Parle Seigneur, ton serviteur t'écoute / Jn 1 35-42 / Une homélie


« Retourne te coucher, Samuel, je ne t'ai pas appelé ! »
Au bout de trois fois Elie comprend que c'était le Seigneur qui appelle Samuel.
Mettrons nous cette lenteur sur le compte de son âge ? Ou plutôt sur le compte de l'expérience ?
Elie sait ne pas se précipiter à déclarer divin ce qui ne pourrait n'être qu'un élan humain.
Il est bon de donner aux appels le temps de mûrir. 
« Recouche toi Samuel, si c est profond ça reviendra. » Et c'est revenu, encore et encore.
Alors Elie comprend que c'est sérieux. Il invite Samuel à entendre son Seigneur, qui l'appelle par son nom :  La réponse suggérée à Samuel « Parle Seigneur, ton serviteur t'écoute » ressemble à ces deux mots qu'il prononce aussi et que l’Église nous invite à dire dans certaines circonstances : "ME VOICI ".

Vous, les futurs mariés, en entrant depuis l'extérieur dans cette église, en procession, vous avez signifié par ce geste votre "Me voici, Seigneur. "

Le prophète Elie est ici un relais de Samuel pour lui ouvrir le Chemin vers le Seigneur.
Nous aussi et particulièrement vous les enfants qui demandez le baptême et vous les couples qui préparez le sacrement de mariage vous avez rencontré des relais, des personnes qui ont éveillé en nous comme un appel et tous vous disent va plus loin à la rencontre de Celui qui t'appelle.
Et ces temps-ci vous laissez mûrir cet appel par le chemin qu'on appelle catéchuménal ( le temps qu'il faut pour aller jusqu'au au sacrement) Ceux qui vous accompagnent sont des veilleurs et des facilitateurs au nom du Christ.

Ce que dira Jean-Baptiste à ses disciples quand il voit passer Jésus, qui va et qui vient est du même ordre.
Il a derrière lui tout la tradition biblique, cette attente pressante de tout le peuple.
Aussi cette parole « Voici l'agneau de Dieu » déclenche comme une attraction des deux disciples.
La figure de l'Agneau traverse tout l'ancien testament . Elle est assimilée au Messie attendu. Et la parole de Jean Baptiste annonce le sacrifice de Jésus sur la Croix grâce auquel par sa résurrection le mal et la mort n'auront pas le dernier mot.
Le Voici donc ce messie en la personne de Jésus. Mais Jean Baptiste est vraiment le médiateur, le relais.C'est Jésus qui enclenche la rencontre par une question : « Que cherchez vous ? » A partir de cette question les deux disciples ne deviennent-ils pas « des cherchés » « Que cherchez vous » cette question le Seigneur ne cesse de la poser à chaque croyant et et de façon très profonde lorsque nous cheminons vers un sacrement (baptême eucharistie, confirmation, mariage et parfois ordination)
Car nous sommes et restons des « cherchés » par un Amour plus grand que nous.
Pour être  cherché il faut aussi être chercheurs de Dieu.

« Maître où demeures-tu ? » Les deux disciples demandent un lieu personnel afin d'y demeurer avec Jésus.
Pour une plus grande proximité ou intimité. Jésus ne répond pas à leur question, mais il les invite à se déplacer avec lui pour voir. « Venez et vous verrez » Se déplacer pour changer d'angle de vue , pour voir autre chose et entrer dans une œuvre qu'ils n'imaginaient pas. Ces heures passées en tête à tête marqueront toute la vie des deux hommes ; La suite nous le dira. Mais ici aucune description d'un lieu, d'une maison.
« Où demeures tu ?» est une question fondamentale qui fait de nous des disciples.
La liturgie aujourd’hui nous conduit sous la plume de Paul aux corinthiens à entendre «  Ne savez vous pas que votre corps est un sanctuaire de l'Esprit lui qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu »
La demeure de Dieu c'est le corps de l'homme. Incroyable !
Tu veux être proche de Dieu, tu veux qu'il soit proche de toi. Consens à ce que ton corps soit demeure du souffle de Dieu et non objet de convoitise ou de celle d'autrui.
Ce n'est pas un discrédit porté sur le corps mais une véritable libération propre à orienter dans le juste sens, tous les débats qui sont les nôtres aujourd’hui. Les droits de l'homme, les questions sur la vie, l'amour, la naissance, la fin de vie, la mort...en un mot l'éminente dignité de tout humain
« Maître où demeure-tu ? » le Seigneur répond à notre désir d'un vrai chemin spirituel dans l'intimité du Seigneur. Une proximité que l’Église nous propose dans la prière, la fréquentation du Verbe fait chair en sa Parole, dans les sacrements.
Posons-nous humblement et sans détour la question,, nous reste-t'il encore du temps pour la prière personnelle et l'écoute de la Parole. L'agitation et le clignotement permanent de notre société  digitale et hyper branchée, avec sa technologie de communication nos smartphones , nos oreillettes, nos tablettes, le net, mais qui risque fort si nous en abusons de nous faire oublier et de nous éloigner de l'intimité avec le Seigneur ou de la brouiller. J'espère que jamais notre coeur ou notre intelligence ne se réduiront à notre pouce (comprenne qui voudra)

Le Seigneur t'appelle mais pas par le téléphone  ni le smartphone.… Peut-être que l'appel peut aussi venir par là. Il n est pas question bien sûr de mépriser ces technologies que le génie de l'humain nous offre. Mais qu'elles ne viennent pas brouiller voir éteindre nôtre désir de chercher de la demeure du Seigneur.

« Parle, Seigneur, ton Serviteur écoute »
Le Seigneur demeure dans notre relation personnelle avec Lui .
Il demeure dans nos relations entre nous, et avec nos frères humains.
Il demeure là où les hommes souffrent et espèrent.
Demeurons à présent pour partager le repas du Seigneur et renforcer en nous son souffle.
Amen

Robert Zimmermann

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