Être perdu / Luc 15 / Une homélie

Jésus bon pasteur - Sarcophage du 3ème siècle - Eglise Santa Trinità - Florence

A la question de Jésus « lequel d’entre vous, s’il a 100 brebis et qu’il en perd une n’abandonne-t-il pas les 99 autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue ? », la réponse est assez simple : personne.
Personne ne laisse 99 brebis dans le désert pour aller en chercher une.
On est probablement très triste pour elle, mais on trouverait irresponsable de prendre le risque de tout perdre pour une seule brebis.
Car laisser les 99 pour partir à la recherche de l’unique, c’est bien prendre le risque de perdre les 100.

Il faut donc, non seulement que cette brebis compte beaucoup, mais que ce berger lui aussi soit unique.

La femme, elle, ne risque pas de perdre les 9 pièces restantes en cherchant l’unique perdue. Il semble que pour elle, il faille restaurer un tout : tant que la pièce n’est pas trouvée, le groupe des 10 est incomplet… il va donc falloir mettre de l’ordre.
La recherche sera plus ou moins compliquée en fonction de l’état de désordre de la maison.

On a bien du mal à faire le lien entre ces paraboles et la question de la conversion et du pardon… puisqu’il s’agit bien de cela.
Peut-être parce que nous nous trompons sur ce qu’est « être pécheur »
Certainement parce que nous n’avons pas saisi le désir qu’a le Père de nous trouver.

Être pécheur, si c’est semblable à la brebis perdue, à la pièce perdue, au fils perdu, c’est d’abord « être perdu ».
    C’est à dire ne plus savoir où l’on est.
        Ce n’est pas « avoir fait des choses mauvaises ».
La brebis n’a rien fait de mal pour s’être perdue. La Pièce d’argent encore moins. Quand au péché du fils, ce n’est pas qu’il soit parti, ni même qu’il ait vécu dans le désordre, mais c’est bien qu’il refuse d’être fils, qu’il s’autorise à décider s’il doit être appelé fils ou non.
Être pécheur, c’est s’être éloigné… pas forcément par perversion ou par méchanceté… peut-être simplement par distraction, parce qu’on broutait sans lever le nez, ou par accident, parce que quelqu’un nous a fait rouler sous un meuble.

Et demander pardon, ce n’est pas venir se confesser en traînant les pieds, venir parler à un prêtre comme on va à l’échafaud. Ce n’est pas s’auto-flageller.
Le fils assis devant ses cochons n’a aucun désir de conversion. Il n’y a chez lui aucun désir de pardon, simplement il a faim… alors il fabrique un scénario dans lequel il choisit lui-même sa punition… le problème, c’est que ce n’est pas la logique du Père !
Pour entrer dans la fête, il va falloir d’abord qu’il se laisse faire par la folle joie du Père. Il va falloir qu’il se laisse saisir par les bras du père.

Se convertir, se repentir (puisque ce sont les mots du texte), c’est se laisser trouver.
    Je dis bien « trouver ». Pas RE-trouver.
Il ne s’agit pas pour le berger de retrouver sa brebis, ni pour la femme de retrouver sa pièce, ni même pour le père de retrouver son fils… il s’agit pour les trois de trouver… une brebis, une pièce, un fils… de trouver à neuf !
Les trouver comme si on ne les avait jamais vus, comme si c’était la première fois qu’on les voyait, dans la joie d’une nouveauté, dans l’émerveillement d’une création nouvelle !
Se laisser trouver et accepter d’être porté par un autre.
La brebis trouvée, le berger la met sur ses épaules et donc ce n’est plus elle qui marche !
Elle est bien obligée de se laisser mener là où les pas de celui qui la porte la mèneront.
Nous croyons toujours que c’est nous qui sommes à la manœuvre, que tout dépend de nous. Mais si nous sommes la brebis trouvée, il va falloir se laisser aller aux pas de celui qui nous aime.
(...)

Laissons-nous trouver, laissons-nous porter, laissons-nous dépoussiérer, laissons-nous recréer à neuf.
Convertissons-nous et croyons à la bonne nouvelle !
Amen !
Sylvain, diacre

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