Jésus bon pasteur - Sarcophage du 3ème siècle - Eglise Santa Trinità - Florence |
A la
question de Jésus « lequel d’entre vous, s’il a 100
brebis et qu’il en perd une n’abandonne-t-il pas les 99
autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue ? »,
la réponse est assez simple : personne.
Personne
ne laisse 99 brebis dans le désert pour aller en chercher une.
On est
probablement très triste pour elle, mais on trouverait irresponsable
de prendre le risque de tout perdre pour une seule brebis.
Car
laisser les 99 pour partir à la recherche de l’unique, c’est
bien prendre le risque de perdre les 100.
Il faut
donc, non seulement que cette brebis compte beaucoup, mais que ce
berger lui aussi soit unique.
La femme,
elle, ne risque pas de perdre les 9 pièces restantes en cherchant
l’unique perdue. Il semble que pour elle, il faille restaurer un
tout : tant que la pièce n’est pas trouvée, le groupe des 10
est incomplet… il va donc falloir mettre de l’ordre.
La
recherche sera plus ou moins compliquée en fonction de l’état de
désordre de la maison.
On a bien
du mal à faire le lien entre ces paraboles et la question de la
conversion et du pardon… puisqu’il s’agit bien de cela.
Peut-être
parce que nous nous trompons sur ce qu’est « être pécheur »
Certainement
parce que nous n’avons pas saisi le désir qu’a le Père de nous
trouver.
Être
pécheur, si c’est semblable à la brebis perdue, à la pièce
perdue, au fils perdu, c’est d’abord « être perdu ».
C’est
à dire ne plus savoir où l’on est.
Ce
n’est pas « avoir fait des choses mauvaises ».
La brebis
n’a rien fait de mal pour s’être perdue. La Pièce d’argent
encore moins. Quand au péché du fils, ce n’est pas qu’il soit
parti, ni même qu’il ait vécu dans le désordre, mais c’est
bien qu’il refuse d’être fils, qu’il s’autorise à décider
s’il doit être appelé fils ou non.
Être
pécheur, c’est s’être éloigné… pas forcément par
perversion ou par méchanceté… peut-être simplement par
distraction, parce qu’on broutait sans lever le nez, ou par
accident, parce que quelqu’un nous a fait rouler sous un meuble.
Et
demander pardon, ce n’est pas venir se confesser en traînant les
pieds, venir parler à un prêtre comme on va à l’échafaud. Ce
n’est pas s’auto-flageller.
Le fils
assis devant ses cochons n’a aucun désir de conversion. Il n’y a
chez lui aucun désir de pardon, simplement il a faim… alors il
fabrique un scénario dans lequel il choisit lui-même sa punition…
le problème, c’est que ce n’est pas la logique du Père !
Pour
entrer dans la fête, il va falloir d’abord qu’il se laisse faire
par la folle joie du Père. Il va falloir qu’il se laisse saisir
par les bras du père.
Se
convertir, se repentir (puisque ce sont les mots du texte), c’est
se laisser trouver.
Je dis
bien « trouver ». Pas RE-trouver.
Il ne
s’agit pas pour le berger de retrouver sa brebis, ni pour la femme
de retrouver sa pièce, ni même pour le père de retrouver son fils…
il s’agit pour les trois de trouver… une brebis, une
pièce, un fils… de trouver à neuf !
Les
trouver comme si on ne les avait jamais vus, comme si c’était la
première fois qu’on les voyait, dans la joie d’une nouveauté,
dans l’émerveillement d’une création nouvelle !
Se laisser
trouver et accepter d’être porté par un autre.
La brebis
trouvée, le berger la met sur ses épaules et donc ce n’est plus
elle qui marche !
Elle est
bien obligée de se laisser mener là où les pas de celui qui la
porte la mèneront.
Nous
croyons toujours que c’est nous qui sommes à la manœuvre, que
tout dépend de nous. Mais si nous sommes la brebis trouvée, il va
falloir se laisser aller aux pas de celui qui nous aime.
(...)
Laissons-nous
trouver, laissons-nous porter, laissons-nous dépoussiérer,
laissons-nous recréer à neuf.
Convertissons-nous
et croyons à la bonne nouvelle !
╬ Amen !
Sylvain,
diacre
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