Jeudi Saint / Pour le salut du monde / Une homélie


Au début du carême nous avons reçu les cendres, signe de pénitence. Dimanche dernier nous avons pu décorer nos maisons avec les rameaux bénis. Demain nous vénérerons le bois de la Croix, un moment d’adoration, et dans la nuit de Pâques nous aurons le cierge pascal signe de la lumière du Christ.
Ce soir nous avons le geste lavement des pieds.
Une question « Peut-on mettre sur le même pied cet événement avec tous les autres gestes de dévotions que ja rappelé et qui, certes soutiennent notre foi, qui nous aident à tenir ? »
Nous pourrions penser en effet que ce geste réalisé en liturgie une fois par an est anecdotique et secondaire. Nous serions dans l’erreur.
D’abord parce que contrairement aux gestes de dévotions que je viens d’énumérer il s’agit d’un geste de Jésus et aussi parce que ce geste prend place au cours de son dernier repas avec ses disciples. Cela nous alerte
Ce soir c’est à travers la Lettre aux Corinthiens que nous est rappelé le repas eucharistique
Au cours de ce dernier repas pascal avec eux, ils sont rassemblés et ils deviennent des participants à l 'action du Christ, une participation à l’œuvre de Dieu en notre chair ( au sens de notre être tout entier) et dans notre existence mortelle. C’est les sens du sacrement.
En mangeant le pain, corps du Christ livré et en buvant le vin, sang du Christ versé, ils vont, comme nous le dit st Paul proclamer la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’ il vienne . Cela nous a été transmis par les Apôtres et par l’Eglise jusqu’à aujourd’hui. C’ est-ce pas ce que nous faisons à chaque Eucharistie

« Chaque fois que nous mangeons ce pain et que nous buvons à cette coupe, nous proclamons la mort du Seigneur. » (Première lecture du jour :1CO 11,26)
A chaque eucharistie nous participons à ce mystère et nous revenons la source
Non pas comme un souvenir ou une simple évocation, mais comme une participation réelle à l’événement. Chaque fois nous ravivons en nous la grâce baptismale et entrons dans le dynamisme de la résurrection pour faire surgir à travers les divers aspects de notre existence, de notre vie ordinaire, les fruits de cette résurrection, c’est à dire une existence qui n'est plus voué à la mort mais à la vie. C’est ce que nous vivons à chaque eucharistie.

Mais quel sens donner au geste de Jésus lavant les pieds de ses apôtres ? Il suffit d’écouter les paroles de Jésus
« Si je ne te lave pas, tu n'auras pas part avec moi. »
Le geste de Jésus n 'est pas simplement un geste de soin, d'humilité, ou d'abaissement, mais ce qui est en cause c'est le lien avec Jésus, « avoir part avec lui » nous introduit dans l'eucharistie. Vivre de sa vie.
Avoir part avec Jésus c’est aussi laisser nos pieds marcher à sa suite au service de ce pourquoi il donne sa vie, le salut du monde

Et Jésus précise « Vous m’appelez « Maitre et Seigneur » et vous avez raison je le suis ». Le geste de service de Jésus et un geste du Seigneur et Maître. Le Maître et le serviteur sont indissociable en Jésus Christ, le maître et le serviteur sont sur le même pied ! Le Seigneur maitre n’est pas présent uniquement sous le signe du pain et du vin, il l’est aussi et à égalité dans le signe du frère à aimer

« C'est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous ».
Nous pouvons faire un parallèle avec -  « Faites ceci en mémoire de moi » que nous entendons à chaque messe.
L 'exemple du Seigneur et Maître donne une dimension particulière à notre participation sacramentelle à l’eucharistie. Ce geste du lavement des pieds est un vrai geste, comme la fraction du pain, c’est un geste de fondation, qui fait que le service du frère, indissociable de l’eucharistie, devient aussi sacramentel « pour le salut du monde. »
Il s’agit à la fois de nous unir dans l'offrande du Christ, et aussi de reproduire dans notre vie cette mission du service que le Christ accomplit
Que signifierait « célébrer la messe », c’est à dire le mémorial et l’actualité du don du Christ, si cette participation ne s'accompagnait pas d'une conversion de notre manière de servir, à l’exemple du Maître, l’envoyé du Père, le Fils.

En nous demandant de faire de même nous sommes à chaque eucharistie, envoyés au monde à la suite des Apôtres pour servir. Servir comme le Christ, Seigneur et Maître. Voilà souligné la place éminente de la diaconie dans l’Eglise. (diaconos =serviteur)
Attention pas de confusion ! Il ne s’agit pas ici du ministère diaconal. Le diacre n’est pas le spécialiste du service ou de la charité.
« Nous avons été choisis pour servir, ta présence., » ( 2e prière eucharistique°
C’est toute l’Eglise qui est servante, soucieuse de la vie et des fragilités des humains et non d’elle-même.
Chaque baptisé a été choisi pour collaborer à l’œuvre de salut voulue par le Père. Il est vrai que quelques-uns ont été choisi pour le signifier sacramentellement pour tous, prêtres et diacres, chacun à la place qui lui revient, en vertu de leur commune ordination.
En raison même de notre baptême et de cet envoi qui nous est adressé, notre présence aux femmes et aux hommes de ce temps est une présence de disciple, notre parole devant les événements de notre histoire est une parole de disciple, Nos décisions, nos choix personnels ou collectifs ceux de disciples. Nos relations sont des relations de disciple.

Lorsque nous avons communié au corps et au sang du Christ c’est en disant « AMEN » que nous renouvelons chaque fois notre OUI, et cela nous engage. C’est comme si nous disions à chaque fois «  J’y vais »
Et ensuite nous rendons grâce à Dieu de nous avoir choisis et de nous avoir donné son Esprit et sa paix
Laissons-nous toucher au plus profond de notre être par les Paroles et les Gestes de Jésus. Entrons avec foi dans les jours de Pâques.
La prochaine étape c’est la croix sur laquelle le Christ est maître et serviteur, pour le salut du monde.

Robert Zimmermann
diacre

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