Ainsi ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat / Mt 13 1-23 / Une homélie

Le passage du Seigneur n’est jamais sans effet. Il laisse des traces. Sa parole n’est pas stérile. C’est ce que le prophète Isaïe veut nous partager quand il dit : « ainsi ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat ». Pour appuyer son propos, il compare la parole du Seigneur à la pluie qui irrigue la terre. Isaïe parle même de fécondation de la terre.

En ces premiers jours de l’été, notre pays craint la sècheresse. L’Agriculture souffre du manque d’eau. Des villages du sud est de la France connaissent la pénurie d’eau au robinet. Des conflits naissent ici et là sur la question du rationnement de l’eau. Alors les paroles inspirées d’Isaïe ne sont pas sans effet sur nous.

L’eau qui rafraîchit va-t’elle manquer ? L’eau qui permet à la vie de s’épanouir va-t’elle se tarir ?

En inversant la comparaison d’Isaïe, nous pouvons nous demander si la parole de Dieu n’est pas en train de se raréfier ?

L’eau porte un paradoxe. Plus la terre est sèche moins la pluie la pénètre. Plus la terre est humide mieux la pluie l’irrigue.

Il en est de même pour la parole de Dieu. Moins nous la fréquentons, moins elle nous touche quand elle nous visite. Plus nous la fréquentons, mieux elle nourrit notre foi quand passe le Seigneur.

Jésus, dans l’Evangile de ce dimanche, poursuit la comparaison. Il semble indiquer que plus nous sommes attentifs à la parole, mieux elle nous pénètre.

La première fois qu'on lit les écritures, ou qu'on partage un texte, ça peut nous passer par-dessus la tête, ça peut rentrer par une oreille, sortir par l'autre et ne rien déposer au milieu. Un peu comme le grain qui tombe au bord du chemin et que les oiseaux ont mangé. Mais on était au bord du chemin, si on persévère on prend le chemin.

Un peu plus loin, à la lecture d'un passage d'un Evangile par exemple, on est un peu plus attentif mais pas assez, la lecture nous bouscule un peu mais tout cela reste un peu obscur. C'est un peu comme ces grains qui sont tombés sur un sol pierreux. Mais il y a des pierres et avec des pierres on peut construire quelque chose si on persévère.

Encore plus tard, la lecture ou le partage entre amis d'un texte nous touche, il peut même nous enflammer mais ça ne va pas se faire si facilement. Ça résiste, le malin comprend vite que le Dieu d'amour gagne un disciple à sa cause alors il essaye d'étouffer tout cela.

Mais reste en nous le souvenir de quelque chose qui ressemble à un royaume alors on reprend un second souffle et on persévère, on est étouffé et on recommence jusqu'à goûter pleinement le mystère du royaume de Dieu.

La parole agit en nous comme l’eau sur la terre. La première fois que nous avons conscience qu’elle nous visite elle rencontre un terrain aride, difficile à pénétrer mais peu-à-peu, petit-à-petit, le terrain devient perméable à son action. Notre seul effort consiste à persévérer.

Mais rappelons-nous la question du début. La parole de Dieu ne devient-elle pas rare ?

Comme l’eau, la parole du Seigneur n’est pas plus rare qu’avant.

Notre planète contient toujours la même quantité d’eau. Il nous faut juste prendre conscience, chacun à notre mesure, que l’eau est précieuse et qu’il ne faut pas la gaspiller. Il faut que nous changions peu-à-peu nos habitudes de nantis pour mieux partager l’eau qui est un bien commun.

De même la présence de Dieu parmi nous est toujours la même, il ne faut pas la gaspiller et nous devons la partager.

Alors, je propose que, quand nos activités estivales nous conduisent à nous abreuver d’eau fraîche, nous laissions venir dans notre mémoire les paroles d’Isaïe :

Ainsi ma parole, qui sort de ma bouche,
ne me reviendra pas sans résultat,
sans avoir fait ce qui me plaît,
sans avoir accompli sa mission.
 "

Amen !
Dominique Bourgoin, diacre.

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