A nous Tous 2022

 Cette association est toujours là, toujours active, toujours réactive, depuis plus de 40 ans...

« Solidarité́, accueil, écoute, accompagnement ». Ces mots inscrits sur la plaquette ne sont pas des slogans. Ils sont l’expression d’une réalité́, l’expression authentique d’un souci de tendre la main, de venir en aide à ceux qui traversent une mauvaise passe. Demander de l’aide n’est pas toujours facile.
A ‘A Nous Tous’, la façon daccueillir facilite les premiers contacts : pas de formulaire à remplir, pas de question intrusive mais une écoute attentive, bienveillante qui facilite lexpression.
Cette action est citoyenne dans l’esprit de la République qui s’honore entre autres de fraternité́. Elle est aussi chrétienne pour qui veut vivre ainsi les valeurs de l’Évangile. »
L’équipe actuelle, étoffée de nouveaux membres grâce à la fusion avec Entraide BORDEAUX SUD, suit fidèlement les traces des précurseurs.

Contact : asso.anoutous@gmail.com - 0950 391 717

Être perdu / Luc 15 / Une homélie

Jésus bon pasteur - Sarcophage du 3ème siècle - Eglise Santa Trinità - Florence

A la question de Jésus « lequel d’entre vous, s’il a 100 brebis et qu’il en perd une n’abandonne-t-il pas les 99 autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue ? », la réponse est assez simple : personne.
Personne ne laisse 99 brebis dans le désert pour aller en chercher une.
On est probablement très triste pour elle, mais on trouverait irresponsable de prendre le risque de tout perdre pour une seule brebis.
Car laisser les 99 pour partir à la recherche de l’unique, c’est bien prendre le risque de perdre les 100.

Il faut donc, non seulement que cette brebis compte beaucoup, mais que ce berger lui aussi soit unique.

La femme, elle, ne risque pas de perdre les 9 pièces restantes en cherchant l’unique perdue. Il semble que pour elle, il faille restaurer un tout : tant que la pièce n’est pas trouvée, le groupe des 10 est incomplet… il va donc falloir mettre de l’ordre.
La recherche sera plus ou moins compliquée en fonction de l’état de désordre de la maison.

On a bien du mal à faire le lien entre ces paraboles et la question de la conversion et du pardon… puisqu’il s’agit bien de cela.
Peut-être parce que nous nous trompons sur ce qu’est « être pécheur »
Certainement parce que nous n’avons pas saisi le désir qu’a le Père de nous trouver.

Être pécheur, si c’est semblable à la brebis perdue, à la pièce perdue, au fils perdu, c’est d’abord « être perdu ».
    C’est à dire ne plus savoir où l’on est.
        Ce n’est pas « avoir fait des choses mauvaises ».
La brebis n’a rien fait de mal pour s’être perdue. La Pièce d’argent encore moins. Quand au péché du fils, ce n’est pas qu’il soit parti, ni même qu’il ait vécu dans le désordre, mais c’est bien qu’il refuse d’être fils, qu’il s’autorise à décider s’il doit être appelé fils ou non.
Être pécheur, c’est s’être éloigné… pas forcément par perversion ou par méchanceté… peut-être simplement par distraction, parce qu’on broutait sans lever le nez, ou par accident, parce que quelqu’un nous a fait rouler sous un meuble.

Et demander pardon, ce n’est pas venir se confesser en traînant les pieds, venir parler à un prêtre comme on va à l’échafaud. Ce n’est pas s’auto-flageller.
Le fils assis devant ses cochons n’a aucun désir de conversion. Il n’y a chez lui aucun désir de pardon, simplement il a faim… alors il fabrique un scénario dans lequel il choisit lui-même sa punition… le problème, c’est que ce n’est pas la logique du Père !
Pour entrer dans la fête, il va falloir d’abord qu’il se laisse faire par la folle joie du Père. Il va falloir qu’il se laisse saisir par les bras du père.

Se convertir, se repentir (puisque ce sont les mots du texte), c’est se laisser trouver.
    Je dis bien « trouver ». Pas RE-trouver.
Il ne s’agit pas pour le berger de retrouver sa brebis, ni pour la femme de retrouver sa pièce, ni même pour le père de retrouver son fils… il s’agit pour les trois de trouver… une brebis, une pièce, un fils… de trouver à neuf !
Les trouver comme si on ne les avait jamais vus, comme si c’était la première fois qu’on les voyait, dans la joie d’une nouveauté, dans l’émerveillement d’une création nouvelle !
Se laisser trouver et accepter d’être porté par un autre.
La brebis trouvée, le berger la met sur ses épaules et donc ce n’est plus elle qui marche !
Elle est bien obligée de se laisser mener là où les pas de celui qui la porte la mèneront.
Nous croyons toujours que c’est nous qui sommes à la manœuvre, que tout dépend de nous. Mais si nous sommes la brebis trouvée, il va falloir se laisser aller aux pas de celui qui nous aime.
(...)

Laissons-nous trouver, laissons-nous porter, laissons-nous dépoussiérer, laissons-nous recréer à neuf.
Convertissons-nous et croyons à la bonne nouvelle !
Amen !
Sylvain, diacre

La porte du Salut, la porte du Service / Luc 13 22-30 / Une homélie


« Efforcez vous d’entrer par la porte étroite »
Pour percer un tant soit peu le mystère de cette parabole j’ai trouvé les clés dans le texte d’Isaïe au début de la liturgie de la Parole.

« Je viens vous rassembler de toutes les nations, de toute langue. Elles viendront et verront ma gloire, Je mettrai chez elle un signe »
C’est l’annonce de la dimension universelle du projet de salut de Dieu. 
Nous avons sans doute une difficulté avec le terme « gloire ». Il ne s’agit pas d’un pouvoir quelconque, mais du rayonnement de la présence et de la miséricorde de Dieu pour toute l’humanité. C'est tout simplement le contenu de ce que nous appelons avec nos frères juifs, l'Alliance. Un autre prophète, Ezekiel l’exprime en ces termes.

 « Je mettrai en vous un coeur nouveau, je mettrai en vous un Esprit nouveau.Vous serez mon peuple, je serai votre Dieu. »

Cette notion d’universalité peut nous sembler très éloignée de ce que nous vivons quotidiennement , et détonne apparemment avec certaines paroles de Jésus dans le récit de Luc.
La question posée à Jésus, par un anonyme, est précisément celle du Salut. C'est une question légitime qui sans doute nous taraude aussi. Mais Jésus ne peut répondre de façon comptable « beaucoup ou peu » « Tous ou pas tous » Et voilà une bien étrange parabole où il est question d’une porte étroite et d’efforts à fournir , même de combat à mener, pour passer par cette porte-là , il n’y en a pas d’autre.
Jésus dit de lui même dans l’Evangile de Jean
« Je suis la porte des brebis si quelqu’un entre par moi il sera sauvé » - « Personne ne va au Père, sans passer par moi »
Il est bien le signe mis au milieu de nous.
Et nous avons bien compris qu il s’agit de la porte du Royaume. La position de Jésus est unique. Il est des deux côtés de la porte. Au cours de sa passion il a franchit la porte étroite de la haine, du mépris et de la violence des hommes. Par sa résurrection il est entré dans la gloire qu’il partage avec le Père. Mais il nous a laissé sa Parole et son Esprit. A présent il nous invite à franchir à sa suite la « porte étroite ». Mais quel sens donner au fait que la porte soit étroite. ?

On ne passe pas par hasard par une porte étroite, comme si cela allait de soi. Il faut la chercher, la trouver et finalement oser la passer. Une porte étroite est donc difficile à franchir pour une personne obèse ou encombré de sacs et de valises. !!
Je ne pense pas que Jésus stigmatise l’obésité de nos corps ou l’encombrement de nos vies. Même si le sur-encombrement matériel peut être un obstacle.
Ceux qui interrogent Jésus sont des membre du peuple choisi, le peule élu, des hébreux qui pensent avoir plus que d’autre des droits au Salut. Jésus stigmatise leur certitude et du même coup interroge les nôtres.

A Bethléem on entre dans la basilique de nativité par une petite porte qu’on appelle aussi « la porte de l’humilité ». Nous devons nous garder de l’orgueil de la foi ; ce n’est pas parce que j’ai été baptisé, fait ma première communion et même ma confirmation ni parce que je suis fidèle à la messe, la liturgie etc que je suis sauvé.
Si nous sommes obèses de nos certitudes religieuses et spirituelles, encombrés de toute sorte d’idées toutes faites, de préjugés concernant le Salut et la miséricorde, les dogmes, les rites il nous sera difficile de trouver la porte étroite Et si sur la question du salut nous avons l’impression d’être sur une autoroute, ou un tapis roulant où tout va tout seul, où tout est facile, Alerte ! Nous ne serions pas sans doute sur le chemin de la bonne porte.

Nous devons donc nous délester , nous désencombrer de nous même, nous laisser purifier de tout ce qui encombre notre chemin vers le Seigneur. C’est un travail qui dure toute la vie. Cela doit être le soucis de chaque baptisé mais aussi de toute l’Église.

Il y a un deuxième extrait d’Isaïe qui m’interroge.

« J’enverrai des rescapés vers les nations les plus éloignées. Ces rescapés annonceront ma gloire parmi les nations »

Ces rescapés ,c est le « petit nombre » qui au milieu des tribulations du monde païen est resté fidèle au Dieu unique et à son message de Salut .
Ne serions-nous pas les rescapés du 21e siècle. Le petit reste encore visible, mais de moins en moins audible dans notre société post-moderne. Et cela se vérifie jusque dans notre entourage ou nos familles. Notre vocation est de continuer à témoigner de la gloire de Dieu, d’annoncer sa miséricorde. et de faire connaître, malgré tout, la bonne nouvelle qui nous fait vivre.Nous le savons c’est difficile. Ce n’est pas une raison de renoncer et de nous replier. Il nous faut nous encourager mutuellement. N’est-elle pas là notre porte étroite du moment comme La porte du service ?

Pour nourrir notre route, je vous livre en conclusion de quelle manière s'exprime une congrégation religieuse que je connais bien et qui se veut attentive aux réalités de nos contemporains et en même temps être au service de notre vocation de baptisés.

« Il n’y a pas de frontières à l’amour.
Nous voulons être proches de ceux qui vivent des situations de passage ou d’épreuves
Nous voulons accompagner au nom de Jésus Christ ceux qui sont dans des moments de rupture, d’exclusion, de doute de désespoir.
Nous voulons témoigner, dans la foi, de la présence agissante de Dieu au cœur du monde et ainsi être au service de l’espérance »*

Robert Zimmermann, diacre
*Extrait des constitutions de la congrégation des sœurs Auxiliatrices des âmes du purgatoire.

Bienheureuse division ! / Luc 12 49-53 /Une homélie


Pensez-vous que Jésus se soit donné comme mission de venir semer la discorde dans les familles ?
Peut-on croire qu’il se réjouisse de nos brouilles familiales ?
Aurait-il comme projet d’alimenter nos conflits ?

Bien sûr que non, le texte ne parle pas de ça, Jésus n’aspire qu’à une chose : que nous soyons UN comme lui est UN avec son Père.
        Il aspire à notre Unité.

Alors que faire de cette histoire de division ?
Comment l’entendre ?

Ce que Jésus décrit dans cet Evangile, c’est un effet de la présence de la Parole, du Verbe de Dieu, en nous…

Le Christ, c’est le Verbe dans la chair, le Verbe incarné.
C’est la Parole de Dieu faite chair.
Quand on regarde Jésus agir, quand on entend ce qu’il dit, on voit et on entend l’action de la Parole de Dieu.
Or la Parole de Dieu, on l’apprend dans les premières lignes de la genèse, c’est une parole créatrice.
Elle parle et ça fait : elle dit « que la lumière soit » « et la lumière est ».
Et c’est une Parole qui crée en séparant : elle sépare les eaux, la lumière des ténèbres, la nuit et le jour, et même l’homme et la femme.

La Parole de Dieu crée par « division ».
Elle fait exister les choses en les distinguant du tout-mélangé, du tohu-bohu, du chaos. C’est une division qui fait exister, qui fait émerger.

Jésus ne vient pas déchirer les familles, il vient diviser.
Et diviser, ce n’est pas désunir.
Diviser, c’est poser des limites, distinguer entre une chose et une autre.

En y regardant de plus prés, il ne vient pas diviser n’importe qui n’importe comment. Il pointe trois couples, trois binômes et c’est tout !
C’est ceux-là qui sont concernés et seulement ceux-là !
    Interdiction d’en inventer dont l’évangile ne parle pas !

        Père/Fils
        Mère/Fille
        Belle-mère/Belle-fille

Je vous propose une hypothèse :

La Parole, le Verbe de Dieu, la Parole créatrice de Dieu, quand elle vient dans la chair (comme elle le fait avec la venue de Jésus), fait son travail de Parole.
Elle le fait désormais dans nos chairs.
Ce que Jésus décrit n’est pas une menace, c’est l’effet obligé de la venue de la Parole en nous
(...)
Du mot « division » vient le mot « individu ».
Je ne serais un « individu » que si je consens au travail de la « division »
Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons être réellement unis.
Que nous pourrons être réellement « en paix »

Jésus ne vient pas allumer des guerres, il vient mettre de l’ordre dans le chaos, dans la confusion, dans nos confusions.
Il vient nous passer par le feu… un feu bienfaisant qui fait du tri… qui consume tous nos liens tordus, toutes nos confusions, tout ce qui n’est pas ajusté à notre joie, à notre liberté et à la vérité…

Bienheureuse division qui n’a rien à voir avec nos divisions à nous, nos chicanes, nos disputes, nos ruptures… celles-là ne créent rien que malheur et tristesse.

Réjouissons-nous car la Parole est descendue dans nos chairs,
« Elle est vivante [la Parole de Dieu], énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants » (He 4-12)

╬ Amen
Sylvain diacre

Sois sans crainte petit troupeau / Lc 12 32-48 / Une homélie

"Sois sans crainte petit troupeau", Jésus s'adresse à ses disciples. Ainsi Jésus s'adresse-t' il à nous ce dimanche. Nous, ses disciples du vingt et unième siècle. Nous qui sommes baptisés et qui portons le nom de chrétiens.
Ce soir, Jésus s'adresse à nous avec bienveillance. Je dirai même avec amour. Il nous voit comme son petit troupeau. Nous, qui ce soir, célébrons sa parole sans prêtre. J'imagine qu'il est dans le même état d'esprit que dans l'Evangile de Luc au chapitre 6 juste avant qu'il nourrisse 5000 hommes : "Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu'ils étaient comme des brebis sans berger".
Petit troupeau ! Combien sommes-nous rassemblés ce soir pour partager sa parole ? Nous sommes peu ! Mais à quoi bon se compter ? Quand Jésus s'adressait à ses disciples, il y a 2000 ans, les comptait-il ? De fait, ils étaient moins nombreux que nous en 2022. Et pourtant, je les imagine boostés par les mots de Jésus. Sans conteste, le petit troupeau a grandi. Mais nous sommes toujours un petit troupeau. Nous devons rester un petit troupeau. Car l'histoire nous apprend que quand l'Eglise se voit dominante, elle impose l'Evangile plutôt que de le proposer. Elle se prétend précéder le Christ plutôt que le suivre. Alors soyons heureux d'être ce petit troupeau aimé de son berger.
Ce samedi, nous sommes invités à être attentifs à la présence du Seigneur dans la Parole. Nous, le petit troupeau, nous recevons son royaume en partageant son Evangile. Ce royaume est comparable à une bourse contre laquelle le voleur ne peut rien. Le voleur ne peut pas pénétrer dans ce royaume. Il n'y est pas le bienvenu et il ne peut pas le corrompre.
La figure du voleur apparait deux fois dans l'Evangile de ce dimanche.
La première fois pour apprendre que ce voleur ne peut pas approcher le trésor que garde le petit troupeau si celui-ci suit son Evangile.
La seconde fois, le petit troupeau baisse sa garde et le voleur perce les défenses de la maison.
Sommes-nous bien conscients que Jésus le Christ nous confie le royaume ? Il nous le confie ce soir et il croit dans notre cœur. Lire la Parole de Dieu est une nourriture qui renforce nos défenses naturelles. Partager la Bonne Nouvelle de Jésus n'est pas l'apéritif du repas de l'Eucharistie. C'est véritablement un plat de résistance. C'est à part égale aussi consistant que le pain et le vin. Corps et sang du Christ. Ce repas de lecture nous protège efficacement contre le voleur. La lecture nous tient en veille.
Veiller, c'est ce dont il s'agit dans la seconde apparition du voleur. Nous, le petit troupeau de serviteurs, devons veiller et préparer un repas. Il faut préparer un repas que le maitre nous servira lui-même, curieux !
Autre passage curieux, le maître frappe à la porte de sa propre maison. Frappez-vous à la porte de votre maison avant d'y pénétrer ? Jamais, Jésus ne force la main. Jamais, il n'impose sa présence. Mieux encore, il se signale discrètement quand il passe. Parfois nous percevons son passage. Parfois nous l'ignorons. Parfois nous veillons. Parfois nous nous assoupissons.
Quand nous veillons, nous accueillons sa venue en nous. Elle nous réjouit comme lors d'un banquet. C'est comme une béatitude qui nous est adressée. "Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller". Heureux sommes-nous, le petit troupeau, quand nous nous tenons prêts, le Seigneur lui-même, à son passage, nous servira et nous comblera de sa présence.
Quand nous nous assoupissons, deux événements peuvent se produire. Un, le Seigneur passe et nous ratons la rencontre. Deux, le voleur perce nos défenses et atteint notre cœur. Le premier événement entraine l'autre. Car quand nous ne veillons pas et quand le Seigneur frappe et que cela ne nous réveille pas, nous perdons l'occasion de nourrir nos défenses. Alors le voleur en profite pour percer notre mur, toucher notre cœur et voler le trésor.
"Seigneur, est-ce pour nous que tu dis cette parabole, ou bien pour tous ?"
Pierre pose la bonne question. Pierre est celui sur qui le Seigneur bâtit son Eglise. Pierre cherche en quelque sorte à définir son périmètre de responsabilité.
Là encore, il est bon de rappeler que Jésus s'adresse à son petit troupeau. C'est-à-dire à tous les baptisés. Chacun de nous qui avons été plongés dans la mort et la résurrection du Christ portons la responsabilité de nourrir et d'accueillir tous ceux qui se présentent pour être du petit troupeau.
Père, nous te rendons grâce de nous donner ton Fils pour conduire son petit troupeau !
          Christ, nous te louons pour ta présence au milieu du petit troupeau !
          Esprit Saint, renforce sans cesse nos défenses pour tenir éloigné le voleur !
Amen !
Dominique Bourgoin, diacre.

Demandez ! / Luc 11 1-13 / Une homélie

 

Savons-nous prier ?
C’est au fond la question que peuvent nous poser tous les textes d’aujourd’hui.

Autant le dire tout de suite : sur ce terrain, chacun fait comme il peut.
(...)
Un seul sait prier comme il faut : c’est le Christ
Alors quand il nous enseigne à prier, il faut tendre l’oreille.

(...)
 Que nous apprend Jésus ?
D’abord et avant tout, que prier, c’est demander.
Le Notre-Père, c’est une école de la demande.
Savons-nous demander ? Avons-nous encore des choses à demander au Seigneur ? Ou est-ce qu’on ne se tourne vers lui que pour se parler à nous-même ?
Est-on capables de demander sur le modèle du gros boulet mal-élevé qui débarque au milieu de la nuit ?
(...)
Il nous faut sans cesse réapprendre à prier.
- Comme Abraham, comme cet ami nocturne, prier non pas pour soi, mais pour les autres.
- Cesser de raconter sa vie, de faire des phrases, de tourner sur son nombril, mais demander… et insister, et répéter, et ne pas avoir peur d’être sans-gêne… parce qu’un enfant ne se gêne pas pour demander à manger à son père.

Voilà peut-être le nœud de l’histoire : quand nous prions, savons-nous être des fils ?
Les fils de ce Père-qui-est-aux-cieux, les fils qui osent dire leur faim, qui s’abandonnent dans la confiance… des fils mal polis…. Des fils qui préfèrent demander avec leurs mots maladroits et grossiers, avec leur colère et leur impatience, plutôt que des fils qui vont puiser au robinet d’eau tiède d’internet des prières toutes faites en bon langage catho.

Seigneur, apprend-nous à prier comme des fils.
Comme des fils inquiets de leurs amis, inquiets des autres, inquiets de ce qui leur manque.
Pardonne-nous toutes ces prières tièdes et tristes et sans demandes, ces prières qui sont des phrases, ces prières qui n’ont pas d’objets et dont tu ne peux rien faire.
Nous qui sommes si rapides à te soupçonner de ne jamais répondre à nos prières, interrogeons-nous sur l’état de nos prières.
(...)
Seigneur apprends-nous à prier,
fais de nous des fils affamés, des fils mal-élevés.

Amen
Sylvain diacre

Va, et toi aussi, fais de même / Lc 10 25-37/ Une homélie



 Dieu existe, je l’ai rencontré. Si, comme le dit Paul, Jésus est l’image de Dieu, du Dieu invisible, si je suis baptisé et frère du Christ, si tout homme est créé à l’image de Dieu, alors j’ai vu Dieu. Et je le vois d’où je suis chaque fois que je plonge mes yeux dans vos yeux. L’évangile de ce dimanche nous éclaire sur le sujet.

« Par hasard, un prêtre descendait par ce chemin ; il le vit et passa de l’autre côté. » Comment se fait-il que le prêtre n’ait pas vu l’image de Dieu dans les yeux de l’homme blessé ?

« Mais un Samaritain, qui était en route, arriva près de lui ; il le vit et fut saisi de compassion. » Le Samaritain a, de tout évidence, vu autrement que le prêtre et le lévite. L’un voit un homme blessé qui a besoin de secours et les deux premiers ne le voit pas comme cela.

Mais le début de l’histoire commence par la question du docteur de la loi : « Et qui est mon prochain ? » Jésus renvoie la question : qui a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits. La réponse évidente : « Celui qui a fait preuve de pitié envers lui. »

La réponse est juste, le prochain de l’homme blessé c’est celui qui prend soin de lui. Et pourquoi prend-il soin de lui ? Il est le prochain de l’homme blessé parce que quand il l’a rencontré, quand il a croisé son regard, il fut saisi de compassion.

A ce moment de mon propos, je nous invite à nous mettre dans la peau des hommes du moyen-âge au treizième siècle. Je voudrais évoquer la reproduction du vitrail de la cathédrale de Bourges qui est dans la salle saint Jean. La reproduction est une commande pour une manifestation du catéchisme, il y a plus de vingt ans. Et je tiens à souligner que l’artiste qui a réalisé ce vitrail a parfaitement respecté le cahier des charges.

Le vitrail raconte l’histoire du bon samaritain. Le premier médaillon en partant du haut représente l’homme qui quitte Jérusalem chargé de bagages. Le deuxième médaillon rapporte l’agression de l’homme par les bandits. Le troisième rapporte le moment où l’homme se fait dépouiller. Le quatrième relate le passage du prêtre et du lévite. Le dernier médaillon raconte l’arrivée du bon samaritain et de l’homme blessé à l’auberge. C’est sur ce dernier médaillon que je veux m’arrêter. J’invite ceux qui n’ont jamais vu le vitrail à aller le voir à la sortie de la messe. Sur ce dernier médaillon, il y a trois personnages, l’homme blessé sur la monture, le bon samaritain qui tient les rennes du cheval et l’aubergiste. Le détail remarquable de cette scène c’est que les artistes ont donné le même visage aux personnages de l’homme blessé et du bon samaritain. Ils ont donné le visage de Jésus flagellé et crucifié respectivement dans les médaillons situés à gauche et à droite de la scène de l’auberge.

C’est cette curiosité qui m’a permis de commencer par l’affirmation audacieuse empruntée à Raymond Devos : Dieu existe, je l’ai rencontré.

Dieu, nous le rencontrons, dans ceux qui souffrent mais aussi dans ceux qui soignent. Ils sont respectivement à l’image du Christ supplicié et à celle de Jésus qui guérit par ses miracles.

L’histoire du bon samaritain telle qu’elle est racontée par Jésus renverse notre premier élan.

Jésus ne demande pas au docteur de la loi qui est le prochain du bon samaritain, ce qui pourrait paraître logique. Il demande au docteur de la loi qui a été proche de l’homme blessé.

Il invite le docteur de la loi à reconsidérer sa suffisance alors qu’il voulait mettre Jésus à l’épreuve. Toi qui te considères si savant, toi qui te places si haut dans la société, demande-toi qui est ce prochain qui vient te guérir.

Ainsi, Jésus ne nous invite pas à nous mettre dans la peau de celui qui se dévoue mais bien dans celle de la victime. Il nous conduit à réfléchir sur qui est celui qui m’aide. Il nous pose dans l’état de celui qui est démuni, de celui qui est dans le besoin.

Jésus nous invite à nous penser comme un pauvre, un homme accablé. Il raye en nous l’image de riche plein de condescendance qui parfois nous habite.

« Va, et toi aussi, fais de même. » l’adresse, que nous fait Jésus ce dimanche, nous touche alors particulièrement. Il demande à chacun de nous : « Laisse-toi guérir, laisse-toi soigner par le Christ, il connaît tes blessures, c’est pour toi qu’il a souffert et est mort sur la croix. »


La loi du Seigneur est parfaite,
qui redonne vie ;
la charte du Seigneur est sûre,
qui rend sages les simples.

Amen !

 Dominique Bourgoin, diacre.