En avant-propos, il me semble utile de donner une petite explication sur la composition du texte d'Evangile que nous venons d'entendre. Il y a un enchaînement qui peut paraître curieux. Le texte est composé de deux passages de l'Evangile de Luc. Le premier passage est le tout début de l'Evangile. L'évangéliste Luc donne les raisons de sa rédaction à un certain Théophile. Puis, nous avons entendu le passage dans la Synagogue de Nazareth. Entre ces deux passages, Il y a la naissance de Jésus, son baptême et la tentation au désert.
Il m'a semblé important d'expliquer ce découpage pour méditer la
phrase de Jésus : " Aujourd’hui s’accomplit ce
passage de l’Écriture que vous venez d’entendre "
Ce moment, où Jésus prononce cette phrase, est criant de vérité.
Nous pouvons l'imaginer aisément dans notre tête. Jésus lit le
texte d'Isaïe, certainement avec force et conviction, ou du moins
perçoit-on comme une incarnation de la parole. Jésus regagne sa
place dans le silence. Tous les regards convergent vers lui. Et cette
parole, comme simple homélie : " Aujourd’hui
s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre "
Deux questions naissent de cette expression.
Comment Jésus peut-il se permettre de dire cette phrase ?
Qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui encore, à l'écoute de cette
parole, nous ressentons la même intensité que les protagonistes de
la synagogue de Nazareth ?
La première question. Jésus est aujourd'hui un adulte. Il a
reçu un baptême de conversion de la part de Jean. Quand il est
ressortit de l'eau, il a entendu une voix dire : "Toi, tu
es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie."
Puis, il s'est retiré au désert. Le diable a cherché à le perdre
en tordant l'écriture, Jésus à répondu par la parole.
De sa naissance à aujourd'hui, l'enfance et la vie d'adulte de Jésus
est jalonnée de signes qui font de lui celui que l'on attend. Voilà
ce qui lui donne la légitimité pour prononcer cette phrase. Et ce
n'est pas cette phrase qui fait que les yeux sont fixés sur lui mais
c'est ce qu'il a lu qui provoque ce moment particulier que nous
ressentons aujourd'hui encore.
Vous souvenez-vous du passage d'Isaïe que Jésus a lu ? Peut-être
pas précisément, mais je suis convaincu qu'il reste imprimé dans
notre chair tel ou tel élément.
Ce qui nous a touchés c'est peut-être la bonne nouvelle pour les
pauvres. Aujourd'hui je suis accablé mais j'ai entendu que quelqu'un
venait à moi pour annoncer une bonne nouvelle. Ou bien est-ce la
liberté pour les captifs et les opprimés, ou encore la vue rendue
aux aveugles.
La seconde question. Qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui encore
nous ressentons la même intensité que les protagonistes de la
synagogue de Nazareth ?
La réponse est toute simple. Le Christ est présent, ici
aujourd'hui. Il est présent dans ce temps de la parole. Il nous
invite également à un temps de communion autour de sa parole.
C'est comme si, mystérieusement, il prononçait lui-même ces
paroles d'Isaïe et c'est comme si, mystérieusement, c'est lui qui
disait : " Aujourd’hui s’accomplit ce passage de
l’Écriture que vous venez d’entendre ".
Autant, cela nous semble évident que le Christ se fait présent au
moment de l'Eucharistie, ici à cette table autant, cela nous est
moins familier de parler de la présence du Christ pendant ce temps
de la parole. Or, c'est une évidence, là le Christ se tient entre
nous. Et nous lui donnons chair à travers notre voix et nos
oreilles.
Tous les hommes qui se tiennent à cette place, qu'ils soient
évêques, prêtres ou diacres sont dépassés par ce qui se passe.
Nos homélies, mes homélies ne sont pas parfaites. Nos homélies,
mes homélies ont des défauts, elles sont brouillonnes, trop
longues. Ce n'est pas facile de traduire tout ce que l'Esprit nous
inspire à travers la parole de Dieu en peu de mot comme Jésus le
fit. Nous ne recevons qu'une part de son Esprit au baptême. Nous ne
sommes pas toujours au meilleur de notre forme. Nous avons nos
faiblesses et nos fatigues. Et, parfois, tout est clair limpide
évident et nos voix traduisent mieux ce que nos oreilles attendent.
Mais ce n'est pas cela le plus important. Le plus important c'est ce
qui se passe entre nous, c'est la présence du Christ entre nous.
C'est la présence du Christ à travers sa parole, lui le verbe fait
chair.
Le plus important c'est cette parole vivante qui nous est adressée
au présent à travers les âges. Cette parole nous touche dans notre
corps car elle nous est adressée à la fois personnellement et
collectivement.
Accueille les paroles de ma bouche,
le murmure de mon cœur ;
qu’ils parviennent devant toi,
Seigneur, mon rocher, mon défenseur !
le murmure de mon cœur ;
qu’ils parviennent devant toi,
Seigneur, mon rocher, mon défenseur !
Amen
!
Dominique Bourgoin, diacre.
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