Le lavement des pieds / Une homélie du jeudi saint

L’apôtre Paul s’adressant aux Chrétiens de Corinthe fait une mise au point. Il avait constaté des divisions et un manque de partage lors de leur assemblées.
Il lui revint de les rappeler à la vérité et de transmettre ce qu’il avait reçu lui même. Il évoque devant eux les paroles et les gestes de Jésus au cours de son dernier repas avec ses disciples avant la passion.. Les paroles de Jésus sur le pain et sur la vin nous sont familières car à chaque Eucharistie, le prêtre après avoir invoqué l’Esprit, principal acteur, redis les mêmes paroles de Jésus avec cette invitation «Faites ceci en mémoire de moi».
La mémoire ici n’est pas une simple évocation. Aujourd’hui comme à chaque Eucharistie nous revenons à la source, nous avons part à l’événement et chaque fois nous ravivons la grâce de notre baptême et recevons la force de la présence au milieu de nous et en nous du Seigneur
« Il es grand le mystère de la foi
Chaque fois que nous mangeons ce pain et que nous buvons à cette coupe nous annonçons la mort du Seigneur, nous proclamons sa résurrection et nous attendons sa venue dans la gloire. » (prière eucharistique)
Jean l’évangéliste n’évoque pas ces paroles, mais il introduit un geste nouveau, étonnant, incompréhensible peut-être, il lave les pieds de ses disciples.
En liturgie ce geste intervient une fois, comme comme quelques autres : l’imposition des cendres, la bénédictions des rameaux, celle du cierge pascal.
Mais peut-on mettre le lavement des pieds sur le même « pied » que tous les gestes de dévotions unique ?
La réponse est non 
Déjà l’introduction de l’Evangile de ce jour nous alerte. Le cadre est le repas pascal de Jésus avec ses disciples :
«Sachant que l’heure était venue de passer de ce monde à sons père, Jésus ayant aimé les siens qui sont dans le monde, les aima jusqu’au bout»….
Jusqu’au bout de sa mission sur terre ; jusqu’au bout de l’amour
Le lavement des pieds serait un geste d’amour !

« Si je ne vous lave pas les pieds vous n’aurez pas part avec moi »
Ce qui est en cause c’est le lien avec Jésus surtout après son départ ; Avoir part avec lui, vivre de sa vie nous introduit dans l’eucharistie

« Vous m’avez appelé Seigneur et Maître et Je le suis »
le geste de Jésus n’est pas celui d’un esclave ; mais de Seigneur et maître, et dans une totale proximité, il s abaisse.
« le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu, mais il s’est anéanti prenant la condition de serviteur/ c’est pourquoi Dieu l’a exalté »(St Paul Philippiens)

En Jésus le maître et le serviteur sont indissociables

Enfin c’est un geste d’envoi.
«C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez aussi, comme j’ai fait pour vous»
Parallèle avec «faites ceci en mémoire de moi »
Ce geste du lavement des pieds est un geste de fondation comme la fraction du pain. Ainsi le service est indissociable de l’Eucharistie. On, a dit parfois que nous sommes en présence du sacrement du frère. Il n’y a pas là un sacrement de plus.
Que signifierait en effet célébrer la messe, ce mémorial du don total si cette participation ne s’accompagnait pas d’une conversion de notre manière de servir à l’exemple du Christ.
« nous avons été choisi pour servir en ta présence ». Quand nous servons nos frères il y a présence du Christ.
Tous les baptisés sont serviteurs, soucieux de la vie et de la fragilité des humains. L’Eglise est servante
En raison même de notre baptême et de cet envoi qui nous est adressé, notre présence au monde est une présence de disciples, femmes et hommes appelés à suivre et à imiter Jésus, qui n’a pas dissocié l’amour de Dieu et l’amour du prochain.
« Seigneur, nous te rendons grâce pour le don que tu nous fait.
Ouvre nos yeux à toute détresse; inspire-nous le geste et la parole qui conviennent pour soutenir le prochain dans la peine ou dans l épreuve. Donne-nous de servir avec un cœur sincère selon l’exemple et la parole du Christ lui même » ( prière eucharistique)
Et que notre «Amen» soit un «oui» d’engagement au service, à la suite et à l’exemple de Jésus.

Robert Zimmermann
diacre

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