Cette demande, «
Donne-moi à boire. » les randonneurs ont eu, une fois
ou l’autre, à la formuler. Après, des heures de marche, la gourde
vide, arrivés dans un village, ils frappent à une porte et ils
demandent de l’eau.
Je n’ai jamais
essuyé de refus quand j’ai demandé à remplir ma gourde. Et
pourtant, il me fallait faire un effort pour frapper à une porte,
retenu moi-même par le filtre des conventions sociales. Et pourtant,
cette simple démarche a été chaque fois l’occasion d’un
échange simple entre un étranger et un autochtone. Une relation
simple et authentique qui permet d’échanger sur le pays que l’on
traverse, sur le pays d’où l’on vient.
La samaritaine ne
perçoit pas qui s’adresse simplement à elle. Mais la parole de
Celui qui s’est incarné, de ce Dieu qui a pris pleinement la
condition d’homme au point de souffrir de la soif après la marche,
va révéler dans le cœur de la femme tout le mystère du Christ.
« Si tu
savais le don de Dieu, si tu connaissais celui qui te dit :
'Donne-moi à boire', c'est toi qui lui aurais demandé, et il
t'aurait donné de l'eau vive. »
Déjà, la femme est
bouleversée sinon pourquoi appellerait-elle son interlocuteur :
« Seigneur » ? Touchée par la parole,
elle perçoit la singularité de Celui qui est assis sur le puits.
Et Jésus lui
propose comme un baptême : « et l'eau que je lui
donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle.
»
La femme aussitôt
accepte cette proposition :
« Seigneur, donne-la-moi, cette
eau ».
Mais avant de
plonger dans le baptême du Christ, il est nécessaire de mettre sa
vie au clair. Ainsi, Jésus permet-il un chemin de pardon et de
vérité pour cette femme à qui il va révéler pour la première
fois qui il est. Il dit explicitement qu’il est le Sauveur.
Le parcours
baptismal de l’Evangile de ce dimanche réveille en nous la vivante
présence de notre baptême. Il révèle en nous le don de Dieu.
Le baptême nous le
recevons une fois mais c’est un sacrement qui se déploie toute
notre vie comme pour nous éveiller aux réalités de la vie
éternelle.
Le baptême est bien
plus qu’une initiation à la vie chrétienne qui ouvrirait, une
bonne fois pour toute, les portes de la vie éternelle. Il est ce qui
fait vivre en nous la parole comme une source jaillissante. Il est ce
carburant qui nous pousse à sortir au loin pour porter la bonne
nouvelle.
Regardons ensemble
la fin de l’Evangile de ce dimanche. Jésus s’adresse à ses
disciples. Il leur dit que, là où il passe, germe son Evangile. Il
leur dit que de partout des femmes et des hommes se lèvent. Et Lui,
le semeur, et son Père, le moissonneur, accueillent les bras ouverts
ceux qui précipitent vers Lui.
Et ce que fait la
samaritaine, nous éclaire aujourd’hui dans cette démarche
d’évangélisation à laquelle nous appelle le pape François et
notre évêque.
En effet, elle conduit Jésus auprès des siens, mais c’est Jésus
lui-même qui accomplit la conversion des gens de son village :
« Ce n'est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous
croyons maintenant ; nous l'avons entendu par nous-mêmes, et nous
savons que c'est vraiment lui le Sauveur du monde. »
N’ayons pas peur
de porter le Christ au monde. Le monde attend l’Evangile. Son refus
apparent n’est que l’expression de la peur de sa conversion.
Nous n’avons pas
de preuves à avancer, nous avons juste à annoncer la venue du
Christ. C’est le travail qu’il nous confie : « annoncer
la venue du semeur. » Le reste lui appartient. C’est lui
qui parle au cœur de celui qui l’écoute.
Dans
un instant, le Seigneur se donne à nous.
Recevons-le véritablement comme un don qui nous ouvre pleinement à
notre vie baptismale.
Dans un instant,
Jésus rejoint notre humanité, cette humanité qui a soif en plein
midi.
Recevons-le en nous comme un don qui fait jaillir en nous une source
vive.
Dans un instant, le
Christ se rend présent physiquement dans le pain et le vin, devenu
son corps et son sang.
Recevons-le comme un don qui révèle en nous tout son amour.
Et dans notre
prière, laissons résonner ces mots : « Si tu savais le
don de Dieu. » Que ces mots nous invitent un peu plus à
annoncer les merveilles de Dieu car le don croit quand il se partage.
Si
tu savais le don de Dieu, si nous savions le don de Dieu…
Amen !
Dominique
Bourgoin, diacre.
Ex 17,
3-7 // Ps 94 // Rm 5, 1-2,5-8 // Jn 4, 5-42
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