On verra le Fils de l'homme / Mc 13 24-32 / Une homélie

"Alors on verra le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire."
Qu'est-ce que c'est que cette histoire de fils de l'homme qui arriverait en chevauchant les nuages avec une posture de conquérant accompagné de trompette ?
Elle est troublante cette image qui s'inscrit au fond de notre rétine. Surtout que les termes employés sortent de la bouche même de Jésus.
Il y a déjà un contraste entre le terme de "fils de l'homme" et le fait de venir dans les nuées avec puissance et gloire. Déjà, on entendrait mieux si c'était le Fils de Dieu qui viendrait dans les nuées avec grande puissance et grande gloire. Ça collerait mieux avec les mythologies entendues dans notre enfance.
Je voudrais à ce stade de notre méditation partager avec vous une expérience. Il n'y a pas si longtemps, je prenais souvent l'avion pour aller à Paris, au moins une fois par semaine. Je ne sais pas pourquoi mais chaque fois qu'on se préparait à atterrir, je scrutais le sol pour voir à quel moment, je percevrais des mouvements humains au sol. Et chaque fois, je me disais que si Dieu est parmi nous, il ne doit pas planer bien haut dans le ciel. Car en vol de croisière, on ne perçoit de la vie que ce qui a été modelé par l'homme. On voit des champs, des bâtiments, des routes, des ponts mais l'homme est bien trop petit pour le discerner, apercevoir. Et c'est quand l'avion s'approche près du sol qu'on perçoit la vie.
Alors, je ne sais pas ce que c'est que la nuée dont parle le texte mais je doute qu'il parle du ciel tel qu'on le voit en levant le nez.
Et ce terme de Fils de l'homme que cela évoque-t'il en nous ? Ce terme aussi casse la vision parfois mythologique qu'on peut avoir du Fils de Dieu.
Le Fils de l'homme, c'est le pauvre, le faible, celui dont on se moque, celui sur lequel on crache, celui qu'on insulte, celui qu'on torture, celui qu'on abandonne, celui qu'on dédaigne, qu'on ignore, celui qui ne mérite pas un regard.
Qui oserait ces mêmes comportements avec le Fils de Dieu ? Qui oserait, en conscience, insulter, cracher, torturer, crucifier le Fils de Dieu ?
Et alors, on relit encore une fois le début de l'Evangile, à la lumière de notre méditation : "Alors on verra le pauvre, le faible venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire." Quel contraste, entre le pauvre, le faible et la grande puissance et la gloire !
Mais ce contraste, le secours catholique et toutes les associations caritatives vous invitent à l'expérimenter.
Venez accueillir les migrants, les sans-papiers, les indigents et vous découvrirez la puissance vitale qui les anime. Combien la volonté de sortir de leur condition est chevillée à leur corps.
Imaginons la force d'humilité nécessaire pour tendre la main et malgré cela rester digne. Être digne comme un Fils d'homme, debout, le regard droit mais doux comme celui des béatitudes.
La première valeur que défend le secours catholique, c'est le respect de la dignité de la personne humaine.
Le respect de la dignité de la personne humaine, c'est regarder tout homme avec respect, c'est l'accueillir avec respect, c'est l'aider avec respect parce que c'est ce à quoi tous les êtres humains sont appelés.
Tous les humains sont marqués de la ressemblance de Dieu. Tous les fils d'hommes sont marqués de la ressemblance de Dieu. Le Fils de l'homme, quant à lui, est marqué de l'image du Père.
Et dans tout cela, dans ces histoires de filiations, les fils d'hommes trouvent les ressources pour vivre, pour les uns il s'agit d'implorer en tendant la main, pour les autres, de prendre les mains tendues dans leurs mains.
Quand les fils des hommes agissent selon ce que leur inspire le Fils de l'homme, véritablement, ils participent au royaume des cieux, aussi bien les pauvres qui crient que les fils d'hommes qui sont touchés par les cris.
Et tous les fils d'hommes se trouvent un jour dans la situation de tendre la main et un autre jour dans la situation de prendre la main.
Et tout homme sait qu'il verra un jour le soleil s'obscurcir. Tout homme verra ce qui l'entoure se transformer en brume. Tout homme verra la lune pâlir. Tout homme verra le monde qui l'entoure s'effondrer. Alors la part en lui qui appartient à Dieu, cette part qui est marquée à la ressemblance de Dieu, verra le pauvre, le faible venir dans cette nuée avec grande puissance et avec gloire pour le relever.
Le Fils de l'homme rassemblera, des quatre coins du monde de l'homme, ce qui vaut le coup, ce qui mérite d'entrer dans la gloire.
Seigneur, mon partage et ma coupe :
de toi dépend mon sort.
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ;
il est à ma droite : je suis inébranlable.
Amen !
Dominique Bourgoin, diacre.

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