"Les
premiers hommes auxquels le Christ s'est révélé publiquement sont venus de
loin, et ont dû entreprendre un voyage aventureux pour parvenir jusqu'à cet enfant qui était leur rédempteur.
L'Epiphanie est ainsi la célébration
du bienheureux voyage de l'homme en quête de Dieu sur le chemin où il pérégrine
ici-bas, de l'homme qui trouve Dieu parce qu'il l'a cherché.
Oui, c'est notre propre
histoire, l'histoire de notre pèlerinage sans fin, que nous déchiffrons à
travers ces mages venus de la lointaine Babylone, conduits par l'étoile,
vainqueurs obstinés de l'immensité des déserts aussi bien que de l’indifférence
et de la politique, et parvenant finalement à trouver l'enfant et à l'adorer
comme le roi-sauveur.
Oui, c'est notre histoire
que nous lisons... que nous devrions lire, à travers ce récit... Ne sommes-nous
pas tous des pèlerins, des voyageurs, des hommes sans domicile fixe, même si
nous n'avons jamais eu à quitter notre "chez nous"?... Notre voyage
terrestre a un but, et ce but, c'est Dieu... c'est vers Lui que se dirige en
fin de compte le torrent formidable qui entraîne toute créature à travers tous
les temps, tous les changements et toutes les vicissitudes... mais comment
faire cette route?...
C'est notre cœur qui doit se mettre
en marche (...)
Le cœur qui n’a pas peur de faire du
chemin pour aller à la rencontre de Dieu, et dont la foi ne se laisse pas
gagner par l’amertume ; le cœur qui tient la folie de la bonté pour plus avisée
que les calculs habiles de l'égoïsme ; le cœur qui croit à la bonté de Dieu, le
cœur assez aimant pour consentir à recevoir de lui le pardon...
Un cœur de cette trempe a pris la
route aventureuse des cœurs de rois, la route qui mène à Dieu.
Allons,
mon cœur, ouvre-toi et mets-toi en route, car l'étoile a lui.
Tu
ne peux sans doute emporter beaucoup de bagages, et tu en perdras bien d'autres
en chemin. N’importe, va de l'avant. L’or de l'amour, l'encens du désir, la
myrrhe de la souffrance, tu possèdes déjà tout cela.
Il
acceptera tout cela.
Et
nous finirons par le trouver.
Karl Rahner
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