"Passe
derrière moi, Satan !" ces mots de Jésus
sonnent étrangement cette année. Ce sont presque les mots prononcés
par le père Hammel avant son martyre.
C'était il y a un peu plus d'un an que des meurtres au cœur de
l'Eucharistie ont été commis. Des meurtres commis à cause de la
résurrection de Jésus, et on peut penser que le père Hammel se met
à la suite du Christ quand il dit "va-t'en, Satan."
Le père Hammel
chasse Satan comme le Christ fait l'injonction à Satan de passer
derrière lui.
Et oui ce que nous
dit l'Evangile de ce dimanche, c'est que le Christ est le vainqueur
du mal et qu'il le soumet à sa volonté. "Passe derrière
moi, Satan !" Jésus prend la tête et
conduit son peuple vers le salut.
C'est Pierre qui
fait les frais de l'injonction de Jésus. A peine un instant après
que celui-ci lui ai dit : "Heureux es-tu, Simon fils de
Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé
cela, mais mon Père qui est aux cieux."
Pierre est donc
capable du bien comme du mal. Mais en lui comme en nous tous, ce
n'est pas le mal qui a le dernier mot. Ce qui obéit à Satan passe
derrière.
C'est la part qui
appartient à Dieu qui au final triomphe. C'est cette part qui
ressuscite. C'est ce qui nous échappe et qui s'anime à l'approche
du Seigneur qui le rejoint dans le royaume.
Tout cela se fait
au-delà de nous, malgré nous, ce qui appartient à Dieu revient à
Dieu. N'oublions pas que nous sommes tous créés à l'image de Dieu.
Que deviennent ces
deux terroristes qui ont martyrisé le père Hammel ? Je ne le sais
pas, peut-être qu'ils ont rejeté tout entier la petite part en eux
qui est de Dieu et qu'en pleine conscience ils sont passés derrière.
Mais peut-être
aussi que ce mal qui les avait envahi est passé derrière et qu'ils
ont accueilli le pardon de Dieu. Personne ne sait.
Mais alors si tout
se fait malgré-nous, à quoi bon prendre sa croix et suivre le
Christ ?
Il y a deux raisons
à prendre sa croix et à suivre le Christ.
La première tient
au fait que la croix c'est le lieu où est mort Jésus. Nous savons
que nous aussi nous ne pouvons échapper à la mort. La résurrection
nous sommes tous d'accord mais pour cela, il nous faut accepter de
passer par la croix. Même si c'est inéluctable, ce que nous demande
Jésus c'est extrêmement difficile. Personne ne sait comment il
réagira, personne ne sait comment ont réagi nos proches qui ont
franchi ce passage. Toujours est-il que ce que nous demande Jésus
c'est de prendre sa croix. Prendre sa croix, c'est accepter sa propre
finitude dans tout ce qu'on est, c'est accepter qu'une part de soi
est appelé à suivre le Seigneur quoi qu'il arrive.
Mais il nous demande
aussi de le suivre car il nous appelle à contempler la croix vide,
une croix glorieuse qui après le passage est symbole de vie.
La seconde raison
c'est donc de suivre le Christ. Suivre le Jésus, mettre ses pas dans
les siens. Essayer de regarder avec le regard de Jésus. Essayer
d'écouter avec les oreilles de Jésus. Essayer de toucher avec les
mains de Jésus.
Tout cela c'est déjà
goûter à la béatitude du royaume des Cieux.
Qui peut nier que
quand passe le Seigneur, la joie envahit notre corps, alors pourquoi
ne pas favoriser le passage du Seigneur en se mettent à la suite du
Christ pour guetter sa venue comme le fait le psalmiste dès l'aube.
Cela a pour effet de
développer cette part en nous, cette part au creux de notre chair,
cette part qui appartient à Dieu, qui est l'image de Dieu, qui porte
imprimée en elle l'empreinte de Dieu.
Et cela oblige Satan
à passer derrière, à s'effacer, à reculer.
C'est ainsi, en
répondant à l'exhortation de Paul que nous sommes invités à
sacrifier toute notre personne en offrande sainte.
Car Paul est celui
qui a compris dans sa chair en quoi consiste prendre sa croix et
suivre le Christ.
Je
t’ai contemplé au sanctuaire,
j’ai vu ta force et ta gloire.
Ton amour vaut mieux que la vie :
tu seras la louange de mes lèvres !
j’ai vu ta force et ta gloire.
Ton amour vaut mieux que la vie :
tu seras la louange de mes lèvres !
Amen !
Dominique
Bourgoin, diacre.
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