Récemment
un ami choqué par les propos et les actes complotistes et racistes
de proches, croyants et pratiquants, m’a demandé si en tant que
chrétien il devait leur parler ou se taire
la
parole ou le silence, s exprimer
ou se taire pour ne pas faire de vague ?
surprise de constater que la liturgie du 23éme dimanche
abordait justement la question de ce qu’on peut appeler « la
correction fraternelle », à tort ou à raison.
Dès
le début de la liturgie de la Parole surgit la figure du guetteur
(veilleur)
Dieu
s’adresse au prophète Ezéchiel (6e siècle avant JC)
en ces termes :
« Fils
d’homme je fais de toi un guetteur pour la maison d’Israël.
Lorsque tu entendras une parole de ma bouche tu les avertiras de ma
part »
Pendant
une grande partie de l’exil du peuple hébreux à Babylone Ezechiel
a soutenu de la part de Dieu l’espérance du peuple quand il
doutait.
Le
rapprochement avec l’Evangile de ce jour est éclairant : car
nous voyons Jésus charger ses disciples d’une mission analogue à
celle d’Ezekiel. Au nom de l’amour fraternel, il leur recommande
de veiller les uns sur les autres, au point d’être capable de
rappeler à l’ordre celui ou celle qui fait fausse route.
Cette
figure du guetteur est piégée si on ne prends garde. Nous
connaissons les guetteurs qui avertissent de l’arrivée de la
police dans des trafics frauduleux. Plus familier celui qui guette à
l’automne le passage des palombes. Mais il y a aussi et surtout le
guetteur qui veille sur l’environnement, la forêt du haut de son
pylône pour avertir et protéger en cas de danger.
Nous
sommes aujourd’hui les disciples auxquels cette demande de Jésus
est destiné. Cela peut nous inquiéter ou nous affoler devant une
tâche complexe, dans ce monde ou une très ancienne devise est
toujours vivante « Chacun pour soi et Dieu pour tous »
Si
le guetteur sur le pylône voit la fumée et reste silencieux ou s’il
s’endort il est coupable de « non assistance
à personnes en danger » La vie spirituelle serait-elle
exclue de cette culpabilité ?
La
traduction liturgique ne nous aide pas .Je restitue le texte
original de Matthieu. Il écrit « si ton frère vient à
pécher », et pas « si
ton frère a commis un péché »,
ce
qui manifeste mieux que le péché ne peut se réduire à un
acte unique. De même, « Montre-lui sa faute »
n’est pas le texte de matthieu mais « fais-lui découvrir
qu’il a péché »
Le
péché est avant tout la résistance consciente voire volontaire au
double commandement de l’amour : L amour de Dieu et du
prochain.
Voilà
le le contexte dans lequel Jésus nous invite a agir chacune et
chacun ou ensemble !
Il
propose trois attitudes possibles. Soit un dialogue fraternel, ou si
nécessaire, une réflexion avec un petit groupe de baptisés pour
introduire un critère de vérité. S’il n’y a pas de résultat
le dire à la communauté de l’Eglise Il s’agit de la communauté
des croyants souhaitée par Jésus et non d’une autorité ou d’une
institution constituée. Original et radical du début à la fin une
démarche fraternelle dont le but est que la relation de fraternité
soit « gagnée » c’est à dire maintenue,
retrouvée renforcée et que le lien avec le corps du Christ ne soit
pas rompu
Si
tout a échoué « s’il refuse d’écouter l’Eglise
considère le comme un publicain ou un païen »
Cela
nous paraît comme une terrible exclusion. Cela pourrait être aussi
la reconnaissance de la liberté de celui ou celle que l’on veux
comme sœur ou frère, mais qui n’est pas volontaire ou capable
pour le devenir ou le rester. Mais ce frère perdu continue à être
attendu, désiré.
Jésus
ne propose pas un simple rappel à l ordre. Car s’agit à chaque
étape non pas de stigmatiser un acte mais de maintenir au nom Jésus
le lien fraternel et la présence dans le corps du Christ.
A
notre baptême nous sommes devenus prophète, guetteur de Dieu pour
le service de l’Eglise et du monde. Nous saurons prendre cette
place, dans l’humilité ; Mais il y a des conditions.
Jamais
le guetteur n’agit en son nom propre mais au nom de Jésus.
L’attitude du guetteur est d’être enraciné dans le Christ « là
ou deux ou trois » c’est cette présence qui inspire nos
paroles et non notre conception personnelle de la vie ou du monde.
Se
souvenir aussi que nous sommes tous pécheurs. Sur ce plan nous somme
tous égaux
«
Lorsque je montre quelqu’un du du doigt, je tourne trois
doigts contre moi » dit un proverbe arabe.
Être
guetteur ce n’est donc ni dominer, ni épier, ni stigmatiser, ou
accuser ni humilier, dénoncer, juger etc
Être
guetteur c’est écouter, guider, discerner, accompagner, rassurer.
C’est avant tout AIMER avec la grâce de Jésus et la force de
l’Esprit Saint.
Seigneur,
que la loi d’Amour soit notre règle en toute chose dans nos
relations avec toi et entre nous.
Robert
Zimmermann
diacre
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