Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur./ Luc 2 / Homélie de la nuit de Noël 2020

Ce sauveur, il est annoncé depuis longtemps. Il est annoncé par le grand prophète Isaïe. Vous l'avez écouté dans la première lecture. "Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! Sur son épaule est le signe du pouvoir ; son nom est proclamé : « Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix. »"

Je propose pour cette nuait de Noël que nous nous attardions sur un des qualificatifs qu'Isaïe donne à cet enfant. Cet enfant, qui est né, est Prince de la paix.

La paix, le monde en a bien besoin en cette fin d'année 2020.

La pandémie nous a tous confiné en nous même, dans nos demeures, dans nos villes, dans nos régions, dans notre pays.

Nous assistons au grand repli sur soi. Même les familles se fragmentent, les grands rassemblements familiaux sont malvenus.

Attention, encore une fois, je ne remets pas en cause les mesures barrières qui sont absolument nécessaires. Je ne porte pas non plus de jugement sur les décisions gouvernementales. Mais force est de constater que ces mesures nous isolent les uns des autres.

Or cette nuit, nous célébrons la venue du Prince de la paix dans notre monde. Nous fêtons la naissance d'un enfant au sein d'une famille alors que Rome s'est lancée dans le recensement de la population.

Quelle disproportion ! D'un côté l'administration compte les individus, de l'autre côté, la naissance d'un Fils, d'un Fils unique. D'un côté, on imagine la fébrilité et la suractivité. De l'autre côté on constate la douceur et la paix.

Oui mes amis, au cœur de nos vies agitées par le virus, au cœur de nos inquiétudes liées à la situation économique, le Prince de la Paix s'incarne. Dieu se fait homme pour que l'homme soit sauvé.

Comment chacun de nous accueille cette naissance ? Allons-nous nous replier sur nous même et garder cette extraordinaire nouveauté pour nous ? Allons-nous garder la nouvelle de cette naissance confinée dans nos familles ? Allons-nous limiter la mémoire de cet extraordinaire événement à l'échange de cadeaux au pied du sapin ? Certes, de la joie, il en faut et cela est bon mais ce soir nous sommes invités à aller plus loin.

Pourquoi ne pas nous joindre aux bergers pour adorer l'enfant, le prince de la Paix ?

Ne sommes-nous pas invités à accueillir le Prince de la Paix en vérité.

A la manière dont nous accueillons le Christ, nous devenons nous-même ferment de Paix.

Nous sentons bien ce soir devant la crèche qu'il ne s'agit pas seulement de sourire béatement devant un bébé qui gazouille gentiment, emmailloté dans la mangeoire. L'affaire nous dépasse.

Nous ne pouvons que nous étonner et accueillir.

C'est fou, cet enfant c'est Dieu qui se fait homme. C'est le Père qui offre à son peuple son Fils comme gage de Paix.

Inutile d'essayer d'expliquer, inutile d'essayer de comprendre. Prendre le chemin de l'explication rationnelle, c'est s'engager dans une voie sans issue. Une voie qui nous conduit à nous construire un Christ à notre convenance. Quand nous construisons un Christ à notre seule convenance, inévitablement, il s'oppose à d'autres convenances.

Or le Prince de la Paix s'incarne dans l'humanité toute entière, pour l'humanité toute entière.

Désormais : "Car tous, dans le Christ Jésus, vous êtes fils de Dieu par la foi. En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ ; il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus. " écrit saint Paul dans sa lettre aux Galates.

Le prince de la Paix n'impose pas son règne, il se révèle aux petits, aux bergers dans la simplicité. Il nous invite à renoncer à nos volontés de puissance et de possession pour laisser venir en nous le ferment de la paix dans la prière.

Dans un instant, deux fois le prince de la paix sera invoqué dans notre prière. Une première fois à l'autel vous entendrez "Seigneur Jésus, tu as dit à tes apôtres je vous laisse la paix, je vous donne la paix." Et ce soir nous vous proposerons d'échanger la paix dans le langage des signes.

La seconde fois nous prierons en chantant : "agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde, donne-nous la paix".

Enfin, nous serons invités à nous approcher de cet autel pour recevoir le corps du Christ dans les mains. Nous serons invités à communier en mangeant l'hostie qui nous sera tendue.

Si dans la prière et l'écoute de la parole, nous nous laissons rejoindre par la paix intérieure que le Père nous offre par le Christ, nous la communiquerons à notre tour à nos proches et surtout à notre prochain.


Paix et joie pour tous, joyeux Noël !

Dominique Bourgoin, diacre.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire