Avance
au large dit la traduction liturgique, avance en eaux
profondes dit le texte.
Ce
n’est pas une distance horizontale en rapport avec le rivage, c’est
une distance verticale en rapport avec le fond.
Qu’y
a-t-il dans nos eaux profondes ? Par quoi sont habitées nos
profondeurs ?
Quels
sont nos désirs cachés, nos rêves profonds ?
On
pourrait se dire que le rêve profond de Simon le pêcheur, c’est
de pêcher le plus grand nombre de poissons, de faire la pêche du
siècle, de remplir ses bateaux de poissons.
C’est
justement ce que Jésus accomplit pour lui.
Le
problème, c’est que ce désir comblé, les filets craquent, les
barques s’enfoncent, et que l’on frôle la mort.
Aucune
joie pour Simon devant l’accomplissement de cette pêche toujours
rêvée.
Au
contraire, de la peur, de l’effroi, et ce cri « éloigne-toi
de moi, je suis un homme coupable ! »
Quand
Jésus s’approche, quand il vient sonder nos eaux profondes, nous
réagissons comme Simon-Pierre, ce que le Christ accomplit pour nous
nous terrifie. Alors nous faisons tout pour mettre de la distance
entre lui et nous.
Devant
l’immensité de son amour pour nous, devant cet amour insaisissable
pour nos intelligences, devant cet amour incomparable à nos amours
bornés, devant ce don aveugle qui n’a que faire de notre
indignité, nous dressons des remparts !
Et
ces remparts, nous les recouvrons du joli papier peint d’une piété
tordue.
Il
faudrait communier comme ça plutôt que comme ça, se mettre dans
cette position plutôt que dans celle-là, la recevoir de celui-là
plutôt que de cet autre, ne pas toucher, ne pas boire… que sais-je
encore, notre inventivité est sans limite quand il s’agit de
mettre de la distance entre lui et nous.
Le
problème, c’est que ce n’est pas nous qui allons vers lui pour
le recevoir, c’est lui qui s’approche pour se donner.
Ce
n’est pas moi qui vient, c’est lui qui m’attire.
Ce
n’est pas pour moi que je communie, c’est pour Lui
Ce
n’est pas pour mon salut, mais « pour la gloire de Dieu et le
salut du monde » !
Que
fait Jésus face à la déclaration de Simon ?
Rien.
Il n’en a que faire !
Il
lui donne une nouvelle perspective, un nouveau métier. Sa supposée
culpabilité ne l’intéresse pas.
Recevoir
un sacrement, c’est se laisser faire.
Se
laisser faire par un amour qui nous dépasse.
Se
laisser faire par une tendresse qui ne demande rien en retour
Se
laisser faire par une miséricorde qui n’a pas de limites
Vous
qui allez recevoir le sacrement des malades, laissez-vous faire.
Nous
qui allons recevoir le pain vivant donné pour nous, laissons-nous
faire.
Nous
sommes indignes quoi qu’il arrive !
Nous
sommes indignes du malade que nous soignons puisqu’il est le Christ
Nous
sommes indignes du malade que nous visitons, puisqu’il est le
Christ
Nous
sommes indignes du pauvre et du prisonnier, puisqu’il est le Christ
Mais
le Christ n’a que faire de notre indignité !
Il
n’ignore rien de nos eaux profondes !
C’est
là qu’il a choisi de jeter ses filets, c’est là qu’il a
choisi de descendre.
Parce
que son amour pour nous est une pure folie.
Ne
soyons pas prisonniers de nos scénarios étroits mais soyons témoins
enflammés de cet amour.
Soyons
comme Paul, soyons comme Marie, esclaves du Seigneur,
esclaves,
c’est à dire, toute obéissance.
╬ Amen
Sylvain, diacre
Sylvain, diacre
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