(...)
Jésus
se saisit de cette loi ancienne, pour jongler avec, pour souder
ensemble des morceaux qui se trouvaient loin l’un de l’autre.
Jésus
qui est le Verbe de Dieu, qui est la Parole de Dieu, est seul capable
de faire ce travail de « re-montage », de
« couper-coller »…
Il
est seul capable de faire de l’écriture une parole, de faire de la
lettre une voix qui s’entende…
car
le premier mot de ce « premier plus grand commandement »
est lui-même un commandement…
le
premier mot qui sonne à nos oreilles et dont dépend toute la
suite : « Ecoute »
« Ecoute »
« Tu
aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de
tout ton Esprit et de toute ta force »
« Tu
aimeras ton prochain comme toi-même ».
Reste
qu’il nous faut maintenant assumer cette loi « remodelée »
par Jésus.
Il
ne vient pas dire au scribe que la loi est une vieille chose
dépassée, que désormais la seule chose qui compte c’est d’être
gentil avec son voisin, compatissant avec les pauvres, et engagé
dans son église !
Il
ne vient pas nous dire : « cette affaire de loi est une
affaire de scribe qui ne nous concerne plus, nous, hommes et femmes
modernes, pétris de droits de l’Homme et de bons sentiments »…
Non,
la loi demeure, cette triple loi nouvelle et ancienne à la fois.
« Aimer
Dieu, son prochain et soi-même »
▪ Qu’est-ce
que c’est « Aimer Dieu
de tout son cœur, de toute son âme, de tout son esprit et de toute
sa force » ?
▪ Qui
pour aimer Dieu de cette manière ?
▪ Qui
peut dire « j’aime Dieu de tout mon cœur (c’est à dire
que pas une part de mon cœur n’est occupée à autre chose), de
toute mon âme, mon esprit et ma force (c’est à dire que pas une
part de mon âme, de mon esprit et de ma force n’est occupée à
autre chose) »… ?
Pour
pouvoir aimer Dieu ainsi, il faudrait connaître l’objet de son
amour….
▪ Qui
connaît Dieu pour l’aimer ainsi ?
Pour
l’homme, c’est impossible.
C’est
probablement pour ça que Jésus vient coller le second commandement
Aimer
son prochain comme soi-même…
ici,
nous sommes moins perdus… ce n’est pas plus simple, mais au
moins, nous avons un repère à notre portée : nous-même.
(...)
Alors,
j’aimerais pour finir vous lire un petit texte de Marie
Noël.
Voici
ce qu’elle écrit dans son journal. Que ce soit notre prière de ce
matin :
« Mon
Dieu, je ne vous aime pas, je ne le désire même pas, je m’ennuie
avec vous. Peut-être même que je ne crois pas en vous.
Mais
regardez-moi en passant.
Abritez-vous
un moment dans mon âme, mettez-la en ordre d’un souffle, sans en
avoir l’air, sans rien me dire.
Si
vous avez envie que je croie en Vous, apportez-moi la foi. Si vous
avez envie que je vous aime, apportez-moi l’amour. Moi, je n’en
ai pas et je n’y peut rien. Je vous donne ce que j’ai : ma
faiblesse, ma douleur. Et cette tendresse qui me tourmente et que
vous voyez bien… Et ce désespoir… et cette honte affolée…
Mon mal, rien que mon mal
Mon mal, rien que mon mal
C’est
tout !
Et
mon espérance ! »*
╬ Amen
Sylvain
Diacre
*Marie
Noël Notes intimes. Stock 1959 p.41
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