Afin que vous soyez attachés au Seigneur sans partage / Mc1 21-28 / Une homélie


Quelle ironie ! Quel clin d'œil du Seigneur ce dimanche ! Quel humour a-t'il eut pour choisir parmi tous les ministres à Gradignan chargés de commenter la parole de Dieu, un homme marié. Je n'avais pas lu les textes avant de me proposer pour ce dimanche.
C'est uniquement quand je me suis attelé à préparer cette homélie que j'ai découvert avec stupeur que c'était la lettre de Paul sur le célibat qui était lue.
J'ai longtemps hésité, contourner l'obstacle ou l'affronter. Ce que me dit le Seigneur dans ma prière c'est de prêcher sur la lettre de Paul.
"Celui, qui n’est pas marié, a le souci des affaires du Seigneur, il cherche comment plaire au Seigneur. Celui, qui est marié, a le souci des affaires de ce monde".
Etrange propos, qui n'est ni favorable au mariage ni favorable au célibat, quand on regarde de plus près.
Le propos semble étrange car on l'interprète souvent en négatif. Et cela donne : "Celui, qui n'est pas marié, n'a pas le souci des affaires de ce monde, celui qui est marié n'a pas le souci des affaires du Seigneur".
On a là une affirmation qui ne tient pas la route mais c'est en se servant de ce négatif que nous sommes tentés de rejeter l'affirmation de Paul. Mon propos n'est pas de mettre en accusation Paul, car c'est ce même Paul qui exalte le mariage comme signe éminent de l'amour du Christ pour son Eglise dans la lettre aux Ephésiens au chapitre 5.
Mon propos est de comprendre ce que veut nous dire le Seigneur à travers la lettre de Paul ce dimanche.

Alors que choisir, le célibat ou le mariage ?

S'agit-il vraiment d'une affaire de choix, à ce sujet, le célibat est-il toujours choisi ?

N'est-ce pas plutôt une affaire d'appel ?

Et comment concilier la grâce du baptême dans sa vie entre le célibat et le mariage ? Comment laisser grandir en soi l'appel du Seigneur à le louer et à se tourner vers nos frères ?
Mais revenons au texte de Paul avant d'avancer ensemble dans notre méditation. Je voudrais remettre dans le contexte l'extrait de la première lettre aux Corinthiens de ce dimanche. Elle s'inscrit à la suite de ce qui a été lu dimanche dernier. Rappelez-vous, pour Paul, il y a urgence, "Frères, je dois vous le dire : le temps est limité. [] car il passe, ce monde tel que nous le voyons." Le Christ va revenir dans la gloire très prochainement. On pourrait sourire et dire que pour sûr Paul s'est trompé d'au moins 2000 ans. Mais non, Paul ne s'est pas trompé, il voit la gloire de Dieu dans sa pleine résurrection.
Par ailleurs, mettre en avant le célibat n'est pas du tout dans l'air du temps à l'époque de Paul. Cela ne l'est d'ailleurs pas plus à notre époque. Combien de fois les prêtres sont-ils interrogés sur leur célibat tout au long de leur vie ? Paul parle donc à contre-temps, il veut réveiller les consciences il veut bousculer nos habitudes et nos préjugés.
A l'occasion d'un échange avec un prêtre ami sur nos vocations, nous évoquions comment nous sentions notre baptême se déployer dans nos vies. Je lui disais combien mon mariage avait secoué en moi le souvenir de mon baptême. Lui me disait que sa vocation s'était révélée à travers la personne d'un vieux prêtre. Ce prêtre aimait tout le monde. Et comme lui, il se sentait appelé à aimer tout le monde et que pour cela, il se sentait appeler au célibat. C'est donc dans un désir de fraternité que mon ami a choisi le célibat et qu'il se consacre pleinement au Seigneur.
Et nous qui sommes mariés, ne voulons-nous pas vivre la logique de notre baptême dans toutes les dimensions de nos vies : dans notre couple, comme parents, au travail, dans nos engagements bénévoles associatifs et ecclésiaux. Nous ne voulons pas choisir entre être Marthe ou être Marie mais concilier les deux.
L'important c'est de vivre pleinement sa relation avec le Seigneur. Marié ou célibataire, l'important c'est d'équilibrer nos vies. Nous sommes tous appelés à notre manière à avoir les soucis des affaires du Seigneur. Chacun répond selon son état à l'appel qui lui est fait pour la mission de porter la bonne nouvelle au monde.
Mais certains d'entre-nous sont mis à part au milieu de nous pour enseigner et guider. De ceux-là on peut dire en les écoutant : "Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité !" Ils reçoivent cette autorité de plus grand qu'eux, ils ont pleinement le souci des affaires du Seigneur.
Seigneur, enseigne-moi tes voies,
fais-moi connaître ta route.
Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,
car tu es le Dieu qui me sauve.
Amen !
Dominique Bourgoin, diacre.

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