" Je
vous le dis, à vous qui m’écoutez :"
aujourd'hui, ce dimanche, nous recevons une nouvelle loi. Cette loi
est encore plus exigeante, elle nous demande de déborder d'amour, de
ne pas laisser de place à la haine. Cette loi nous est donnée par
Jésus, le verbe fait chair. Mais cette loi est-elle tenable ?
Ainsi,
la conclusion de l'énoncé nous demande : "Soyez
miséricordieux comme votre Père est miséricordieux."
Mais lequel d'entre nous peut se dire miséricordieux comme le Père
?
Et
surtout tout le long du passage de cet Evangile, il y a comme un trop
plein d'exigences, une accumulation de difficultés.
Il
y a comme une forme d'écrasement de soi-même dans cette nouvelle
loi. Il y a comme une soumission à la loi du plus fort. Est-ce la
joue tendue, qui me fait dire cela ?
Et
puis, Jésus nous demande d'aimer ceux qui ne nous aiment pas, au
prétexte que les pécheurs aiment ceux qui les aiment.
Arrêtons-nous
sur cette phrase, car elle est curieuse cette expression. Elle mérite
peut-être d'être approfondie. Cette formule est peut-être une clé
pour entrer dans une meilleure compréhension de ce que veut le
Christ pour nous. Car enfin, c'est une bonne nouvelle que nous venons
de lire.
"Même
les pécheurs aiment ceux qui les aiment". En fait, il n'y a
pas le reproche d'aimer ceux qu'on aime, mais le reproche d'aimer
ceux qui nous aiment. Ainsi aimer ceux qui nous aiment, c'est aimer
ceux qui nous glorifient C'est aimer ceux qui nous voient plus grands
que nous sommes en réalité. C'est nous admirer nous-même dans le
regard des autres.
Ce
qui nous est demandé est bien différent. Ce qui nous est demandé
est de l'ordre du don total et de l'oubli de soi.
Mais
comment cela est-ce possible ? Trois personnes nous permettent de
rendre l'impossible possible.
En
premier lieu, n'oublions jamais que nous sommes créés à l'image de
Dieu. Acceptons qu'en nous subsiste la marque de l'amour infini d'un
Père miséricordieux. Réalisons qu'en nous est semé le germe de
l'amour et que nous sommes capables nous aussi les êtres humains de
déborder d'amour.
En
second lieu, rappelons-nous que notre baptême fait de nous des
frères. Le Christ lui-même nous tient la main pour nous aider à
voir notre pécher et ainsi nous oublier à nous-mêmes et à nous
ouvrir totalement aux autres.
Enfin,
l'Esprit-Saint ouvre notre intelligence aux futilités de
l'admiration, et de ne pas se contenter d'aimer ceux qui nous aiment.
Il nous invite à regarder au-delà de nous-même. Il nous aide à
discerner dans chaque rencontre la présence du Seigneur, y compris
dans cette rencontre douloureuse pour notre joue, même dans la
rencontre de celui qui nous a dépouillé de notre manteau.
Certains
d'entre nous, ont rendu possible ce qui nous semble impossible, je
n'en citerai que trois mais ils sont innombrables.
Saint
Martin qui a partagé son manteau avec un pauvre transi de froid.
Martin est alors un officier de la légion Romaine. Il est habitué à
être admiré. Peut-être aime-t-il ceux qui l'aiment. Mais ce jour
de froid, il oublie sa dignité d'officier et la donne a un pauvre.
La nuit suivante, il rêvera du Christ vêtu de la moitié de son
manteau.
Saint
François d'Assise qui pour le coup aime ceux qui l'aiment au début
de sa vie, se convertit après une maladie et une illumination devant
le crucifix de San Damiano. Sa conversion le conduit sur les chemins
de la pauvreté et du don total. Il aime ses ennemis dans la
rencontre qu'il fait à Damiette en Egypte avec le sultan Al-Kamel.
Et
enfin plus près de nous, sainte Teresa de Calcutta qui soignera
toute sa vie ceux qu'on ne doit pas toucher. Infatigable Teresa,
petite femme qui vit la nuit et l'abandon de Dieu, donnera au-delà
de tout et vivra complètement l'oubli de soi.
Qu'est-ce
que les exemples de ces saints évoquent-ils pour nous ? Ils nous
disent qu'un chemin dans cet Evangile est possible pour chacun de
nous.
Ils
nous disent que c'est un chemin d'abondance sur lequel chacun reçoit
une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante.
Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour ;
il n’agit pas envers nous selon nos fautes,
ne nous rend pas selon nos offenses.
lent à la colère et plein d’amour ;
il n’agit pas envers nous selon nos fautes,
ne nous rend pas selon nos offenses.
Amen
!
Dominique Bourgoin, diacre.
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