énoncé dans l'Evangile.
Je vous propose d'enquêter ensemble sur le message avec le même cerveau ensommeillé que les bergers.
"Aujourd’hui, dans la ville de David," Pas de problème, c'est clair, on situe bien, il s'agit de Jérusalem. Nous sommes à Bethléem, les villes sont proches. De nos jours, elles forment une seule et même agglomération.
"Vous est né un Sauveur", c'est déjà plus mystérieux. En tant que berger, je ne comprends pas tout mais bon. Il faut reconnaître que nous les bergers, nous sommes occupés et que ce recensement, ça nous gâche bien la vie.
"Qui est le Christ, le Seigneur." Là, tout s'éclaire, il vient celui que les écritures annoncent depuis si longtemps. De ce qu'on en a lu, il va faire le ménage. Car il en porte des titres, tenez voici comment le prophète Isaïe l'annonce : "Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix. "
Et le début du message : "Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple." Il faut bien être berger pour accepter sans contester, sans réfléchir, l'annonce de l'ange.
Le message de l'ange entre en résonnance avec des choses entendues par les bergers. Car il faut dire que les bergers sont préparés à cette annonce. Ils ont entendu parler d'Isaïe. Et depuis très longtemps, depuis que Dieu a fait alliance avec Abraham, on se raconte qu'un Messie doit venir. Les prophètes l'ont annoncé. Pour eux, le temps est venu alors ils se lèvent.
Et de fait, les bergers vont se rendre à la crèche et adorer l'enfant. Ils vont accepter de voir Dieu s'incarné dans ce petit enfant. L'enfant est déjà comme en position de sacrifice, emmailloté. Il est comme empêché de ses mouvements. Et déjà, l'enfant préfigure son don. Il déjà prêt à se donner en nourriture, lui qui est couché dans une mangeoire.
Ce jour-là tout est bouleversé. Ce sauveur, qu'on imagine armé, à la tête d'une armée, il se présente sous la forme d'un enfant sans défense.
Ce jour-là, tout est renversé. Ce Dieu qu'on craint d'Amour mais aussi un peu de peur prend chair dans le corps d'un enfant né d'une vierge. Ce Dieu d'amour ne condescend plus son regard vers sa créature. Il partage la condition des hommes et il lève les yeux sur eux. Ainsi plus tard, Jésus lèvera-t'il les yeux sur Zachée. Il lèvera les yeux sur la femme adultère.
Mes amis, rendez-vous compte, c'est fou. Notre Dieu n'est pas un Dieu stratosphérique. Notre Dieu s'est fait homme. Notre Dieu vient partager nos peines et nos joies. Il connaît nos faiblesses et nos péchés. Il vient nous dire en levant les yeux sur nous tous l'Amour et la miséricorde du Père.
Cette réalité, cette vérité sur notre Dieu, saint François a voulu la rendre tangible.
C'est pour cela qu'en 1223, François qui se trouvait à Greccio, une ville de l’Italie, il a voulu célébrer la messe dans la grotte que lui a prêté son ami. Il lui dit qu'il veut célébrer Noël dans la grotte. On y installera une mangeoire pleine de foin. On fera venir un bœuf et un âne. Tout pour que cela ressemble à la crèche où est né Jésus. Tout pour que l'incarnation se fasse vérité.
François, qui assiste le prêtre à l’autel en qualité de diacre, parle si bien à la foule de la naissance de Jésus et de ce que veut dire Noël que tous sont remplis d’une grande joie.
Cette joie vient de ce que François parle d'un Dieu qui s'incarne. François parle d'un Dieu qui se fait proche de nous.
Alors si Dieu se fait si proche de nous, faisons-nous proche de Lui. Ne nous éloignons pas de lui en le plaçant si loin et si haut. Jésus nous veut pour ami. Il nous veut dans un compagnonnage quotidien, dans la prière et le partage de sa parole.
Acceptons mes amis, ce Dieu, ce Christ qui vient à notre rencontre dans l'Eucharistie, à cet autel.
Soyons reconnaissant pour son sacrifice en notre faveur, en faveur de la multitude.


Notre Dieu s´est fait homme pour que l´homme soit Dieu,
Mystère inépuisable, fontaine du Salut.
Quand Dieu dresse la table, Il convie ses amis,
Pour que sa vie divine soit aussi notre vie ! 
Amen !
Dominique Bourgoin, diacre.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire