Luc 4 21-30 / Une homélie

L’Evangile d’aujourd’hui est la suite de celui qui a été proclamé dimanche dernier
Jésus à la synagogue de Nazareth, lit le texte d’Isaïe.
« L’Esprit du Seigneur est sur moi parce qu’il m’a consacré par l’onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres... » Il commente ce texte
« Aujourd’hui s accomplit ce passage de l’Ecriture »
Luc place cet épisode au sein d’une liturgie et je voudrais profiter de cette occasion pour rester un moment sur le plan liturgique. D’abord pour réaffirmer que la liturgie n’est pas simplement un décorum ou un rite mais qu’elle participe à l’accomplissement du mystère de Dieu. C'est le moment où le peuple de Dieu reçoit les dons divins et en rend grâce.

Le texte de Jérémie se termine par « Oracle du Seigneur ». c’est comme si par ces trois mots Jérémie voulait souligner la grande importance de la Parole comme Parole de Dieu.
Le prophète éprouve ce besoin d’insister comme s’il pressentait que sa parole aura du mal à se faire entendre. Ici tout à l’heure les lecteurs ont terminé leur proclamation par la phrase désormais devenue rituelle et un peu mécanique : « Parole du Seigneur  ». Je milite pour que cette phrase soit dites avec une certaine vigueur, et conviction, sans fausse pudeur, sans trop de retenue, pour nous rappeler le statut de la liturgie de la Parole.
Le dire avec force car la liturgie de la, Parole n est pas un moment annexe de nos liturgies. Elle est déjà présence et accomplissement du don du Seigneur
Vous avez entendu aussi qu’après la lecture Jésus a fermé le livre ; Ce geste a d’autant plus de sens qu’il est lui même la Parole. Il est la Parole vivante et ce qui s’accomplit là c’est l’incarnation en plénitude. Celui qui est présent dans la synagogue c’est bien un homme, le fils de Joseph, mais aussi le « Verbe fait chair qui est venu habiter parmi nous »

Alors vous avez peut-être remarqué que, ici à Gradignan, nous avons pris le parti de ne pas présenter le livre après la proclamation de l’Evangile.
Car nous disons « Louange à toi Seigneur Jésus » Après la proclamation sacramentelle de l’Evangile la Parole est en chacun des auditeurs comme une présence réelle. La liturgie de la Parole n’est pas une façon d’attendre la présence eucharistique, mais elle est présence réelle.

Présence aussi dans la lettre aux Corinthiens… presque trop connue mais méconnue. Choisie souvent pour la célébration de mariage avec le titre « l’Amour ne passera jamais »
Cet amour ne se réduit pas à l’amour conjugal soulignons-le.
Nous avons là un problème de vocabulaire ; Dans notre traduction nous entendons le terme «  amour » et à la fin de l’extrait le terme Charité. Mais dans notre représentation mentale ni le mot amour, ni le mot charité ne sont satisfaisant pour exprimer ce dont il est question ici.
En grec plusieurs mots rendent comptent de l’ amour comme philae, eros et agapè. Tout au long de sa lettre Paul utilise le mot « agapè » qui signifie le don total, le degrés le plus grand de l’amour, celui qui concerne Dieu.
Tout à l’heure c’est dans cette agapè (Charité) du Christ que vous échangerez la paix.
Donc la où nous serions tentés de lire une leçon de morale il faut plutôt l’aborder comme la contemplation d’un mystère qui nous dépasse…et qui s’accomplit aujourd’hui.

Et si on considère de près la lettre de Paul aux Corinthiens on constate deux choses
La véritable charité ce n’est pas d’abord des actes à poser, des choses à faire mais une attitude profonde de l’être ( l’oubli de soi, la patience, l’esprit de service, l’humilité, l’attention à l’intérêt de l’autre, la joie, le désir de justice …) (catalogue pour le discernement.) L’opposé de la Charité c’est la haine et ses fruits négatifs pour la société, pour nos relations car la haine rend toute entente tout dialogue impossible ( cf notre actualité), c’est fraternité zéro.

Ensuite , reconnaissons combien cette perfection de l’amour a quelque chose d’inaccessible.
Mais dans la deuxième partie de notre extrait Paul fait de l’amour une personne.
C’est l’amour qui est sujet.
J’y vois comme la présence du Christ. C’est par lui et avec sa grâce que nous pouvons sinon l’atteindre en tout cas viser sans cesse à la perfection dans nos relations humaines avant un jour d’entrer dans la plénitude de la Charité du Christ.

Dans son commentaire, Jésus cherche-t-il le conflit, c’est lui qui aborde le sujet qui provoque la colère meurtrière des juifs rassemblés en citant Elie et Elisée, en précisant que ces prophètes sont allés faire des signes et des miracles hors des frontières d’Israël chez les païens . C'est insupportable pour ceux qui se considèrent comme le peuple élu.

L’invitation de Jésus nous concerne aujourd’hui ; il nous invite à élargir nos horizons.
Nous voulons une Eglise ouverte (je pense que nous ne parlons pas du bâtiment). Sans nous rendre compte qu'au nom de notre assurance de pratiquants nous pourrions ouvrir si parcimonieusement la porte de l’Église que l’entrée en serait impossible si nous ne regardons que vers l’intérieur dans le confort de notre entre soi.
Dieu parle-t-il par nous ou seulement entre nous ?

Acceptons sans retenue d’être en dehors de ce bâtiment-église de courageux porte-parole du mystère de charité qui nous est confié.…….
Les merveilles de l’Evangile, la force de la Charité du Christ, fleurissent souvent ailleurs que sur nos plates-bandes bien alignées et bien organisées ;.

L'amour du Seigneur ne connaît pas nos frontières. ….

Amen

Robert Zimermann

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