Jésus à la synagogue de Nazareth, lit le texte d’Isaïe.
« L’Esprit du Seigneur est sur moi parce qu’il m’a
consacré par l’onction, pour porter la bonne nouvelle aux
pauvres... » Il commente ce texte
« Aujourd’hui s accomplit ce passage de l’Ecriture »
Luc place cet épisode au sein d’une liturgie et je voudrais
profiter de cette occasion pour rester un moment sur le plan
liturgique. D’abord pour réaffirmer que la liturgie n’est pas
simplement un décorum ou un rite mais qu’elle participe à
l’accomplissement du mystère de Dieu. C'est le moment où le
peuple de Dieu reçoit les dons divins et en rend grâce.
Le texte de Jérémie se termine par « Oracle du Seigneur ». c’est comme si par ces trois mots Jérémie voulait souligner la
grande importance de la Parole comme Parole de Dieu.
Le prophète éprouve ce besoin d’insister comme s’il pressentait
que sa parole aura du mal à se faire entendre. Ici tout à l’heure
les lecteurs ont terminé leur proclamation par la phrase désormais
devenue rituelle et un peu mécanique : « Parole
du Seigneur ». Je milite pour que cette phrase soit
dites avec une certaine vigueur, et conviction, sans fausse pudeur,
sans trop de retenue, pour nous rappeler le statut de la liturgie de
la Parole.
Le dire avec force car la liturgie de la, Parole n est pas un moment
annexe de nos liturgies. Elle est déjà présence et accomplissement
du don du Seigneur
Vous avez entendu aussi qu’après la lecture Jésus a fermé le
livre ; Ce geste a d’autant plus de sens qu’il est lui même
la Parole. Il est la Parole vivante et ce qui s’accomplit là c’est
l’incarnation en plénitude. Celui qui est présent dans la
synagogue c’est bien un homme, le fils de Joseph, mais aussi le
« Verbe fait chair qui est venu habiter parmi nous »
Alors vous avez peut-être remarqué que, ici à Gradignan, nous
avons pris le parti de ne pas présenter le livre après la
proclamation de l’Evangile.
Car nous disons « Louange à toi Seigneur Jésus »
Après la proclamation sacramentelle de l’Evangile la Parole
est en chacun des auditeurs comme une présence réelle. La liturgie
de la Parole n’est pas une façon d’attendre la présence
eucharistique, mais elle est présence réelle.
Présence aussi dans la lettre aux Corinthiens… presque trop connue
mais méconnue. Choisie souvent pour la célébration de mariage avec
le titre « l’Amour ne passera jamais »
Cet amour ne se réduit pas à l’amour conjugal soulignons-le.
Nous avons là un problème de vocabulaire ; Dans notre
traduction nous entendons le terme « amour » et à
la fin de l’extrait le terme Charité. Mais dans notre
représentation mentale ni le mot amour, ni le mot charité ne sont
satisfaisant pour exprimer ce dont il est question ici.
En grec plusieurs mots rendent comptent de l’ amour comme philae,
eros et agapè. Tout au long de sa lettre Paul utilise le mot
« agapè » qui signifie le don total, le degrés le plus
grand de l’amour, celui qui concerne Dieu.
Tout à l’heure c’est dans cette agapè (Charité) du Christ que
vous échangerez la paix.
Donc la où nous serions tentés de lire une leçon de morale il faut
plutôt l’aborder comme la contemplation d’un mystère qui nous
dépasse…et qui s’accomplit aujourd’hui.
Et si on considère de près la lettre de Paul aux Corinthiens on
constate deux choses
La véritable charité ce n’est pas d’abord des actes à poser,
des choses à faire mais une attitude profonde de l’être ( l’oubli
de soi, la patience, l’esprit de service, l’humilité,
l’attention à l’intérêt de l’autre, la joie, le désir de
justice …) (catalogue pour le discernement.) L’opposé de la
Charité c’est la haine et ses fruits négatifs pour la société,
pour nos relations car la haine rend toute entente tout dialogue
impossible ( cf notre actualité), c’est fraternité zéro.
Ensuite , reconnaissons combien cette perfection de l’amour a
quelque chose d’inaccessible.
Mais dans la deuxième partie de notre extrait Paul fait de l’amour
une personne.
C’est l’amour qui est sujet.
J’y vois comme la présence du Christ. C’est par lui et avec sa
grâce que nous pouvons sinon l’atteindre en tout cas viser sans
cesse à la perfection dans nos relations humaines avant un jour
d’entrer dans la plénitude de la Charité du Christ.
Dans son commentaire, Jésus cherche-t-il le conflit, c’est lui qui
aborde le sujet qui provoque la colère meurtrière des juifs
rassemblés en citant Elie et Elisée, en précisant que ces
prophètes sont allés faire des signes et des miracles hors des
frontières d’Israël chez les païens . C'est
insupportable pour ceux qui se considèrent comme le peuple élu.
L’invitation de Jésus nous concerne aujourd’hui ; il nous
invite à élargir nos horizons.
Nous voulons une Eglise ouverte (je pense que nous ne parlons pas du
bâtiment). Sans nous rendre compte qu'au nom de notre assurance de
pratiquants nous pourrions ouvrir si parcimonieusement la porte de
l’Église que l’entrée en serait impossible si nous ne regardons
que vers l’intérieur dans le confort de notre entre soi.
Dieu parle-t-il par nous ou seulement entre nous ?
Acceptons sans retenue d’être en dehors de ce bâtiment-église de
courageux porte-parole du mystère de charité qui nous est
confié.…….
Les merveilles de l’Evangile, la force de la Charité du Christ,
fleurissent souvent ailleurs que sur nos plates-bandes bien alignées
et bien organisées ;.
L'amour du Seigneur ne connaît pas nos frontières. ….
Amen
Robert Zimermann
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