On
a bien compris ce qui se passe à Nazareth avec la venue de Jésus :
L'enfant du pays est devenu célèbre ! Pour les gens de
Nazareth c'est à la fois une joie et un étonnement que ces paroles
de grâce sortent de la bouche de quelqu'un de chez eux.
Le
danger, on le voit bien, c'est de s'arrêter là, de garder Jésus
comme l'enfant du pays et donc d'une certaine manière, de s'en
saisir, d'oublier d'où il parle...
Jésus
va donc aussitôt les refroidir : « Aucun prophète ne
trouve un accueil favorable dans son pays ». Et il va leur
rappeler dans l'Ecriture des exemples où les prophètes ont été
envoyés pour l'étranger, à la marge.
Alors,
c'est la fureur qui s'empare des auditeurs : Comment peut-il
nous échapper, nous qui savons tout de lui ? Et on l’entraîne
pour le jeter du haut de la montagne.
Un
prophète, ce n'est pas un devin, ce n'est pas non plus un illuminé
qui annonce des catastrophes en marchant dans la rue, comme celui des
albums de Tintin...
Un
prophète, c'est quelqu'un qui est traversé par la voix d'un autre,
quelqu'un qui est porteur de la voix du Père. Vous vous souvenez de
Jean-baptiste « voix qui crie dans le désert »,
un
prophète c'est d'abord une voix...
avant d'être un message,
avant d'être un message,
c'est
un corps avant d'être un discours.
« J'aurais
beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute
la connaissance de Dieu, j'aurais beau avoir toute la foi jusqu'à
transporter les montagnes, s'il me manque l'amour, je ne suis rien ».
Être
prophète, ce n'est donc pas une question de science ou de formation,
ce n'est même pas une question de foi ! Un prophète sans
l'amour, sans l'amour dont parle Paul, ce n'est rien.
Ce
texte de Paul, nous le connaissons bien, c'est un monument, il ne
faut jamais cesser de le lire et de le relire.
Pas
parce qu'il nous donne un traité de bonne conduite, le manuel du bon
chrétien (et qui pointerait au passage toutes nos défaillances),
mais parce qu'il dresse le portrait d'un amour absolument nouveau,
unique.
Cet
amour ce n'est pas une idée ou un sentiment, ce n'est pas un beau
discours sur une belle philosophie de vie... cet amour c'est
quelqu'un.
Le
prophète, il se rend perméable à cet Amour,
il
ne témoigne pas d'une idée mais de la rencontre avec quelqu'un,
avec
le Père, par le Fils, dans l'Esprit.
Nous
sommes prophètes vous le savez, nous sommes prophètes par notre
baptême.
Mais
nous ne sommes pas prophètes pour nous-même, pas même pour nos
proches.
Ça
n'a pas à nous attrister, Jésus nous dit que c'est inévitable.
Pas
besoin de se morfondre donc en voyant ses enfants ne plus aller à la
messe, pas besoin de se lamenter si personne ne répond aux appels à
l'aide des groupes paroissiaux... bien sûr, c'est décevant, c'est
douloureux, (c'est même un gros problème) mais nous ne serons des
prophètes efficaces que pour les autres, que pour « ailleurs ».
(...)
Amen
Sylvain diacre