Les rameaux / Une homélie

Pourquoi fallait-il décorer la porte de notre église ?
Pourquoi fallait-il que nous la voyions s’ouvrir devant nous ?
Dans quoi sommes-nous entrés ce matin ?

Nous ne sommes pas seulement entrés dans l’église,
nous sommes entrés dans la grande semaine
Nous sommes entrés dans le grand récit

Nous voilà pris dans le grand travail de mémoire.
Mais pas simplement pour rejouer l’histoire du héros, rejouer la pièce à l’infini, suivre les épisodes d’une série dont on connaîtrait déjà la fin, assister au spectacle.
Non, il s’agit de nous engager tout entier dans la semaine qui parle de nous, qui parle de nos vies, qui dit tout de nos vies.

Jésus ne traverse pas sa passion pour que nous le regardions faire
Il nous entraîne avec lui pour nous révéler ce que nous sommes

La foule qui acclame et qui demande la mort, c’est nous.
Mais l’homme humilié et réduit au silence, ce sont nos humiliations et nos silences
L’homme broyé par l’injustice, ce sont nos vies malmenées
L’homme abandonné par tous, c’est notre solitude
L’homme mis à mort, c’est notre propre mort
Et l’homme désertant son tombeau, c’est notre vie définitivement relevée !

Si nous avons passé la porte, ce n’est pas pour repartir, affaire conclue, rameau sous le bras, reprendre nos routines comme si de rien n’était.
N’ayons pas peur de nous tenir dans cette semaine, d’y demeurer, de ne pas en sortir avant l’heure :
- Soyons présents jeudi pour le repas qui ouvre le monde à sa vérité
- Soyons présents pour le lavement des pieds qui nous met debout
- Soyons présents pour veiller dans la nuit de l’agonie de jeudi à Vendredi, nuit qui porte toute agonie.
- Soyons présents vendredi pour le chemin de croix qui est un chemin de vie
- Pour célébrer la croix voilée qui va se dévoiler pour ce qu’elle est : la brèche par laquelle la joie entre dans le monde
- Soyons présents dans la longue nuit de samedi, déferlement de Parole, écriture vivifiante et débordante, feu dans la ville, lumière dans les ténèbres, eau du baptême éclaboussant nos vies
- Soyons présents enfin au petit matin de Pâques, c’est là notre point de fuite, notre sommet et notre source.
Comment ferions-nous pour ne pas être là à l’heure où se célèbre le cœur de notre foi, toute notre espérance, toute notre joie ?

Si nous avons passé la porte, soyons logiques, soyons adultes, soyons affamés de ce que nous avons à traverser ensemble. N’en perdons pas une miette.

Élevez-vous portes éternelles, qu’il entre le roi de gloire
S’il entre, ne soyons pas dehors !
╬ Amen !
Sylvain diacre

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