Travailler
au Royaume, c’est d’abord une histoire de labour, c’est
mettre la main à la charrue.
C’est
donc creuser la surface de la terre pour y tracer un sillon.
Creuser
la terre pour participer aux semailles… aux semailles d’un
autre !
Nous
ne sommes pas les semeurs !
Il
est bon de ne pas l’oublier quand nous voulons nous vivre en
missionnaires…
Nous
n’avons pas à semer, ce n’est pas notre boulot, notre boulot,
c’est de creuser la terre en amont, avant le passage du
semeur…
-
Creuser la terre, c’est ouvrir ce qui est clos
C’est
descendre au-delà de la surface
Au-delà
de la surface de la terre, de la surface des choses, de la surface
des gens, de la surface des mots.
C’est
déchirer les évidences…
Pour
cela, nous avons alors plusieurs charrues à notre disposition…
▪ Tout
d’abord, il y a la charrue de la lecture.
Que
faisons-nous quand nous lisons l’Ecriture ensemble ? Quand
nous venons partager un temps de lecture avant la messe aux Grands
dimanches, le vendredi après la prière ?
Nous
labourons ! Nous creusons le monde !
Nous
faisons le pari que derrière les mots qui nous sont donnés à lire,
quelque chose, quelqu’un nous attend.
Mais
pour ça, il faut creuser, il faut gratter, parfois c’est rude,
c’est sec, il y a des cailloux, de la poussière qui nous ferme les
yeux…
La
vérité, c’est que c’est le texte lui-même qui nous laboure !
C’est
lui qui creuse en nous son sillon...
Et
notre travail prépare la semence.
La
lecture n’est pas une recherche de savoir, une quête de sens
réservée à des spécialistes, un lieu d’enseignement dont il
faudrait avoir les codes !
La
lecture c’est simplement se confronter aux mots, au langage, et les
ouvrir, et les déplier, et attendre ce qui se lève.
▪ Il
y a aussi la charrue des sacrements
C’est
la charrue qui ouvre le monde à la Vérité.
C’est
la charrue qui creuse un morceau de pain, pour en faire le corps du
Christ
Qui
creuse les fils du monde pour en faire des fils du Père
La
charrue des sacrements est une charrue puissante !
▪ Il
y a la charrue de la charité
Celle
qui creuse notre regard sur ceux qui nous entourent.
Qui
creuse notre regard pour nous faire voir sous le pauvre, le frère,
Sous
le prisonnier, le bien-aimé de Dieu.
Sous
le vieillard malade, le héros des combats
Derrière
le corps humilié du crucifié, le roi glorieux.
C’est
la charrue de l’amour, celle de la miséricorde.
Et
il y a aussi la charrue du pardon, celle de l’obéissance,
celle de la Joie, d’autres encore…
Toutes
sont équipées du même soc : celui de l’Esprit saint
Rendons
grâce au semeur pour les laboureurs du royaume.
Rendons
grâce parce que chacun de nous creuse le sillon du royaume,
comme
il peut, à sa mesure, à son rythme… probablement sans le
savoir...
Parfois,
il se peut que nous trouvions la charrue un peu lourde et la terre
bien dure,
mais
dans ce sillon se cache notre Liberté et notre Joie.
╬ Amen
Sylvain,
diacre
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