Sois sans crainte petit troupeau / Lc 12 32-48 / Une homélie

"Sois sans crainte petit troupeau", Jésus s'adresse à ses disciples. Ainsi Jésus s'adresse-t' il à nous ce dimanche. Nous, ses disciples du vingt et unième siècle. Nous qui sommes baptisés et qui portons le nom de chrétiens.
Ce soir, Jésus s'adresse à nous avec bienveillance. Je dirai même avec amour. Il nous voit comme son petit troupeau. Nous, qui ce soir, célébrons sa parole sans prêtre. J'imagine qu'il est dans le même état d'esprit que dans l'Evangile de Luc au chapitre 6 juste avant qu'il nourrisse 5000 hommes : "Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu'ils étaient comme des brebis sans berger".
Petit troupeau ! Combien sommes-nous rassemblés ce soir pour partager sa parole ? Nous sommes peu ! Mais à quoi bon se compter ? Quand Jésus s'adressait à ses disciples, il y a 2000 ans, les comptait-il ? De fait, ils étaient moins nombreux que nous en 2022. Et pourtant, je les imagine boostés par les mots de Jésus. Sans conteste, le petit troupeau a grandi. Mais nous sommes toujours un petit troupeau. Nous devons rester un petit troupeau. Car l'histoire nous apprend que quand l'Eglise se voit dominante, elle impose l'Evangile plutôt que de le proposer. Elle se prétend précéder le Christ plutôt que le suivre. Alors soyons heureux d'être ce petit troupeau aimé de son berger.
Ce samedi, nous sommes invités à être attentifs à la présence du Seigneur dans la Parole. Nous, le petit troupeau, nous recevons son royaume en partageant son Evangile. Ce royaume est comparable à une bourse contre laquelle le voleur ne peut rien. Le voleur ne peut pas pénétrer dans ce royaume. Il n'y est pas le bienvenu et il ne peut pas le corrompre.
La figure du voleur apparait deux fois dans l'Evangile de ce dimanche.
La première fois pour apprendre que ce voleur ne peut pas approcher le trésor que garde le petit troupeau si celui-ci suit son Evangile.
La seconde fois, le petit troupeau baisse sa garde et le voleur perce les défenses de la maison.
Sommes-nous bien conscients que Jésus le Christ nous confie le royaume ? Il nous le confie ce soir et il croit dans notre cœur. Lire la Parole de Dieu est une nourriture qui renforce nos défenses naturelles. Partager la Bonne Nouvelle de Jésus n'est pas l'apéritif du repas de l'Eucharistie. C'est véritablement un plat de résistance. C'est à part égale aussi consistant que le pain et le vin. Corps et sang du Christ. Ce repas de lecture nous protège efficacement contre le voleur. La lecture nous tient en veille.
Veiller, c'est ce dont il s'agit dans la seconde apparition du voleur. Nous, le petit troupeau de serviteurs, devons veiller et préparer un repas. Il faut préparer un repas que le maitre nous servira lui-même, curieux !
Autre passage curieux, le maître frappe à la porte de sa propre maison. Frappez-vous à la porte de votre maison avant d'y pénétrer ? Jamais, Jésus ne force la main. Jamais, il n'impose sa présence. Mieux encore, il se signale discrètement quand il passe. Parfois nous percevons son passage. Parfois nous l'ignorons. Parfois nous veillons. Parfois nous nous assoupissons.
Quand nous veillons, nous accueillons sa venue en nous. Elle nous réjouit comme lors d'un banquet. C'est comme une béatitude qui nous est adressée. "Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller". Heureux sommes-nous, le petit troupeau, quand nous nous tenons prêts, le Seigneur lui-même, à son passage, nous servira et nous comblera de sa présence.
Quand nous nous assoupissons, deux événements peuvent se produire. Un, le Seigneur passe et nous ratons la rencontre. Deux, le voleur perce nos défenses et atteint notre cœur. Le premier événement entraine l'autre. Car quand nous ne veillons pas et quand le Seigneur frappe et que cela ne nous réveille pas, nous perdons l'occasion de nourrir nos défenses. Alors le voleur en profite pour percer notre mur, toucher notre cœur et voler le trésor.
"Seigneur, est-ce pour nous que tu dis cette parabole, ou bien pour tous ?"
Pierre pose la bonne question. Pierre est celui sur qui le Seigneur bâtit son Eglise. Pierre cherche en quelque sorte à définir son périmètre de responsabilité.
Là encore, il est bon de rappeler que Jésus s'adresse à son petit troupeau. C'est-à-dire à tous les baptisés. Chacun de nous qui avons été plongés dans la mort et la résurrection du Christ portons la responsabilité de nourrir et d'accueillir tous ceux qui se présentent pour être du petit troupeau.
Père, nous te rendons grâce de nous donner ton Fils pour conduire son petit troupeau !
          Christ, nous te louons pour ta présence au milieu du petit troupeau !
          Esprit Saint, renforce sans cesse nos défenses pour tenir éloigné le voleur !
Amen !
Dominique Bourgoin, diacre.

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