Disciple-Sarment / Jn 15 1-8 / Une homélie


Si je suis disciple, je suis sarment
Si je suis sarment, je suis attaché à la vigne et je suis soumis à la taille du vigneron
Si je suis sarment, j’ai à porter du fruit
Pas du fruit de sarment, du fruit de vigne
Pas pour la gloire du sarment, pour la gloire du vigneron.

C’est bien ennuyeux d’être sarments
On ne voyage pas beaucoup, on ne voit pas beaucoup de pays
On reste attaché à son pied de vigne
On ne choisit pas son fruit
On n’est pas là pour croître et se développer pour le plaisir de grandir, pour le plaisir d’être un grand sarment, un sarment qui porte beaucoup de feuilles.
Non, il y a un sécateur dans la main d’un vigneron.
Je ne suis pas un sarment pour les feuilles, je suis un sarment pour les fruits.

Comme sarment, j’aimerais bien aller voir ailleurs
Sortir de la vigne pour voir un peu s’il n’est pas possible de porter mon fruit à moi, mon fruit pour moi, pour ma gloire de sarment.

Mais non, si je me coupe de ma vigne, je meurs
Si je m’éloigne de ma vigne, il n’y a plus de fruit possible
La vigne, ce n’est pas seulement mon attache, ma source, c’est ma demeure.
J’y ai ma demeure.
C’est chez moi.
C’est mon adresse.
C’est mon abri et mon refuge.

Je ne suis pas le seul sarment.
Nous sommes nombreux.
Et tous, nous passons sous le sécateur du vigneron.
Pas un n’y échappe.
Celui-là parce qu’il ne porte pas de fruit
Car on peut être de la vigne et ne pas porter de fruit… c’est étrange, on ne comprend pas comment c’est possible… mais certains n’y portent pas de fruits.
Celui-là on l’enlève… on ne sait pas trop ce qu’il devient.
Cet autre porte des fruits mais sous le sécateur du vigneron, il va en porter plus encore. Il ne se perdra pas à faire des feuilles, il ne se perdra pas à pousser pour lui-même, il ne fatiguera pas la vigne pour si peu.
Une taille, et le fruit abonde.

Le sécateur du vigneron a un nom
Il s’appelle « Parole »
C’est un outil tranchant, on le sait bien.
Ailleurs, c’est une épée, « une épée à double tranchant, qui pénètre jusqu’aux jointures de l’âme et de l’Esprit »(He 4-12).
Nous qui sommes des disciples-sarments, nous sommes tous passés sous les lames de la Parole.
Tous nous y avons perdu nos belles feuilles inutiles
Tous, elle nous a raccourcis dans les développements sans fin de nos bavardages.
La Parole, la vraie, nous a fait porter du fruit…. Un fruit qui n’est pas pour nous, un fruit qui n’est pas pour notre propre gloire, un fruit dont nous n’avons même pas idée, un fruit pour vigneron, un fruit pour le Père.

Si je suis disciple, je suis sarment
Si je suis sarment, ma demeure, c’est le Christ
ma vie, c’est le Christ
Il est ma demeure, mais je suis la sienne
Il demeure en moi
je ne sais pas comment, je ne sais pas pourquoi
Parce que c’est son bon plaisir
Parce qu’au dehors de lui, je ne peux rien faire
Parce que mon fruit, c’est le sien
Parce que son fruit, c’est celui du Père.

Que me faut-il faire pour être disciple ?
Que me faut-il faire pour être sarment ?
Comment dois-je faire pour porter plus de fruits ?

Rien
Ne fais rien
Demeure
Reste
Ne t’éloigne pas de ta vigne
Et laisse-toi tailler
Ça va faire un peu mal
Parce qu’on perd à chaque fois un peu de soi-même
On meurt à chaque fois un peu à soi-même
Mais soi-même ne fait que des feuilles
Laisse-toi tailler par la Parole
Accueille son tranchant
Et laisse-toi habiter par ta vigne
Elle ne t’est pas extérieure, tu demeures en elle, elle demeure en toi.

Peut-être un jour tu entendras le prophète :
« Comme une vigne, j’ai donné des sarments pleins de grâce et mes fleurs sont des fruits de gloire et de richesse. »(Ec 24-17)

╬ Amen Alléluia
Sylvain diacre

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