J'ai bien eu du mal à méditer le texte d'Evangile d'aujourd'hui. A la première lecture il parait évident et en y regardant de plus près, il m'est apparu comme rempli d'incohérences.
Les
jeunes filles sont invitées à une noce et elles s'endorment, on
peut trouver cela curieux. Les jeunes filles dites prévoyantes ne
veillent pas plus que les insouciantes, c'est curieux qu'elles
dorment elles aussi. Les jeunes filles insouciantes n'ont plus
d'huile, c'est comme si elles avaient laissé leurs lampes allumées
pendant leur sommeil. Et d'où vient-elle cette voix qui crie :
"Voici l’époux, sortez à sa rencontre ".
Et la conclusion : "Veillez donc, car vous ne savez ni le
jour ni l’heure." Les jeunes filles prévoyantes
assistent à la noce alors qu'elles n'ont pas veillé.
Et le
plus difficile pour nous les hommes, c'est que cette parabole nous
invite à nous mettre dans la peau de dix jeunes filles.
Habituellement, Jésus ne nous demande pas tant d'effort car le plus
souvent il s'agit de serviteurs ou bien de vignerons. Donc pour
souligner l'effort, dans la suite, j'emploierais le féminin au
détriment du masculin.
Mais
revenons au début, Jésus laisse ses consignes pour après son
départ. La passion du Seigneur est proche, Jésus prépare ses
disciples. Il les prépare à son départ. Il les prépare à son
absence physique et déjà il les invite à entrer dans l'espérance
de son retour. A noter, son retour est annoncé comme une noce.
Ce
temps de l'espérance, ce temps de l'attente de son retour est le
temps où les jeunes filles sont invitées à participer au royaume
des cieux. Ce temps n'est pas un moment compliqué à passer c'est le
temps de la préparation de chacun au retour du Christ. Et on va le
voir, le Seigneur se montre compréhensif sur notre manière de
l'attendre.
Les
premiers temps de l'Eglise, après la Pentecôte, tous croyaient le
retour du Christ très proche. C'est un temps d'effervescence
spirituelle, c'est le temps des actes des apôtres, c'est le temps
des lettres de Paul. Mais depuis, on s'est habitué à l'absence du
Christ, on s'est habitué à attendre alors on baisse la garde et on
ne veille peut-être pas autant qu'il est nécessaire. Et même, on
peut s'interroger pour savoir si nous croyons au retour du Christ,
mais n'allons pas trop vite, je suis un peu insouciante.
Deux
mille ans que Jésus est mort et ressuscité. Et bien c'est pour cela
que Jésus nous adresse cette parabole. Car nous sommes bien les
destinataires de cette parabole, nous les jeunes filles du deuxième
millénaire. C'est de notre temps dont il parle. Car qu'on soit
prévoyante ou insouciante, Jésus sait que la force de veiller nous
manque. Qu'on soit prévoyante ou insouciante, à un moment ou à un
autre, nous nous endormons, oubliant de veiller, de scruter au loin
l'arrivée de l'époux.
C'est
ainsi que Jésus exprime la miséricorde de Dieu. Le Seigneur dit à
chacun de nous : tu m'oublies, d'autres priorités occupent ta vie,
alors j'envoie quelqu'un t'avertir du retour de l'époux, et ce
quelqu'un va crier fort, "IL ARRIVE", et ça va te secouer,
ça va te réveiller, que tu sois prévoyante ou insouciante.
Et
nous pouvons bien nous reconnaitre dans les jeunes filles
insouciantes. N'ont-elles pas allumé trop tôt leurs lampes et
consumé de l'huile pendant leur sommeil ? Ne sont-elles pas un peu
trop démonstratives ? Ne cherchent-elles pas à paraître devant le
monde plus qu'à enraciner l'appel qui leur est fait dans leur cœur
?
"Le
royaume des Cieux sera comparable à dix jeunes filles invitées à
des noces, qui prirent leur lampe pour sortir à la rencontre de
l’époux." Nous y sommes. Le royaume des cieux est
comparable à dix jeunes filles. Nous sommes de ces dix jeunes
filles. Nous sommes dans le temps où le royaume des Cieux vient. Et
ce temps c'est le temps de l'absence et le temps de l'attente. Ce
temps durant lequel, il est tentant d'oublier celui qui nous crée,
celui qui nous fait vivre.
Mais
c'est aussi le temps de la nourriture de l'Eucharistie pendant lequel
le Christ se sacrifie pour nous.
C'est
aussi le temps de la nourriture de la parole durant lequel Dieu nous
rejoint dans notre chair.
C'est
aussi le temps du pardon auquel nous invite le Seigneur.
C'est
aussi le temps de la prière, de la louange, de l'expression de notre
gratitude vers celui qui fait tant pour nous.
En
fait, c'est le temps pour faire le plein d'huile.
C'est
le temps pour nous préparer et c'est aussi le temps du combat contre
la tentation.
Cette
année, nous allons particulièrement réfléchir à ce combat contre
la tentation. Car c'est pour le temps de l'avent que la prière du
Notre Père évolue.
Nous
ne dirons plus « Ne nous soumets pas à la tentation »,
mais « Ne nous laisse pas entrer en tentation ». Cette
modification du sixième verset du « Notre Père »
entrera en vigueur le dimanche 3 décembre, comme l’ont décidé
les évêques de France réunis à Lourdes en assemblée plénière
le printemps dernier.
[Demain,]
ce seront les enfants du catéchisme et les jeunes de l'aumônerie
qui vont nous apprendre ce nouveau notre Père.
Ce
sont eux qui vont nous aider à prendre un peu d'huile pour le chemin
avec l'époux.
Amen !
Dominique
Bourgoin, diacre.
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