« Il
lui fallait partir pour Jérusalem. » Voilà bien une
parole mystérieuse. Qui ou qu’est-ce qui peut bien obliger Jésus
à aller à Jérusalem ? Cela est d’autant plus surprenant
quand Jésus énonce ce qui va lui arriver. Jésus doit y souffrir
beaucoup et y être tué. Nous pouvons comprendre la réaction de
Pierre quand il entend l’énoncé de ces deux événements à
venir : « Dieu t’en garde, Seigneur ! Cela ne
t’arrivera pas. » Et curieusement, c’est comme si
Pierre ignorait le troisième événement : « le
troisième jour ressusciter. »
Enfant,
j’ai le souvenir d’écouter la passion de Jésus et d’attendre
le moment où Jésus serait sauvé par un coup de théâtre. Je ne
pouvais accepter que Jésus, cet homme bon, soit sacrifié,
l’histoire ne peut que bien se terminer. Et, je pense que j’ai
gardé un peu une âme d’enfant. Je crois que ce sentiment renait
en moi un peu chaque année lors des lectures de la passion. Cela
ajoute à la tristesse du moment : « N’y aura-t ’il
personne pour le sauver ? »
Pierre,
nous l’aimons pour cela. Pierre nous ressemble tant. Pierre ignore
le troisième événement dans la suite énoncée par Jésus : « le
troisième jour ressusciter. » Pierre n’a pas encore
assisté à la transfiguration, il va recevoir sur le mont Thabor
quelques indications sur ce troisième événement.
Ce
dimanche, Jésus demande aux apôtres de comprendre sa résurrection.
Pierre ne peut pas entendre cela, c’est impossible. Rien n’est
dit sur la réaction des autres apôtres. Probablement qu’elle
n’est pas si éloignée de celle de Pierre.
Pour
nous, c’est compliqué également. La souffrance, nous connaissons.
C’est une réalité de notre monde. La mort, nous connaissons,
c’est également une réalité de notre monde. Mais la résurrection
nous échappe. Elle est une réalité qui n’est pas de notre monde.
Nous
pouvons donc tous recevoir et répondre à l’injonction de Jésus :
« Passe derrière moi, Satan ! Tu
es pour moi une occasion de chute : tes pensées ne sont pas
celles de Dieu, mais celles des hommes. ». Et c’est
heureux que nous passions derrière lui.
Chaque
fois que nous passons devant lui nous faisons écran à son Evangile.
Nous glissons invariablement vers l’hérésie. Et c’est souvent
pour imposer nos idées aux autres. Nous nous emparons de la mission
qui nous est confiée à notre baptême pour en faire une croisade.
Alors que notre rôle de chrétien c’est de témoigner, de désigner
celui que nous suivons.
Ce
que Jésus énonce est donc pour nous un mystère. Autant que cela le
reste, l’important c’est de suivre Jésus.
« Il
lui fallait partir pour Jérusalem. » Jérusalem c’est
la destination du Christ. Jérusalem c’est la ville choisie par
Dieu pour en faire une image de son royaume. Cette ville traversée
par la violence. Cette ville animée par l’intolérance. Cette
ville croisement de toutes les nations. Dieu fait de Jérusalem un
but. C’est un mystère, mais suivons le Christ vers Jérusalem.
« Qu’il
lui fallait [ ] souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands
prêtres et des scribes, être tué » Le Christ
est né d’une femme. Le Christ souffre comme tout homme. Le Christ
comme tous les hommes n’échappe pas à la mort. Que notre amour
pour le Christ ne nous mette pas en travers de sa route, ne l’empêche
pas de marcher vers sa gloire. Suivons Jésus même dans les
événements les plus durs de son histoire.
« Et
le troisième jour ressusciter. » Que cette réalité qui
nous échappe soit pour nous le socle sur lequel affermir notre
Espérance. Espérons que nous ayons la force de suivre le Christ
jusque dans sa résurrection. Aujourd’hui cette réalité est une
Espérance, que cette Espérance devienne réalité à notre mort.
Que
la foi d’enfant qui vit encore en nous y trouve le réconfort et la
joie.
Seigneur,
Garde-nous à ta suite sur le chemin qui mène à Jérusalem car nous
aussi il faut que nous allions à Jérusalem.
Amen !
Dominique
Bourgoin, diacre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire