Nous sommes le 3e dimanche de l'avent, celui que l’on
appelle gaudete « réjouissez vous » Pendant le carême nous
avons le même, il s’appelle « laetare »
Ce dispositif liturgique est il fait pour nous reposer un dimanche de
la pénitence, du manque et du deuil que le temps de l'avent est
censé nous proposer dans l’attente
En tout cas les textes choisis et entendus aujourd’hui insistent,
on dirait la méthode Coué, qui sert à se persuader de quelque
chose qui ne paraît pas évident :
« Pousse de cris de joie, fille de Sion ! Réjouis toi
de tout ton cœur bondis de joie » ( Sophonie)
« Jubilez, criez de joie habitants de Sion »
cantique d'Isaïe
« frères soyez tous dans la joie du Seigneur »
On se sent un peu forcé. Avons-nous vraiment envie d'être dans la
joie, au milieu des tribulations ordinaires et extraordinaires de nos
vies, de notre actualité ?!!!
La liturgie s'obstine à nous vouloir aujourd'hui dans la joie,
malgré tout ce qui a l’air parfois de contredire une jubilation
spontanée en nous et autour de nous.
S'agit-il simplement d'être joyeux, de jubiler ou s' agit il d’autre
chose ?
Les textes que j’ai cité heureusement nous donnent aussi la raison
de la joie
Sophonie précise : « Le Seigneur a levé les
sentences qui pesaient sur toi, il a écarté tes ennemis. Le
Seigneur est en toi »
Dans le cantique d’Isaïe nous entendons « Voici le Dieu
qui nous sauve : j ai confiance je n ai plus de crainte »
«Le Seigneur est proche » Paul y voit la cause profonde
de notre sérénité ;
Bientôt dans la nuit de Noël nous entendrons le cri de l'ange : «
Ne craignez pas, voici que je vous annonce une bonne nouvelle, une
grande joie pour tout le peuple, aujourd'hui vous est né un
sauveur ».
Étonnement la tonalité joyeuse n’apparaît clairement pas dans
l’Evangile de ce dimanche qui semble un peu austère… alors que
le Sauveur y est annoncé
Un peuple en attente s'est regroupé autour de Jean pour recevoir de
lui un baptême de conversion. Ce peuple est assez hétérogène. Luc
nomme explicitement trois catégories de gens ; Les foules, gens
du pays, les publicains collecteurs d'impôts, assez mal vus, les
soldats, militaires de l'occupation romaine et mercenaires d'Hérode.
Chaque groupe pose à Jean cette question inattendue « Que
devons nous faire ? » sous-entendu sans doute pour
nous convertir.
On ne demande pas à Jean ce qu'il faut croire, mais ce qu'il faut
faire. Ce peuple touché par la voix de Jean dans le désert se rend
disponible il ne sait pas encore à quoi ou à qui.
La réponse de Jean renvoie chaque fois à des aspects concrets de la
vie des uns et des autres. A la foule il conseille le partage, aux
collecteurs, la justice, aux soldats la modération. Jean ne propose
pas une nouvelle discipline morale. Simplement il marque quelques
limites au service de l'attente.
C'est par le partage, ( qui ne se réduit pas au matériel) par la
recherche de la justice et la modération que nous aplanirons
aujourd'hui le chemin de Celui qui vient. Chacun d'entre nous est
invité là où il agit à sortir de ses habitudes pour porter un
regard nouveau sur l autre, celui qui est à côté de moi.
Nous sentons au cœur des questions et encore plus au cœur des
réponses de Jean-Baptiste comment la relation aux autres est touchée
et interrogée par cette annonce : « Il
vient celui qui est plus puissant que moi ». - « Et je n
ai pas la force de délier la courroie de ses sandales. »
car cette venue n est pas l’œuvre des hommes, je n’y suis pour
rien.
Et de plus alors que nous pensons qu'il vient chez nous, nous sommes
déjà chez lui.
Nous croyions être entre nous mais nous sommes dans son aire.
C'est lui qui va nettoyer son aire et y faire un tri.
« Le Seigneur est en toi », c'est
donc en nous qu’il vient faire le tri et non pas entre nous.
Et que devons nous faire ??
je pense que nous devons LE laisser faire.
Il vient nous délester de ce qui alourdit nos relations, Il vient
nous libérer de l'égocentrisme, voire de l'orgueil qui empêche que
nos partages soient sans arrières pensées et sans calculs, et
empêche une véritable fraternité humaine où chacun se tourne en
vérité vers l’autre pour le servir. Il nous donne la grâce de
nous ajuster à sa justice pour le bien de tous.
Si nous laissons la paille brûler, ( et il ne s'agit à l'évidence
pas ici de l enfer, mais peut-être le feu permanent de l'Esprit) il
restera le grain, le blé …..le meilleur.
Le Seigneur remet la joie dans nos vies au-delà,de ce qui peut nous
attrister
Pour accueillir Celui qui vient il faut une démarche
volontaire comme un combat pour cultiver non la tristesse, non
la morosité, le défaitisme un combat, pour arrêter d'alimenter
entre nous de fausses peurs, mais un combat pour cultiver
l’allégresse car « les démons ne peuvent rien contre
l'allégresse » St François d’Assise
La joie dont nous parle la liturgie et que nous annonce Jean Le
Baptiste en Celui qui vient c'est l'expérience d'être sauvé
Jubilons, soyons dans la joie, nous sommes sauvés
Amen
Robert Z.
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