● Aujourd’hui,
un aveugle. Un aveugle que Jésus va plonger dans la parole. Un
tourbillon de mots autour de lui, sur lui, contre lui.
Un
aveugle qui doit affirmer sa propre parole. En voyant, il doit
parler, et sa parole le met dehors. « Ils le jetèrent
dehors » « et quand Jésus apprit
qu’ils l’avaient jeté dehors, il s’approcha ».
Etre
jeté dehors de ce que nous croyons voir et savoir.
Etre
jeté dehors de nos représentations, de nos images.
Etre
jeté dehors du discours et du langage pour entrer en Parole.
Qui
est-il le Fils de l’homme ? « c’est celui qui te
parle »
(...)
L’évangile,
semaine après semaine, étale sur nos yeux la boue de salive et de
terre.
Il
recouvre nos yeux qui croient voir, du mélange de sa parole et de la
poussière que nous sommes. « souviens-toi que tu es
poussière... »
Dans
un instant, on nous montrera un bout de pain. Nos yeux verront un
bout de pain. Nos yeux d’aveugle-nés verront un bout de pain. Mais
nos oreilles entendront « Le corps du Christ »
alors nous saurons et nous croirons, et nous pourrons dire « amen »
et nous pourrons manger.
Etre
jeté dehors de la logique du monde.
Laissons-nous
couvrir les yeux de cette boue. Qu’elle ferme nos yeux pour
qu’enfin nos oreilles s’ouvrent à celui qui parle. N’ayons pas
peur de cette boue, et surtout, ne la refusons pas. Un jour peut-être
sera-t-elle lavée à l’eau de l’envoyé.
Elle
prépare nos yeux à l’événement de la nuit de Pâques, évènement
sans témoins, évènement sans image. Il n’y a rien à voir dans
la résurrection. Il y a à entendre.
« Je
suis venu dans le monde pour que ceux qui ne voient pas puissent
voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles »
Bienheureux
aveuglement
Bienheureuse
boue
╬ Amen
Sylvain
diacre
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