Deuxième dimanche de l'Avent - Une homélie

 
Aujourd’hui en un raccourci vertigineux la Parole se Dieu nous rejoint avec force et puissance, nous incitant à la consolation, nous invitant à préparer les chemins du Seigneur. Elle nous donnant comme ligne la patience et finalement nous ouvre un avenir ; une plongée dans la vie éternelle, le baptême dans l’Esprit Saint

Lorsque Isaïe prononce, au nom de Dieu, les paroles que nous avons proclamées il est sûr d être entendu d’abord parce qu il rappelle l’Alliance éternelle. « Votre Dieu » « Mon peuple », dans laquelle s’enracine toute l’histoire sainte et notre foi et ensuite parce qu’il appelle la consolation. 
« Consolez, consolez mon peuple »
 
En cette période que nous vivons et qui est perturbée de tant de manières, nous aspirons nous aussi ; comme toute la société mondiale, à la consolation.
Ne nous trompons pas sur ce « Consolez ». En hébreux ce verbe contient l idée de « conforter, soutenir, encourager » « Confortez, soutenez, encouragez mon peuple »
Dieu ne se contente pas d’une caresse, d’une main amicale sur l’épaule.
La consolation qu’il souhaite est bien loin des consolations un peu convenues que nous pouvons adresser à un enfant ou un proche en souffrance « Allons, ce n est pas grave, reprends-toi, ça va passer, sois fort »

La consolation voulue par Dieu va se manifester au cours des temps par ses nombreux bienfaits comme le retour vers la terre promise. La consolation de Dieu s’accomplit par sa venue en notre chair par le corps de Jésus. Jésus dont la parole, les actes, accomplissent la consolation dès son discours des béatitudes à travers lesquelles nous découvrons un Dieu touché par les réalités des souffrances et des aspirations de son peuple.

La consolation suprême viendra par le mystère pascal de Jésus, sa passion, sa mort et le don pour tous les hommes de sa résurrection. C’est la Bonne Nouvelle, l’heureuse nouvelle qui est consolation elle même.


« Consolez mon peuple » ( à l’impératif) tout comme l’autre injonction « préparez les chemins du Seigneur » C est une demande qui nous est adressée par Dieu, de participer à son œuvre. ( Pas la nôtre).
La méthode de Dieu est étonnante et significative. Après avoir été annoncé par les prophètes au long des siècles, le Fils de Dieu, né quasiment en exil, ne se présente pas au début de sa vie publique dans la gloire et en se proclamant lui même « Me voici je suis le sauveur du monde. » C’est un homme, retiré dans le désert, vêtu de peaux de chameaux, Jean le Baptiste, qui retourne et convertit les cœurs vers Celui qui va baptiser par l’Esprit-Saint.
Dieu se révèle d’abord par un homme parole humaine. Cela nous interroge et nous implique !
« Préparez les chemins du Seigneur, tracez droit, dans les terres arides, une route pour notre Dieu. »

Cela semble dans la description d’Isaie un immense chantier..
Déjà chaque humain déjà dans sa propre vie recèle des aspérités à niveler. Il lui faut raboter les escarpements de ses préjugés, détruire les remblais de ses attachements superflus, réduire son ego qui est parfois comme des montagnes. Il faut créer des ponts pour que le Seigneur atteignent nos cœurs. L’objectif est bien de changer notre espace intérieur en aplanissant ce qui bloque ma communication avec le Seigneur et mais aussi les autres. C’est la grande ouverture à Dieu et aux autres qui est en jeu.
Y sommes-nous prêts individuellement et collectivement ou préférons-nous attendre passivement, espérant que le cieux nouveaux, et que la terre nouvelle adviennent en dehors de nous.

En ces temps de difficultés de toute sorte c est bien la tentation du repli qui nous guette : le premier réflexe pour nous protéger du mal et du coup, nous avons vite fait de nous fourvoyer sur des chemins de traverse chaotiques.
Le baptême dans l’ Esprit-Saint qui nous a fait Fils est tout sauf un repli sur soi
C’est le grand thème du Pape François dans son encyclique « Tous frères » dans laquelle il déploie son rêve d’une nouvelle fraternité sociale

Alors que nous sommes témoins de tant de gestes de solidarité, de compassions, de dons de soi de si nombreuses personnes, croyantes ou non..
Il y a un élément qu’il nous faut regarder en face avec réalisme, que la crise sanitaire à mis a jour un peu plus encore : Nous vivons dans une société, de moins moins chrétienne. Des générations entières ne connaissent pas ou ne comprennent plus le message de la Bonne Nouvelle… jusque dans nos familles.
Cela ne va pas changer demain, malgré des désirs exprimés de croisade de reconquête chrétienne.
Des croyants sont désemparées au point de se dire persécuté là ou il y a la plupart du temps de l’incompréhension ou de l’indifférence..
Alors les communautés, l’Eglise elle-même, se replient sur les dogmes, se préoccupent d’avantage du fonctionnement interne, oubliant parfois la compassion ; certains déploient plus ostensiblement les ors de nos liturgies, quand c’est possible. On voit naître des revendications catégorielles contradictoires dans le corps du Christ.

Le Pape François trace dans sa récente encyclique un chemin diamétralement opposé. (rêve)
Je termine cette homélie en le citant :

« Je forme le vœu qu’en cette époque que nous traversons, en reconnaissant la dignité de chaque personne humaine, nous puissions tous ensemble faire renaître un désir universel d’humanité. Tous ensemble. […] comme des enfants de cette même terre qui nous abrite.

soyons capables de réagir par un nouveau rêve de fraternité et d’amitié sociale qui ne se cantonne pas aux mots ni au repli.
De telle sorte que la réflexion s’ouvre au dialogue avec toutes les personnes de bonne volonté (6). »  la pandémie de la Covid-19 [qui] a mis à nu nos fausses certitudes […] l’incapacité d’agir ensemble a été dévoilée.

Si quelqu’un croit qu’il ne s’agirait que d’assurer un meilleur fonctionnement de ce que nous faisions auparavant, ou que le seul message est que nous devrions améliorer les systèmes et les règles actuelles, celui-là est dans le déni » FDC


Nous n’avons rien renié du message du Christ. C’est dans et pour la société telle qu’elle est que nous sommes appelés à préparer le chemin du Seigneur.
Que l’Esprit Saint nous comble de sa patience et de sa sagesse et nous aide à désencombrer nos cœurs.

Amen
Robert Zimmermann

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