Vous
vous souvenez peut-être qu’il y a quelques semaines, nous avions
entendu parler de noces : les noces de l’Agneau dont nous
étions les heureux invités. Aujourd’hui, il s’agit à
nouveau de noces. Et à nouveau de noces très étranges.
La
parabole nous place ici avant l’arrivée de l’époux (il n’y a
toujours pas d’épouse). Dix jeunes filles sortent pour aller à sa
rencontre. Mais
l’époux n’est pas là… il vient, mais le temps de l’attente
est bien long. Si long, que tout le monde s’endort.
Quand
enfin un cri annonce sa venue, un grave problème va se poser :
il fait nuit, chacune a pris une lampe et il semble que pour entrer
dans la salle des noces, les lampes doivent être allumées.
Cinq
ont brûlé toute leur huile et se retrouvent à sec avec des lampes
qui s’éteignent / ce sont les jeunes filles folles.
Cinq
ont des réserves et peuvent alimenter leur lampe pour être prêtes
à accompagner l’époux qui vient / ce sont les jeunes filles
sages.
Il
ne s’agit pas de briller plus que les autres : toutes les
lampes sont identiques,
Il
ne s’agit pas de briller tout seul : le texte met en scène
les jeunes filles toujours en groupe… deux groupes identiques.
Il
ne s’agit pas d’avoir su économiser son huile : toutes les
lampes ont brûlé pendant le long temps de l’attente
Il
ne s’agit surtout pas d’avoir entretenu sa lampe en veillant :
car tout le monde s’est endormi.
Non,
c’est une question de quantité de combustible… aura-t-on assez
de combustible pour durer jusqu’à la venue de l’époux ?
Aura-t-on assez de source d’énergie pour que quelque chose brille
encore, même une toute petite flamme, quand la porte s’ouvrira ?
Heureux
les invités aux noces de l’agneau. Heureux ceux que l’époux
trouvera avec une lampe allumée. Ils entreront avec lui dans la
salle des noces à la lumière de ces lampes.
J’ignore
absolument ce que sont ces lampes et la nature de l’huile qui les
alimente… C’est quelque chose qui nous appartient en propre et
que nous avons cependant tous en commun. Quelque chose qui combat la
nuit, la longue nuit de l’attente. Un combat tout petit, tout
modeste, une petite flamme au milieu de la nuit. Mais quelque chose
qui combat, alors même que nous avons cédé au sommeil.
Cette
petite flamme si précieuse, si essentielle que c’est avec elle que
l’époux veut entrer dans la salle de ses noces, quel est son
combustible ? Chacun trouvera la nature de son huile. Car c’est
une huile qui semble ne pas pouvoir être partagée, chacun la
sienne. On peut trouver des gens qui la monnayent, des marchands…
mais l’huile des marchands ne fait pas ouvrir la porte. L’huile
des marchands arrive toujours trop tard.
L’attente
de l’époux, c’est la grande épreuve du désir.
Celui
qu’on aime n’est pas là, et on a beau être sorti pour le
rencontrer, on ne voit rien venir. Pour qu’il vienne, il faut la
nuit, il faut même le cœur de la nuit, le milieu de la nuit
dit le texte. Au milieu de cette nuit, qu’importe le sommeil… la
veille que Jésus nous demande n’est pas une absence de sommeil.
Ce
qui importe, c’est qu’il nous reste de quoi brûler pour lui,
qu’il ne nous trouve pas à sec, qu’il ne nous trouve pas
éteints.
A
quoi brûle mon désir de l’époux qui vient ? Ce désir de
Lui brûle-t-il encore en moi au milieu de ma nuit ?
Qu’est-ce qui alimente ce désir ? Qu’est-ce qui alimente la
flamme ?
La
prière ? La lecture de la Parole ? L’espérance ?
La joie ? Le service de l’autre ?
Sommes-nous
capables de faire régulièrement le plein ?
De
trouver les lieux et des frères qui nous aideront à constituer des
réserves ?
Ou
sommes-nous assez fous pour croire que nous tiendrons tout seul, avec
le peu qui nous reste ?
Sommes-nous
assez fous pour compter sur les marchands, ceux qui nous vendent de
beaux discours, de fausses espérances, de fausses joies ? Les
marchands de sacré, les brocanteurs de mystères ?
Au
milieu de la nuit, un cri se fait entendre :
« voici
l’époux sortez à sa rencontre »
Heureux
les invités aux noces de l’Agneau
╬ Amen
Sylvain
diacre
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