A vous il est donné de connaître les mystères du Royaume des cieux, mais à eux ce n’est pas donné / Matthieu 13 / Une homélie

« A vous il est donné de connaître les mystères du Royaume des cieux, mais à eux ce n'est pas donné. » Il semble que la foule gêne Jésus. Il semble que Jésus n'apprécie pas la foule. Quand elle s'agglutine autour de lui, il met de la distance en s'installant sur une barque pour dispenser son enseignement.
Il parle en paraboles. Il parle en paraboles pour révéler la venue du royaume des Cieux. Et c'est volontairement explique-t-il qu'il utilise ce langage imagé. Il utilise un langage à la fois simple et imagé. Le langage est simple car Jésus ne développe pas de grande théorie théologique. Le langage est imagé et peut être compris par la foule qui le suit car ses images font référence au monde agricole dont sont issus la plupart des individus qui composent la foule.
Mais la foule ne peut pas comprendre, leurs yeux ne voient pas, leurs oreilles n’entendent pas, ainsi il souligne : « Celui qui a des oreilles, qu’il entende »
Jésus n'a pas pour objectif de rassembler le plus possible. Il n'a pas pour objectif de provoquer de grand rassemblement et de s'adresser à une foule de plus en plus imposante pour dispenser en l’air un enseignement qui serait capté à la volée par qui le pourrait. Ce que veut Jésus c'est un échange de coeur à coeur.
Ainsi dans l’épisode de la femme malade, Jésus traverse une foule dense. Une femme touche son vêtement dans l'espoir de guérir. A l'instant Jésus est ému. Il a senti une force le quitter. Alors qu'il est pressé de toute part, il sent que quelqu'un en particulier touche son vêtement. La femme n'était pas venue satisfaire un savoir, entendre ce que cet homme avait à dire. Elle s'est approchée de Jésus pour un contact. Elle est venue parce qu'elle croit qu'un contact avec le Christ peut la sauver.
De même en est-il de Zachée qui voulait voir passer Jésus. Juste le voir. Juste croiser son regard, lui le pécheur. Pour cela, il va faire plus que simplement se tenir sur le bond du chemin, Zachée se distingue en grimpant sur un arbre, Et Jésus lève son regard vers celui qui le cherche. Et il vient demeurer chez lui.
Jésus veut une rencontre personnelle. Une rencontre quasi physique. Le toucher pour la femme malade, le regard pour Zachée. Ce n’est pas en premier lieu à l'intelligence qu'il s'adresse mais au corps tout entier. Pour cela, il demande un effort « Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! » L'effort demandé, c'est juste d'accueillir le Christ. L'accueillir comme fils de Dieu. Reconnaître en sa présence le besoin d'être pardonné. Et simplement affirmer qu'il est le Sauveur et qu'il est celui qui donne la vie.
Combien de foi, sommes-nous venu à la messe sans nous laisser toucher en profondeur par la parole de Dieu ? Nous avons plus répondu à une sorte d'habitude, une règle de vie plutôt qu’à la convocation du Seigneur. Nous avons plus été sensibles à la rencontre de nos amis qu’à la rencontre de Jésus. Cela arrive. Et ce jour-là, le Seigneur s'adresse à nous et nous dit : « Regardes sans regarder, tu écoutes sans écouter et sans comprendre. »  Mais le Christ continue de s’adresser inlassablement à nous
Mais d'autres dimanches, nous nous sommes rendus à l'église dans les mêmes dispositions et soudain, alors que nous sommes perdus dans nos pensées, un mot, une phrase nous touche. Soudain, elle nous tourne vers celui qui est mort et ressuscité pour nous. Et là le Seigneur s'adresse à nous et nous dit : « A toi il est donné de connaître les mystères du Royaume des cieux. » Car c'est bien de cela dont il s'agit, lors de cet instant fugace, nous avons le sentiment de connaître le royaume de Dieu. Ce qui se passe n'est pas descriptible par des mots, vous le savez bien, nous pouvons juste dire que cette parole qui nous touche est comme une nourriture. Et aujourd'hui, nous pouvons dire aussi qu'elle est semence en nous.
Et comme l'annonce le prophète Isaïe : "ainsi ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce que je veux, sans avoir accompli sa mission."
Le Christ vient chercher chacun de nous individuellement lors de nos rassemblements. C'est bien à chacun individuellement qu'il s'adresse.
Mais combien de fois, tournons-nous la tête, et passons-nous le temps à nous compter ? « Il n'y a pas beaucoup de monde aujourd'hui. » ; « Il n'y a pas beaucoup de jeunes à la messe ce matin. » (Une petite parenthèse : je connais des endroits où les présents disent : "il n'y a que des jeunes ce soir.") Mais encore, « ils font trop de bruis ces enfants. » Etc.
Ce n’est pas le nombre de présents à la messe qui fait que le Christ se rend présent mais le nombre de ceux qui ont répondu présent. Il suffit qu'un seul parmi nous rende grâce au Christ d'avoir donné sa vie pour nous racheter pour qu'il nous rejoigne tous.
"C'est ainsi qu'il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de conversion." Nous rappelle l'Evangéliste Luc.
Tournons-nous maintenant vers l'autel, la table où le Seigneur, lui-même, prépare le repas :
Tu visites la terre et tu l'abreuves,
Tu la combles de richesses ;
les ruisseaux de Dieu regorgent d'eau,
Tu prépares les moissons.
Amen !
Dominique Bourgoin, diacre.
13 juillet 2014

13° Dimanche du Temps Ordinaire – Année A

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire