Visitation, fête de l'Esprit / Luc 1 39-45 / Une homélie


    Voici que le temps de l’Avent touche à sa fin.
    Deux jours encore et dans la nuit de mardi, Jésus va naître, et cette naissance va faire du bruit. Le grand chœur des anges va se déchaîner, le grand orchestre du ciel va faire éclater son Gloria. Dans l’étable de Nazareth, une femme va crier dans les douleurs de l’enfantement. Et dans la mangeoire, un enfant criera, parce que c’est dans un cri que tout homme entre dans la vie.

    Mais aujourd’hui, c’est la fête du silence
    Avant les cris et les chants de Noël, nous assistons à un miracle de silence. "L’essentiel est dérobé aux yeux et passe par les voix, les voix qui font sursauter l’intime dans l’invisible. C’est un éclair de l’Esprit entre deux présences, deux vies cachées, dans les ventres clos d’une femme stérile et d’une vierge"*.
    En attendant que le Verbe vienne dans la chair, c’est l’Esprit qui est à la manœuvre.

    Deux femmes se saluent et deux enfants à naître tressaillent dans l’Esprit.
- L’ange l’avait dit à Marie :  « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi ce qui va naître sera saint ». Marie sait donc que l’Esprit est à l’œuvre en sa chair. Elle sait que ce qui vient est le fruit du souffle et du feu.
- L’ange l’avait dit au père de Jean « il sera rempli d’Esprit Saint dès le ventre de sa mère » et voilà qu’Élisabeth elle-même est remplie d’Esprit saint.

    Résumons : une femme sous l’Esprit porte en son ventre le fruit de l’Esprit, et elle visite une autre femme remplie de l’Esprit qui porte en son ventre un enfant comblé d’Esprit.

    On l’oublie bien souvent, l’Esprit saint… C’est pourtant l’acteur majeur de cette naissance. Sa fonction, c’est peut-être de donner du poids à la moindre parole. Lui qui est souffle, il se saisit du moindre mot, de la salutation la plus banale, et il lui donne le poids d’une vie nouvelle. Il fait tressaillir toute chair. Il contamine toute chair de sa Joie. La salutation touche l’oreille, l’enfant trésaille, la mère trésaille du tressaillement de l’enfant, et Marie Exulte de Joie.

    « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
        Première béatitude !

    Qui est-elle cette femme qui a cru ? Est-ce Marie ? Est-ce Elisabeth ?
    Les deux ont reçu des paroles de la part du Seigneur… et, dans l’Esprit, elles y ont cru… et les voilà heureuses.

    Mais nous avons tous reçu des paroles de la Part du Seigneur !
    Nous avons tous reçu la visite des anges !
    Le Seigneur a parlé à chacun de nous… dans le secret… dans le silence de l’Esprit. Chacun de nous a entendu « celui-ci est mon fils bien-aimé en qui j’ai mis tout mon amour ». Chacun de nous a entendu « Eveille-toi toi qui dors, réveille-toi d’entre les morts »
    Alors comment se fait-il que nous soyons si lents à tressaillir ?
    Pourquoi sommes-nous si réticents à croire à l’accomplissement des paroles qui nous furent dites de la part du Seigneur ?
    Quand allons-nous enfin nous laisser faire par l’Esprit ?
    Quand allons-nous consentir à la Joie ?

    L’enfant qui tressaille au creux du ventre d’Elisabeth, il ne cesse de tressaillir au plus profond de chacun de nous. Ce n’est pas une question de femme, c’est une question d’enfantement. Il s’agit du travail conjoint de la Parole et de l’Esprit pour faire advenir en chacun de nous, cette vie nouvelle qui ne meurt pas. Faire advenir en nous, le Fils. Il s’agit de croire à l’accomplissement de cette Parole. Il s’agit de sentir au creux de nos entrailles stériles la vie de l’Esprit qui vient.
    Noël n’est peut-être rien d’autre que cela

Amen
Sylvain diacre
*Jean-Luc Nancy "Visitation"

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