Imaginons
que nous puissions voir d’un coup d’œil toute la terre, un peu à
la manière des vues par satellite sur internet. Balayons
du regard chaque ville, chaque village… et dans ces villes et ces
villages, la multitude des habitants de la terre. Essayons
de nous figurer la foule immense des 8 milliards de terriens… de
toute langue, de toute nation… Essayons
de nous reculer assez pour voir cette multitude s’agiter sur la
surface du globe.
Et
maintenant, de ce point de vue un peu vertigineux, imaginons cet
enfant… tout petit, minuscule, perdu au milieu de l’immensité
des humains. Cet
enfant, il n’est rien, il est dérisoire
Si
je vous montre ce santon à vous qui êtes tout au fond de l’église
que voyez-vous ? Un
haricot… une graine
Aujourd’hui,
nous célébrons l’ensemencement du monde.
Dans
l’immensité des milliards et des milliards d’êtres humains,
viens s’enfouir une graine, une seule et unique graine, minuscule,
invisible.
Cette
graine, elle ne tombe pas sur le sol d’une étable dans un petit
village du moyen-Orient il y a deux mille ans. Cette
graine tombe aujourd’hui en toute chair Cette
graine, c’est le Verbe de Dieu, c’est Dieu, et Dieu se fait
homme, et le Verbe se fait chair.
Le
Verbe s’est fait chair.
Dieu,
dans sa Parole, se mélange à la chair comme l’eau dans le vin.
Impossible désormais de les séparer. Cet
enfant, cette minuscule graine, ensemence toute chair de sa divinité. Toute
chair ! La
mienne et la vôtre. Celle
de votre voisine du dessus et celle de votre collègue de bureau.
La
chair immobile de cette femme sur son lit d’hôpital, celle
de cet enfant que des mains ont souillée. La
chair de cette prostituée qui ne s’appartient plus, celle
de ce très vieil homme qui n’est plus que douleurs. Toute
chair désormais est le lieu de Dieu
Noël
n’est pas un événement dont nous sommes spectateurs.
La
venue du Verbe dans la chair nous apprend ce que nous sommes.
La
chair n’est pas un mauvais moment à passer. Elle n’est pas le
boulet que notre âme, légère et spirituelle, devrait se traîner
avant d’en être enfin débarrassée !
Le
Verbe de Dieu ne s’est pas fait courant d’air, il ne s’est pas
fait idée, concept ou philosophie. Le
Verbe de Dieu ne s’est pas fait morale, catéchisme ou loi. Le
Verbe s’est fait chair !
L’aventure
de Dieu se fait désormais dans la chair. La
semence doit croître désormais dans la chair. Le
fruit de cette graine se verra bientôt, pendu au bois de l’arbre
de la croix. La
chair moissonnée, glorieuse, retournera au Père marquée de ses
blessures.
Jésus
emporte avec lui sa chair transpercée, il emporte avec lui, nos
chairs transpercées !
Joyeux
Noël, joyeux Noël… mais pourquoi joyeux ? De
quoi faut-il se réjouir ?
Noël
n’est pas un écran de fumée qui viendrait masquer provisoirement
la laideur du monde. Ce
n’est pas recouvrir de jolies loupiottes la laideur de nos villes. Ce
n’est pas, l’espace d’un week-end, faire semblant que tout est
doux et sucré. Noël
n’empêche pas ceux qu’on aime de mourir.
La
joie de Noël, la seule véritable, c’est qu’un Sauveur nous est
né, c’est que nos chairs sont aimées de Dieu, nos chairs comme
elles sont.
Quelle
autre joie que ce bouleversement absolu de nos vies : le Verbe
s’est fait chair ?!
Le
Verbe s’est fait chair et il a habité en nous, et nous avons vu sa
gloire
Joyeux
Noël
╬ Amen !
Sylvain
diacre
🕂
La prière universelle de la messe du jour :
Le
Verbe s’est fait chair,
Prions
pour les femmes enceintes, les enfants à naître, les corps amoureux
et les corps désunis.
Le
Verbe s’est fait chair,
Prions
pour les corps malades, ceux qui vieillissent, ceux qui s’éteignent.
Prions
pour les corps qui soignent, les mains qui apaisent et réconfortent.
Le
Verbe s’est fait chair,
Prions
pour les corps affamés, prisonniers, torturés, abusés.
Pour
ceux que l’on achète et ceux qui se vendent.
Pour
les corps des soldats qui tombent.
Le
Verbe s’est fait chair,
Prions
pour les corps adolescents dans l’angoisse de leur devenir,
Pour
ceux qui souffrent de leurs corps différents, rejetés pour leur
aspect, pour leurs désirs.
Le
Verbe s’est fait chair,
Prions
pour les corps innombrables qui forment l’Église.
Prions
pour le corps de l’Église, qu’il soit saint et unifié.
Seigneur
notre Dieu, toi qui est la lumière du monde, toi qui viens habiter
chez les tiens et te saisir de toute chair, entends la prière de ton
peuple assemblé.
Qu’il
entre avec joie dans le mystère de ton incarnation et que tout homme
entende qu’il est sauvé.
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