Deux
jours encore et dans la nuit de mardi, Jésus va naître, et cette
naissance va faire du bruit. Le
grand chœur des anges va se déchaîner, le grand orchestre du ciel
va faire éclater son Gloria. Dans
l’étable de Nazareth, une femme va crier dans les douleurs de
l’enfantement. Et
dans la mangeoire, un enfant criera, parce que c’est dans un cri
que tout homme entre dans la vie.
Mais
aujourd’hui, c’est la fête du silence
Avant
les cris et les chants de Noël, nous assistons à un miracle de
silence. "L’essentiel
est dérobé aux yeux et passe par les voix, les
voix qui font
sursauter l’intime dans l’invisible. C’est
un éclair de l’Esprit entre deux présences, deux vies cachées,
dans les ventres clos d’une femme stérile et d’une vierge"*.
En
attendant que le Verbe vienne dans la chair, c’est l’Esprit qui
est à la manœuvre.
Deux
femmes se saluent et deux enfants à naître tressaillent dans
l’Esprit.
-
L’ange l’avait dit à Marie : « L’Esprit
Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous
son ombre ; c’est pourquoi ce qui va naître sera saint ». Marie
sait donc que l’Esprit est à l’œuvre en sa chair. Elle
sait que ce qui vient est le fruit du souffle et du feu.
-
L’ange l’avait dit au père de Jean « il
sera rempli d’Esprit Saint dès le ventre de sa mère »
et voilà qu’Élisabeth
elle-même est remplie d’Esprit saint.
Résumons :
une femme sous l’Esprit porte en son ventre le fruit de l’Esprit,
et elle visite une autre femme remplie
de l’Esprit qui porte en son ventre un enfant comblé
d’Esprit.
On
l’oublie bien souvent, l’Esprit saint… C’est
pourtant l’acteur majeur de cette naissance. Sa
fonction, c’est peut-être de donner du poids à la moindre parole. Lui
qui est souffle, il se saisit du moindre mot, de la salutation la
plus banale, et il lui donne le poids d’une vie nouvelle. Il
fait tressaillir toute chair. Il
contamine toute chair de sa Joie. La
salutation touche l’oreille, l’enfant trésaille, la mère
trésaille du tressaillement de l’enfant, et Marie Exulte de Joie.
« Heureuse
celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent
dites de la part du Seigneur. »
Première
béatitude !
Qui
est-elle cette femme qui a cru ? Est-ce
Marie ? Est-ce Elisabeth ?
Les
deux ont reçu des paroles de la part du Seigneur… et, dans
l’Esprit, elles y ont cru… et les voilà heureuses.
Mais
nous avons tous reçu des paroles de la Part du Seigneur !
Nous
avons tous reçu la visite des anges !
Le
Seigneur a parlé à chacun de nous… dans le secret… dans le
silence de l’Esprit. Chacun
de nous a entendu « celui-ci est mon fils bien-aimé en qui
j’ai mis tout mon amour ». Chacun
de nous a entendu « Eveille-toi toi qui dors, réveille-toi
d’entre les morts »
Alors
comment se fait-il que nous soyons si lents à tressaillir ?
Pourquoi
sommes-nous si réticents à croire à l’accomplissement des
paroles qui nous furent dites de la part du Seigneur ?
Quand
allons-nous enfin nous laisser faire par l’Esprit ?
Quand
allons-nous consentir à la Joie ?
L’enfant
qui tressaille au creux du ventre d’Elisabeth, il ne cesse de
tressaillir au plus profond de chacun de nous. Ce
n’est pas une question de femme, c’est une question
d’enfantement. Il
s’agit du travail conjoint de la Parole et de l’Esprit pour faire
advenir en chacun de nous, cette vie nouvelle qui ne meurt pas. Faire
advenir en nous, le Fils. Il
s’agit de croire à l’accomplissement de cette Parole. Il
s’agit de sentir au creux de nos entrailles stériles la vie de
l’Esprit qui vient.
Noël
n’est peut-être rien d’autre que cela
╬ Amen
Sylvain
diacre
*Jean-Luc Nancy "Visitation"
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire