Aimez vos ennemis / Luc 6 27-38 / une homélie

Lorsque je préparai cette homélie, je me suis souvenu d’une citation du ‘grand penseur’ Pierre Desproges, souvent citée par une collègue de travail quand elle rencontrait des difficultés avec quelqu’un : « L'ennemi est bête : il croit que c'est nous l'ennemi alors que c'est lui ! »

Je propose que nous regardions d’un peu plus près l’Evangile de ce dimanche pour tenter d’y voir ce qu’il y a d’impossible dans les demandes de Jésus. Puis nous explorerons les mêmes demandes en tentant modestement de nous mettre à la place de Jésus.

« Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. À celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue. À celui qui te prend ton manteau, ne refuse pas ta tunique. Donne à quiconque te demande, et à qui prend ton bien, ne le réclame pas. »

Quelle exigence ! Comment être capable d’appliquer les recommandations de cet Evangile.

Nous entendons qu’il faut accepter de se faire battre, dépouiller, maudire et tout cela sans même réagir ! Mieux il faudrait encourager les exactions.

C’est trop demander. Notre instinct, nos réflexes, notre éducation nous conditionnent à survivre, donc à lutter contre nos ennemis. Cela tient de l’impossible pour les humains que nous sommes.

Jésus, Dieu fait homme, connaît ce qui entrave nos vies, la rancune, l’agressivité, l’escalade de la violence.

Jésus propose de sortir de ce cercle de la haine et de la violence. Il nous laisse un commandement nouveau : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé. » De notre point de vue, rien de nouveau. Nous sommes prêts à nous aimer les uns les autres. Mais Jésus ajoute ces cinq mots qui changent tout : comme je vous ai aimé.

C’est là qu’intervient le grand penseur que je citais en introduction : « L'ennemi est bête : il croit que c'est nous l'ennemi alors que c'est lui ! » C’était un moyen pour la collègue que je citais de prendre du recul et de considérer le point de vue de celui qui s’opposait à ses projets professionnels.

Oui ! Jésus aime tous les hommes, aussi bien ceux que nous considérons bons comme ceux que nous traitons en ennemis.

Dans l’Evangile de Matthieu, au chapitre 5, dans le sermon sur la montagne, Jésus précise après avoir demandé d’aimer ses ennemis : « Ainsi vous deviendrez les fils de votre Père qui est dans les cieux. Car il fait lever son soleil aussi bien sur les méchants que sur les bons, il fait pleuvoir sur ceux qui lui sont fidèles comme sur ceux qui ne le sont pas. »

Du point de vue de Jésus, il y a deux groupes ennemis qui se disent bons et qui voient dans l’autre groupe un ennemi.

Dans cette configuration, Jésus ne tranche. Il ne désigne pas qui a raison et qui a tort. Il ne prend pas partie. Il nous demande seulement de prendre du recul et de ne pas avoir un regard tranché sur celui qui s’oppose à nous.

Jusqu’au bout, Jésus, le Christ, est un exemple pour nous. Sur la croix où il agonise, Jésus prie son Père de pardonner à ses tortionnaires. Jésus nous montre jusqu’où va son amour.

Ce dimanche, nous sommes venus à l’invitation du Seigneur. Nous sommes heureux d’être réunis autour de la table de la parole et la table où le Christ s’offre en sacrifice. Il faut reconnaître que nous sommes bien entres-nous, nous les bons.

Et bien cela n’est pas suffisant !

L’Evangile de ce dimanche nous invite à beaucoup plus. Il nous demande de sortir de notre confort, de nos habitudes, de dépasser nos aprioris. Nous pouvons par exemple nous ouvrir à ceux qui ne prient pas comme nous.

Ainsi, notre joie sera parfaite, car ce sera une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante que nous recevrons !

Amen !

Dominique Bourgoin, diacre.

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