Des lampes / Mt 25 1-15 / Une homélie

Vous vous souvenez peut-être qu’il y a quelques semaines, nous avions entendu parler de noces : les noces de l’Agneau dont nous étions les heureux invités. Aujourd’hui, il s’agit à nouveau de noces. Et à nouveau de noces très étranges.

La parabole nous place ici avant l’arrivée de l’époux (il n’y a toujours pas d’épouse). Dix jeunes filles sortent pour aller à sa rencontre. Mais l’époux n’est pas là… il vient, mais le temps de l’attente est bien long. Si long, que tout le monde s’endort.
Quand enfin un cri annonce sa venue, un grave problème va se poser : il fait nuit, chacune a pris une lampe et il semble que pour entrer dans la salle des noces, les lampes doivent être allumées.
Cinq ont brûlé toute leur huile et se retrouvent à sec avec des lampes qui s’éteignent / ce sont les jeunes filles folles.
Cinq ont des réserves et peuvent alimenter leur lampe pour être prêtes à accompagner l’époux qui vient / ce sont les jeunes filles sages.

Il ne s’agit pas de briller plus que les autres : toutes les lampes sont identiques,
Il ne s’agit pas de briller tout seul : le texte met en scène les jeunes filles toujours en groupe… deux groupes identiques.
Il ne s’agit pas d’avoir su économiser son huile : toutes les lampes ont brûlé pendant le long temps de l’attente
Il ne s’agit surtout pas d’avoir entretenu sa lampe en veillant : car tout le monde s’est endormi.

Non, c’est une question de quantité de combustible… aura-t-on assez de combustible pour durer jusqu’à la venue de l’époux ? Aura-t-on assez de source d’énergie pour que quelque chose brille encore, même une toute petite flamme, quand la porte s’ouvrira ?
Heureux les invités aux noces de l’agneau. Heureux ceux que l’époux trouvera avec une lampe allumée. Ils entreront avec lui dans la salle des noces à la lumière de ces lampes.
J’ignore absolument ce que sont ces lampes et la nature de l’huile qui les alimente… C’est quelque chose qui nous appartient en propre et que nous avons cependant tous en commun. Quelque chose qui combat la nuit, la longue nuit de l’attente. Un combat tout petit, tout modeste, une petite flamme au milieu de la nuit. Mais quelque chose qui combat, alors même que nous avons cédé au sommeil.
Cette petite flamme si précieuse, si essentielle que c’est avec elle que l’époux veut entrer dans la salle de ses noces, quel est son combustible ? Chacun trouvera la nature de son huile. Car c’est une huile qui semble ne pas pouvoir être partagée, chacun la sienne. On peut trouver des gens qui la monnayent, des marchands… mais l’huile des marchands ne fait pas ouvrir la porte. L’huile des marchands arrive toujours trop tard.

L’attente de l’époux, c’est la grande épreuve du désir.
Celui qu’on aime n’est pas là, et on a beau être sorti pour le rencontrer, on ne voit rien venir. Pour qu’il vienne, il faut la nuit, il faut même le cœur de la nuit, le milieu de la nuit dit le texte. Au milieu de cette nuit, qu’importe le sommeil… la veille que Jésus nous demande n’est pas une absence de sommeil.
Ce qui importe, c’est qu’il nous reste de quoi brûler pour lui, qu’il ne nous trouve pas à sec, qu’il ne nous trouve pas éteints.

A quoi brûle mon désir de l’époux qui vient ? Ce désir de Lui brûle-t-il encore en moi au milieu de ma nuit ? Qu’est-ce qui alimente ce désir ? Qu’est-ce qui alimente la flamme ?
La prière ? La lecture de la Parole ? L’espérance ? La joie ? Le service de l’autre ?
Sommes-nous capables de faire régulièrement le plein ?
De trouver les lieux et des frères qui nous aideront à constituer des réserves ?
Ou sommes-nous assez fous pour croire que nous tiendrons tout seul, avec le peu qui nous reste ?
Sommes-nous assez fous pour compter sur les marchands, ceux qui nous vendent de beaux discours, de fausses espérances, de fausses joies ? Les marchands de sacré, les brocanteurs de mystères ?

Au milieu de la nuit, un cri se fait entendre :
« voici l’époux sortez à sa rencontre »
Heureux les invités aux noces de l’Agneau

╬ Amen
Sylvain diacre

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