La main à la charrue / Luc 9 51-62 / Une homélie

(...)
Travailler au Royaume, c’est d’abord une histoire de labour, c’est mettre la main à la charrue.
C’est donc creuser la surface de la terre pour y tracer un sillon.
Creuser la terre pour participer aux semailles… aux semailles d’un autre !
Nous ne sommes pas les semeurs !
Il est bon de ne pas l’oublier quand nous voulons nous vivre en missionnaires…
Nous n’avons pas à semer, ce n’est pas notre boulot, notre boulot, c’est de creuser la terre en amont, avant le passage du semeur…

- Creuser la terre, c’est ouvrir ce qui est clos
C’est descendre au-delà de la surface
Au-delà de la surface de la terre, de la surface des choses, de la surface des gens, de la surface des mots.
C’est déchirer les évidences…

Pour cela, nous avons alors plusieurs charrues à notre disposition…

Tout d’abord, il y a la charrue de la lecture.
Que faisons-nous quand nous lisons l’Ecriture ensemble ? Quand nous venons partager un temps de lecture avant la messe aux Grands dimanches, le vendredi après la prière ?
Nous labourons ! Nous creusons le monde !
Nous faisons le pari que derrière les mots qui nous sont donnés à lire, quelque chose, quelqu’un nous attend.
Mais pour ça, il faut creuser, il faut gratter, parfois c’est rude, c’est sec, il y a des cailloux, de la poussière qui nous ferme les yeux…

La vérité, c’est que c’est le texte lui-même qui nous laboure !
C’est lui qui creuse en nous son sillon...
Et notre travail prépare la semence.
La lecture n’est pas une recherche de savoir, une quête de sens réservée à des spécialistes, un lieu d’enseignement dont il faudrait avoir les codes !
La lecture c’est simplement se confronter aux mots, au langage, et les ouvrir, et les déplier, et attendre ce qui se lève.

Il y a aussi la charrue des sacrements
C’est la charrue qui ouvre le monde à la Vérité.
C’est la charrue qui creuse un morceau de pain, pour en faire le corps du Christ
Qui creuse les fils du monde pour en faire des fils du Père
La charrue des sacrements est une charrue puissante !

Il y a la charrue de la charité
Celle qui creuse notre regard sur ceux qui nous entourent.
Qui creuse notre regard pour nous faire voir sous le pauvre, le frère,
Sous le prisonnier, le bien-aimé de Dieu.
Sous le vieillard malade, le héros des combats
Derrière le corps humilié du crucifié, le roi glorieux.
C’est la charrue de l’amour, celle de la miséricorde.

Et il y a aussi la charrue du pardon, celle de l’obéissance, celle de la Joie, d’autres encore…
Toutes sont équipées du même soc : celui de l’Esprit saint

(...)
Rendons grâce au semeur pour les laboureurs du royaume.
Rendons grâce parce que chacun de nous creuse le sillon du royaume,
comme il peut, à sa mesure, à son rythme… probablement sans le savoir...

Parfois, il se peut que nous trouvions la charrue un peu lourde et la terre bien dure,
mais dans ce sillon se cache notre Liberté et notre Joie.


Amen
Sylvain, diacre

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