Notre Epiphanie / de Karl Rahner

"Les premiers hommes auxquels le Christ s'est révélé publiquement sont venus de loin, et ont dû entreprendre un voyage aventureux pour parvenir jusqu'à cet enfant qui était leur rédempteur.

L'Epiphanie est ainsi la célébration du bienheureux voyage de l'homme en quête de Dieu sur le chemin où il pérégrine ici-bas, de l'homme qui trouve Dieu parce qu'il l'a cherché.
Oui, c'est notre propre histoire, l'histoire de notre pèlerinage sans fin, que nous déchiffrons à travers ces mages venus de la lointaine Babylone, conduits par l'étoile, vainqueurs obstinés de l'immensité des déserts aussi bien que de l’indifférence et de la politique, et parvenant finalement à trouver l'enfant et à l'adorer comme le roi-sauveur.
Oui, c'est notre histoire que nous lisons... que nous devrions lire, à travers ce récit... Ne sommes-nous pas tous des pèlerins, des voyageurs, des hommes sans domicile fixe, même si nous n'avons jamais eu à quitter notre "chez nous"?... Notre voyage terrestre a un but, et ce but, c'est Dieu... c'est vers Lui que se dirige en fin de compte le torrent formidable qui entraîne toute créature à travers tous les temps, tous les changements et toutes les vicissitudes... mais comment faire cette route?...

C'est notre cœur qui doit se mettre en marche (...)
Le cœur qui n’a pas peur de faire du chemin pour aller à la rencontre de Dieu, et dont la foi ne se laisse pas gagner par l’amertume ; le cœur qui tient la folie de la bonté pour plus avisée que les calculs habiles de l'égoïsme ; le cœur qui croit à la bonté de Dieu, le cœur assez aimant pour consentir à recevoir de lui le pardon...
Un cœur de cette trempe a pris la route aventureuse des cœurs de rois, la route qui mène à Dieu.

Allons, mon cœur, ouvre-toi et mets-toi en route, car l'étoile a lui.
Tu ne peux sans doute emporter beaucoup de bagages, et tu en perdras bien d'autres en chemin. N’importe, va de l'avant. L’or de l'amour, l'encens du désir, la myrrhe de la souffrance, tu possèdes déjà tout cela.
Il acceptera tout cela.
Et nous finirons par le trouver.

Karl Rahner

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