La chair du Fils de l’Homme /Jn 6, 51-58 / Une homélie


 Nous voici au cœur de ce long discours du Pain de Vie dans l’évangile de Jean. Une chair à manger, un sang à boire, le texte insiste de manière incompréhensible et dérangeante. Ce n’est pas la chair et le sang de Jésus dont il s’agit, bien sûr ! c’est une façon de parler mais cette insistance est là pour nous en dire l’importance. C’est un mystère mais nous avons à en accueillir sa sagesse. Le livre des Proverbes nous invitait à un repas préparé par la Sagesse de Dieu. Un repas qu’il ne faut pas rater ! Un repas pour la Vie du monde, nous dit Saint Jean, un repas pour la vie, la vie éternelle ! Ce n’est pas rien ! Derrière ce pain et ce vin que se cache-t-il ? Pain, chair du Fils de l’Homme. Explorons ensemble ce que cette expression étrange peut nous révéler.

    Le mot ‘Fils’ nous renvoie à des parents : un père, une mère… se reconnaître venant d’une famille, consentir à ses sources. Une chanson disait : on choisit pas ses parents, on choisit pas sa famille… pour nous faire entendre que chacun est né quelque part et que si nous n’en n’étions pas responsable, on pouvait en faire quelque chose de bien. Jésus parle de son origine mystérieuse en Dieu qu’il révèle ‘Père’, et offre Marie à Son disciple au pied de la croix : voici ta mère … Une autre filiation à consentir, comme une adoption de nouveaux parents. 

      Le mot ‘Homme’ dans l’expression ‘Fils de l’Homme’ a de quoi surprendre. Plutôt que d’y entendre un masculin, c’est plutôt de l’Humanité dont il s’agit ici. L’humanité avec tout ce qui peut la caractériser, sa diversité, ses fragilités, mais sa grandeur aussi. Avoir part avec l’humanité dans toutes ses facettes, c’est pleurer avec ceux qui pleurent, rechercher la paix et la justice, rester humble et miséricordieux comme le dit Saint Mathieu : reconnaître chacun de ces petits comme un frère.

    Oui quand nous mangeons de ce pain-là : ce pain de fils de l’Homme, alors la Vie est pleinement là dans nos corps, dans notre sang. Il ne s’agit pas seulement d’une démarche personnelle : Si quelqu’un mange de ce pain dit tout d’abord Jésus Mais c’est aussi une démarche à plusieurs : Si vous ne mangez pas, si vous ne buvez pas … vous n’avez pas la vie en vous. 

    L’Eucharistie n’est pas seulement une démarche personnelle, elle est un acte de communion ecclésiale, elle nous engage, ensemble, pour la vie du monde.
    AMEN    
Vincent GARROS

L'Evangile de la veille

Le premier et troisième lundi du mois, un temps de lecture en groupe de l'évangile de la messe de la veille vous est proposé.
C'est un temps ouvert à tous, sans engagement particulier autre que celui d'avoir le désir de passer du temps dans la Parole de Dieu...
 à 20h 
salle St Jean (à l'église).
 
"Ignorer les écritures, c'est ignorer le Christ"
St Jérôme

Visitation / Lc 11 27-28 / Une homélie du 15 Août

 
Aujourd’hui, nous fêtons Marie, celle qui a visité sa cousine Élisabeth, celle qui fut la maman de Jésus, celle qui l’a élevé avec Joseph dans la tradition juive à Nazareth, celle qui l’a accompagné jusqu’au pied de la croix, celle qui priait avec les disciples au jour de la Pentecôte, celle qui a été veillée par le disciple à qui Jésus l’a confiée comme une mère.

Cette femme-là, au destin unique, ne pouvait pas voir la corruption et a rejoint dans la tradition populaire ces êtres d’exception montés au Cieux. Selon les Écritures, ce sont le patriarche Hénoch, le prophète Élie, peut-être Moïse et Jésus lui-même. En 1950, le pape Pie XII promulgue la fête de l’Assomption que nous fêtons aujourd’hui.

Les textes que l’Église nous propose nous font entendre des éléments du mystère de la foi.  C’est tout d’abord la vision de Saint Jean dans le livre de l’Apocalypse. Ce n’est pas Marie que Jean voit dans le ciel mais une femme qui engendre un fils, un dragon qui veut le dévorer mais qui échappe pour rejoindre Dieu et cette femme fuit au désert. Cette femme drapée de soleil et entourée de 12 étoiles c’est plutôt la figure de l’Église naissante menacée par des forces violentes qui veulent détruire ce qui nait d’elle. Dans ce temps où écrit saint Jean ce livre de l’Apocalypse, il faut fuir au désert. Jean encourage les lecteurs : ce temps de menaces et d’incertitudes passera et viendra le règne de Dieu et verra la gloire de son Christ.

L’Évangile d’aujourd’hui est celui de la Visitation. L’Église nous le propose plusieurs fois dans l’année, c’est dire son importance. Au-delà d’une visite de courtoisie entre deux parentes, c’est l’image de la rencontre de deux impossibles fécondités, c’est la joie de ces deux femmes qui s’embrassent du bonheur de l’autre. Élisabeth, par son époux, prêtre du Temple de Jérusalem, porte en elle celui qui sera prophète, héritier de la première Alliance. Marie porte en elle Celui qui par son Corps et par son sang scellera une Alliance nouvelle.

Comme Marie, accueillons dans nos vies la présence du Christ, écoutons l’Esprit qui nous invite à prendre la route à la rencontre des autres ?

Comme Marie, réjouissons-nous des fruits de l’Esprit-saint dans la vie de ceux et celles qui nous sont proches.

Comme Marie, gardons l’Espérance : le Christ est vainqueur des ténèbres.

« Maintenant, voici le Salut, la puissance et le Règne de notre Dieu, voici le pouvoir de son Christ ».
 
Vincent GARROS

Le pain descendu / Jn 6 41-51 / une homélie


C’est d’abord l’histoire d’une dépression : le prophète Elie fuit au désert et choisit de se laisser mourir parce que le chemin est trop long pour lui…
(1R 19)
Baisser les bras face à ce qui reste de nos vies, trouver que le chemin est trop long pour nous, et vouloir simplement s’asseoir et attendre la mort.
    Mais une voix se fait entendre : « Debout ! Mange »

Il y a ensuite ceux qui ne voulaient pas mourir. Ceux qui marchaient dans le désert et qui ont mangé un pain tombé du ciel… un pain sans nom, une croûte déposée sur le sol avec la rosée du matin.
    Ils ont mangé, mais ils sont morts.

Il y a enfin ceux que le Père attire, ceux qui entendent sa voix et qui devront, à cause de cela, partager un pain vivant descendu du ciel. Un pain qui a à voir avec le don que nous fait le Fils d’une chair mêlée de Verbe.
    Et ceux-là ne mourront pas.

L’expérience de la manne au désert était celle des Pères de la première alliance, elle ne se reproduira plus. Il se pourrait par contre que nous soyons concernés au plus près par les deux autres cas de figures :
Pour peu que nous trouvions le chemin long et désespérant, pour peu que nous soyons tentés de nous asseoir en attendant la mort : nous aurons à entendre la voix qui ordonne « debout ! mange ».
Pour peu que nous ayons des oreilles pour entendre, pour peu que nous nous soyons laissé attirer par le Père, pour peu que nous ayons mis notre confiance dans le Fils : nous avons à faire avec ce pain descendu du ciel.

Quel est-il ce pain ?
L’Eucharistie semble-t-il nous en donne l’expérience sacramentelle. Elle nous en donne un avant-goût : C’est un pain descendu.
La manne était un pain tombé du ciel, le pain vivant descend.
C’est un pain dont le mouvement est pour toujours un mouvement descendant. C’est peut-être à ça d’abord qu’on doit le reconnaître.
Un pain descendu.
Un pain qui descend, qui condescend.
Un pain qui s’abaisse, un pain qui se penche.
Un pain qui refuse la hauteur,
qui choisit le ras de terre,
qui choisit le très bas de nous.
 
Dans un instant nous verrons le prêtre lever le pain. Alors n’oublions pas que s’il l’élève c’est pour le redescendre. S’il l’élève c’est pour que nous puissions le voir dans sa descente. Et si nous nous inclinons, c’est pour épouser sa chute. C’est devant cette descente, qui est sa vrai nature, que nous nous inclinons…

Le week-end dernier je profitais de l’hospitalité d’une famille de mes amis.
Le fils de la famille, un grand adolescent de 16 ans, passionné d’internet, enthousiasmé par la science et ses progrès, me prenait alors à partie plus ou moins dans ces termes :
« Un jour c’est sûr, la science aura percé tous les mystères, y compris celui de la mort et nous serons enfin libérés du discours religieux qui veut nous faire croire à un au-delà radieux. A quoi ça sert de croire encore dans ces contes de fée d’un autre âge ? Faut-il être naïf pour avoir besoin de croire pour consentir à sa mort ? »
       ...
    Belles et bonnes questions en vérité !

A quoi sert notre foi dans ce pain descendu ? Comment croire que ceux qui y ont part ne mourront pas quand notre mort est certaine ? Avons-nous besoin de tout cet attirail pour apprendre à mourir ?

« Debout ! Mange »
Si nous mangeons ce pain, ce n’est pas pour éviter la mort, c’est pour apprendre à vivre. Si nous accueillons ce pain qui descend jusque dans la nullité de nos mains, c’est que c’est de lui que nous tenons la vie, c’est de lui que nous tenons d’être des hommes et des femmes debout. C’est lui qui nous sauve de la tentation de nous asseoir dans la mort.

A quoi ça sert ?
    A rien.
Aucune utilité, simplement se tenir debout et vivre
Et tenter de vivre "dans l’amour"(Ep 4)
    par amour de son amour*.

╬ Amen
Sylvain diacre
*Prière de St François

Donne-nous ton pain de Vie / Jn 6 24-35 / une homélie.


         Aujourd’hui, la liturgie nous fait entendre un nouveau passage de l’évangile de Saint Jean de ce fameux chapitre 6. Dimanche dernier, nous entendions le récit de ce miracle de la multiplication des pains et des poissons. Jésus s’est retiré dans la montagne pour échapper à la foule qui veut le faire roi. Les trois autres dimanches du mois d’août nous ferons entendre la suite, ce fameux appelé ‘’discours du pain de Vie’’.

        Un passage sépare le texte de dimanche dernier avec celui d’aujourd’hui. Vous le connaissez bien. Les disciples repartent en barque pour rentrer à la maison à Capharnaüm. Pendant la nuit avec un fort vent de tempête, Jésus les rejoint en marchant sur l’eau. Ce signe nous parle de Jésus vainqueur de la mort. Comme le faisait remarquer très justement Dominique dimanche dernier, l’ensemble de ce chapitre ne peut se comprendre que dans la foi, marqué par l’expérience de la résurrection de Jésus.  

        Le débat entre Jésus et la foule a de quoi nous surprendre et comme les disciples nous questionner. Saint Jean nous fait entendre là des débats entre Jésus et ses contemporains mais aussi entre l’Eglise naissante et la Synagogue. Jésus est-il le messie attendu ou bien un imposteur ? Selon ceux de la synagogue, si Jésus est le Messie, il doit accomplir les Écritures et réaliser les attentes du peuple d’Israël. Mais, voilà, selon Jésus, c’est un fils d’homme qui vient et qui nomme la véritable source de la Vie. C’est Dieu, source de toute vie, père pour ceux et celles qui se laissent travailler par l’Esprit de Vérité.  

        Si Moïse a dressé le serpent de bronze (Jn 3, 14) pour échapper à la mort des serpents, c’est Jésus cloué sur la croix qui montre le passage vers le salut. Si le peuple a mangé à satiété la manne venue du ciel, c’est Dieu la source de la vraie nourriture pour une vie éternelle. Tout cela ne peut s’entendre qu’après l’acte fondateur du dernier repas de Jésus, ultime agneau de la Pâque qui se donne en nourriture pour la vie du monde.

        Dimanche après dimanche, tout au long de ce mois d’août, laissons-nous travailler par l’Évangile puisque Jésus nous y invite : ‘’Il faut vous mettre à l’œuvre ... pour obtenir la nourriture qui demeure en vie éternelle, celle que le fils de l’Homme vous donnera’’ (Jn 6, 27).  ‘Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour’ Donne-nous ton pain de Vie...

Amen                                                           

Vincent GARROS

B. TO 18. Jn 6, 24-35

La fraternité pour la gloire de Dieu et le Salut du monde / Jn 6 1-15 / Une homélie


« Jésus leva les yeux et vit qu’une foule nombreuse venait à lui »
Il y a comme un mouvement spontané d’attraction vers Jésus, en raison des signes qu’il accomplissait à l’égard des malades.
La foule est ici une figure principale de l’Evangile de Jean. Jésus tourne d’ailleurs l’attention et l’action des disciples vers cette foule, qui l’émeut aux entrailles.
Les foules de notre histoire sont nombreuses : Lourdes, les lieux de pèlerinages… Routes de St Jacques, migrants qui fuient la guerre ou la misère, foules attendues sur les plages...
Les foules des Jeux olympiques (victoire espérées, échecs et espoirs déçus, Joie et frénésie, essai d’unité, fraternité d’un moment… )
La foule rassemblée sur l’herbe verte, sur une colline au bord de la mer de Galilée, comme celle des « béatitudes » n’a pas besoin de badge, de QR code, ni de réservation. Il n‘y a pas d’exclusion, de tri,de contrôle d’identité
Jean dit qu’ils sont 5000 messieurs, il y a aussi les femmes et les enfants

Il n’est pas dit que cette foule était affamée ( leurs espoirs divers : liberté par rapport à la domination romaine, venue du Messie, guérison ?)
Jésus savait ce qu’il allait ou devait faire
Pour faire ce qu’il doit au nom du Père, il a besoin de l’aide de ses disciples ; Il a aussi besoin de ce « peu » que peut offrir un jeune garçon dessaisi de son pique-nique. : cinq pains et deux poissons.
Et l’Evangile nous dit que Jésus nourrit toute la foule en partageant ces cinq pains et deux poissons. Il y a une forme de démesure.
Jésus n’a pas initié les « Resto du cœur »,ni le secours populaire, pas plus le secours catholique ou les équipes st.Vincent….
Jesus révèle déjà son identité
Le miracle de la multiplication n’est pas un miracle comme les autres.
Dans son récit l’évangéliste glisse des signes évidents. Le terme « la montagne » Il n’y a que des collines au bord de ma mer de Galilée ; le terme « la montagne » est utilisé pour attirer l’ attention sur l’importance de l’événement .
Ce miracle intervient « un peu avant Pâques » ( lien avec le dernier repas et la passion).
« ALORS JESUS PRIT LES PAINS ET APRÈS AVOIR RENDU GRÂCE IL LES DISTRIBUA AUX CONVIVES »
Ce que cela évoque chez les lecteurs de Jean (fin 1ers) et chez nous, c’est l’eucharistie.
Autre signe : « Il en resta douze paniers… » rien ne se se perd car la nourriture que Jésus multiplie et partage est pour tous les temps et pour toute l’humanité.
L’eucharistie n’est pas un déjeuner sur l’herbe, ni le rappel d’un repas du passé.
A chaque eucharistie est actualisé pour le monde aujourd’hui le don que Dieu nous fait de son fils, de sa mort et de sa VICTOIRE sur la mort. A chaque fois nous sommes nourris gratuitement par les grâces nécessaires pour répondre comme le dit Paul ( 2e lecture) a notre « vocation qui nous à tous appelés à une seule espérance et à (communier à) un seul corps et à un seul esprit »
C est le moment de nous interroger.
Qu’est ce qui nous fait nous rassembler autour de Jésus ?
Que représente pour moi la communion au corps et au sang du Christ ?
Comment se sacrement oriente t-il ma vie, nourrit-il mes relations, mes actions mes choix.
Le Christ nous a donné le double commandement de l’amour.
Ce n’est pas par hasard si l’Eglise a choisi en ce jour l’extrait le la lettre de Paul aux Éphésiens :
« Je vous exhorte a vous conduire d’une manière digne de votre vocation : ayez beaucoup d’humilité de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour ; ayez soin de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix. »

N’est ce pas une description de la fraternité ?

Ce 3e terme de la devise républicaine n’est pas le plus revendiqué, celui pour lequel on mène les plus grands combats, ni unanimement pratiqué.
Si, disciples du Christ, nous ne savons pas ou n’osons pas faire vivre la vraie fraternité, nous devons nous interroger. La fraternité est notre vocation
Nous pouvons cependant rêver ou même espérer !

Soyons les champions de la fraternité.
A quand les Olympiades de la fraternité ?
« Ciltius altius fortius »
Traduit en langage chrétien :
Pour la fraternité « plus vite, plus haut, plus fort », pour la gloire de Dieu et le Salut du monde.

Amen
Robert Zimmermann, diacre