Les pelerins d'Emmaüs / Luc 24 13-35 / Une homélie

L’événement est passé, la rencontre est terminée, et les disciples s'interrogent :
notre cœur n'était-il pas brûlant ? Qu'est ce que ça peut vouloir dire un cœur brûlant ? avons-nous connu dans nos vies ce phénomène étrange d'avoir le cœur qui brûle ? (...)
On pourrait se dire que c'est une simple formule de style, de la littérature, mais voilà que c'est aussi du côté du cœur que Jésus vient nous chercher:
"Comme votre cœur est lent à croire !"
Le texte dit mot à mot "sans intelligence et lent de cœur"
Il est donc juste de nous poser la question de l'état de notre cœur.
(...)
Un inconnu les rejoint, il les rejoint là où ils en sont sur leur chemin mais aussi dans leur désarroi, dans cette mécanique de la tristesse qui nous fait tourner en rond, dans ce goût que nous avons à toujours nous redire nos échecs et nos défaites.
Il les rejoint et interroge leur cœur : cœurs sans intelligence et lents à croire !

Mais qu'est-ce qui brûle ainsi leur cœur ?
- la voix de l'ami retrouvé ?
non puisqu'ils ne savent pas qui il est.
- Le réconfort reçu de cet inconnu ?
non, il n'a aucune parole de réconfort, il ouvre les Ecritures.

Ce qui brûle leur cœur, c'est l'Ecriture elle-même.
L'Ecriture ouverte, l'Ecriture dépliée, habitée, l'Ecriture qui ne cesse de parler de lui,
l'Ecriture qui ne parle pas de ce Jésus que les deux hommes regrettent tant, mais qui révèle le Christ.

Il y a un autre texte dans la bible où il est question d'un cœur qui brûle, c'est dans le Prophète Jérémie, il dit : « Je ne penserai plus au Seigneur, je ne parlerai plus en son nom. » Mais la parole était comme un feu brûlant dans mon cœur, elle était enfermée dans mes os. Je m’épuisais à la maîtriser, sans y réussir. (Jr 20-9)
La Parole comme un feu brûlant dans mon cœur.

Comment croire à la résurrection ?
Comment comprendre le tombeau vide du matin de Pâques ?
Devant ces questions,
Que nous dit notre cœur ?
Comment brûle-t-il ?
Laissons tomber notre cerveau et observons notre cœur !
L'intelligent dans cette affaire, c'est lui.
"même la nuit mon cœur m'avertit" a-t-on chanté dans le psaume.

Il ne s'agit pas d'en faire une affaire de sentiment à l'eau de rose,
il ne s'agit pas de refuser le travail de notre intelligence, mais il s'agit d'éveiller l'intelligence de notre cœur, une intelligence plus profonde, plus intime...
Il s'agit de prendre au sérieux l'étrange joie de notre cœur.
Pas une joie de guimauve, pas une joie de façade, pas une joie obligatoire qui nous contraindrait à afficher "l'air joyeux"...
Une joie au plus profond, une joie grave, une joie en vérité, une joie qui consume et qui brûle au risque de faire mal.

N'attendons pas que nos yeux nous renseignent, ils sont disqualifiés pendant tout le texte : ils ne s'ouvrent que pour voir le Christ disparaître.
N'attendons pas que nos raisonnements nous éclairent, ils sont trop verrouillés par nos scénarios et nos logiques humaines.

Si nous voulons faire le grand passage avec Jésus et marcher avec le Christ, penchons-nous sur notre cœur. Et mesurons sa température !

Et s'il nous semble un peu froid, ouvrons ensemble les Ecritures !
le feu est là qui nous attend.
Comme sur la route d'Emmaüs, il faut lire à plusieurs, il faut faire cette expérience de la lecture commune, parce qu'alors nos cœurs se frottent et le feu grandit.

Le Seigneur est ressuscité, il est vraiment ressuscité, même la nuit notre cœur nous en avertit, écoutons-le !

Alléluia, Amen
Sylvain, diacre