Jean 3 14-21 / Homélie de JP Ranga

« Ils regarderont vers Celui qu’ils ont transpercé. »
Aller vers la lumière, regarder vers la croix élevée devant nos yeux, s’attendre la manifestation de Dieu ! Le texte de Jean 3 nous prépare à ce texte de Jean 19,37.
1 - Pour retenir notre attention un événement du passé, la morsure du serpent venu punir la désobéissance des enfants d’Israël, suivie du cri de détresse vers Celui qui peut sauver de la mort et du venin du serpent. Le serpent d’airain était installé de manière à demander aux hommes d’élever le regard au-delà de ce qui est exposé et d’attendre la vie et le salut d’en-haut. Puis une fois que le Seigneur est intervenu on rentre dans une nouvelle histoire de la vie communiquée d’en-haut.
Pour nous amener à la foi, on nous demande de tourner le regard vers Celui que nous avons transpercé et au-delà de ce bois scruter la présence mystérieuse de Celui qui l’a envoyé au milieu de nous. Ainsi en regardant au-delà de la croix, nous sommes invités à croiser le regard de Celui qui l’a envoyé et qui manifeste aujourd’hui encore sa puissance et sa sagesse dans la mort de son Fils, en le ressuscitant d’entre les morts.
2 - Entre les deux événements, nous sommes en permanence invités à nous tourner vers la lumière, à agir en accord avec l’éclairage donné dans notre vie, jusqu’à y rencontrer le don de Dieu, la parole et l’esprit qui nous justifient, qui nous introduisent dans une certaine justesse et une finesse dans nos relations avec Dieu
Tout ce qu’il faut éviter c’est de tourner le dos à la lumière, c’est aussi de refuser un éclairage qui nous attire peu à peu vers la découverte des oeuvres de Dieu. Tout ce qu’il faut faire c’est de ne pas nous glorifier dans nos oeuvres et nos propres capacités, mais de consentir peu à peu à la parole entendue, au souffle de l’esprit, à la lumière venue d’en haut, à la lumière suggérée autour de nous. Il y a en nous une négation permanente à entretenir (comme en forme de résistance), ainsi qu’une attente à conserver : « Ne pas se fier à nos oeuvres, attendre que Dieu vienne à nous et nous délivre du mal ».
3 - Quelques références pour nous introduire à la manifestation de l’oeuvre de Dieu, critères de discernement.
-Le discernement de Paul par rapport à lui-même face à la venue du Christ :
Je ne me juge pas moi-même, même si je n’ai rien à me reprocher j’attends que le Seigneur vienne. Lui seul rendra à chacun selon ses oeuvres. (1Cor 4,3-5)
-L’enseignement du Christ sur la conversion de ceux auxquels on s’attend le moins et qui doivent nous entraîner sur le même chemin ;
Les publicains et les pécheurs vous précèderont dans le royaume, car ils se sont convertis à l’appel de Jean le baptiste. Et vous tout en voyant cela vous ne vous êtes pas mis sur le chemin de la conversion, pour ne pas être jugés.
-L’idée de se comparer aux autres et la sagesse de reconnaître que tout vient de Dieu, chacun doit rester fidèle à son appel :
Nous sommes les collaborateurs de Dieu et les intendants des mystères de Dieu. Tout ce qu’on demande à des intendants c’est de rester fidèles à leur mission. Il ne faut pas aller au-delà de ce qui écrit dans la mission de chacun. Tout ce que nous avons entre les mains est un don de Dieu. Il n’y a pas à s’en glorifier. Il faut se glorifier en Celui qui nous en a fait le don.(I Cor 4,1-2
-Le pécheur et l’homme fidèle devant Dieu, au fur et à mesure des événements
Si le pécheur se convertit et se tourne vers le Seigneur, il sera sauvé. Si le juste ne veut pas demeurer dans la fidélité et se remet à pécher, il se perd lui-même (Ezéchiel 33,10-20).
4 - Toutes ces citations sont alignées pour une seule raison : reconnaître les vraies dimensions de l’oeuvre de Dieu, situer à sa vraie place la bonne décision à prendre de toujours marcher vers la lumière, ne pas nous glorifier dans nos oeuvres et nous en remettre entre les mains de Celui qui nous a appelés à vivre dans la fidélité à sa parole et à son esprit. Ainsi nous marcherons dans la lumière, nous apprendrons à voir au-delà de la Croix Celui qui a tellement aimé le monde qu’il a envoyé son fils pour nous sauver.
Dans nos démarches de tous les jours, sentir les morsures du serpent à cause de notre désobéissance à la parole, crier vers Dieu et continuer à élever nos regards vers lui, mais toujours par la médiation de la croix de son Fils. Il nous faut embrasser cette croix pour y retrouver la puissance et la sagesse de Dieu, pour y retrouver cette force d’attraction que Dieu a mise dans le geste du Fils qui donne librement sa vie pour le salut du monde.
Jean-Pierre Ranga
2Ch 36, 14-16.19-23 ; Ps 136 ; Ep 2, 4-10 ; Jn 3,14-21
4° Dimanche de Carême -B